Viande!
Il y a d'immenses entrepôts pleins l'hallucinations : des coupes minimales dans les forêts obscures fournissent des images et l’on ne voit plus que ça. IL faut bien engranger, stocker… On n’est pas là pour rire, encore moins pour rêver.
Le délire fait partie des produits de l’industrie des hommes. Les rêves sont de même eau ! Ils sont toujours ordinaires, planplan même s’ils s’agitent. Organisés selon les lois sempiternelles et répétitives de l’imagination, cette femme du monde aux transgressions prudentes même si l’on en crève. C’est du labeur d’usine.
Si le délire rougit, même de confusion, tapez lui sur la gueule à grands coups de marteau ! C’est ainsi que le fer devient hache ou couteau. Ou marteau pour cogner sur :le délire même qui l’a créé un jour en tabassant d’autor.
Il peut aussi finir en fourchette. Ou en poème à frire à la poêle frémissante d’une huile de qualité mais qui fume parfois.
Souvent, même, le délire se conduit comme il faut, avec de la politesse, du maintien, de la dignité. Ou alors vulgairement, comme une bourgeoise qui se lâche en criant des horreurs. Quand elle en fait trop, c’est fini, plus de réputation et plus de privilèges.
Délires et rêves obéissent à des grammaires sans pitié : c’est toujours répétitif, à la con, ordinaire avec du poil ou de l’or en coulisse avec du beurre dedans.
L’imagination ressemble à un gros boeuf : seul le méthodique cuisinier, appliqué, besogneux saura en tirer quelque chose d’exquis. Il y faut la rigueur du chirurgien, la distance le silence de la passion pour que l’imaginaire devienne art ou boustifaille. De l’humour, après tout, technicien rigoureux…
N’imaginez jamais. Délirez encore moins : il existe des savoirs purs, de hautes glaces et des rigueurs altières. Des formes dangereuses. L’art met au monde, l’art met en forme ! Le poète ou le peintre se doivent d’être rôtisseurs puisque tout art est viande