Tout art est viande (2): Promenade tranquille, au bord de la rivière, après un bon repas.
Quand on mange brutal, on le ressent, le dieu ! Celui qui pousse, celui qui mousse, celui qui frousse, celui qui trousse au fond de soi ! Celui qui viande et fais la peau ! Arsouille épithéliale, qui horripile : Ego !
Après le déjeuner, repu de mets solides, je fais très bonne chère, épanouie et souriante, j’aime à me promener non loin de la rivière ! Je croise les demoiselles, libertés vibratiles ! Et libelles vibrants aux pages créées par l’air agité par leurs ailes. Farouchement je vis par le ventre et l’esprit !
Le dieu se mêle au sang crémeux des viandes crues, celles qu’on dévore à dents pointues, celles dont on est fait, soi-même, en vrai !
L’eau ! Ce qui reflète n’inverse pas ! Sur la surface calme de la rivière lente comme en miroir ! Car l’oeil gauche reste à gauche et itou pour le droit !
Crue ? Pas toujours ! Ah ! manger de la bête cuite en un vaste incendie ! Grillade au tonnerre dru ! Carpaccio foudroyé ! Ego : je suis ma viande et celle que je réclame !
Le galop des cousins demeure stable. Les libellules, constantes brouillent le peuple des images. Je suis là !
On le ressent, le dieu, le vrai, l’incontestable ! Le stomacal, l’intestinal, le pas de bile, sinon noiraude !
Parmi les ajoncs stricts, j’avance avec mon dieu ! Le gras de mon repas me maroufle la panse. Ca sature le foie, ça remonte jusqu’aux yeux : je vos les demoiselles, libelles à qui mieux-mieux !
Il est en soi, le dieu, le grand feu dévorant ! L’âme du entre repu ! LA tendresse féroce ! Il est soi-même, le dieu qui nous mâche en-dedans !
Ventre lourd et grouillant comme le fond et la vase, là où la vie se crée, je serai le marais ! Pour me gifler l’histoire à coups de nymphéas !
Sang fécond qui irrigue ! Je suis moi-même ce dieu qu charnu piédestal, socle e la statue, matérielle, idéale ! Charnellement rigolard, je suis mélancolie qui rigole, stomacale, autre part et là-bas !