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orlando de rudder
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30 mars 2007

Métis.

Les draps anciens sont rêches et rauques. Lin, coton : tissu nommé métis. Nous sommes revenus, dans la vieille maison.  Pour bâtir à nouveau cette construction  neuve : nous-mêmes. Nous deux. Comme aux jours de jadis quand tout a commencé. On retrouve la fraîcheur des anciennes écumes, les vagues des  nuits passées.  Les nuits aussi faciles que l’amour débutant.

On va même, retrouver les querelles encore plus vaches dès qu’on se réconcilie sur l’oreiller : Monte là-dessus, qui sera la  chanson ? Que sera le rivage ? Et le brick attendu ? Voiles de draps, là-bas, toujours là-bas : Le lieu ramassé, moelleux d’un peu d’amour possible. Ici ? Va, on est là. Comme avant. Dans cette chambre de la vieille maison.

Avant, nous retenions nos souffles, les vieux vivaient encore. Même pas sourds ! Au menu, ce carrefour : notre lit aux draps de métis à l’ancienne. Aujourd’hui, il y a belle lurette que les anciens ont déserté cette habitation. Ils ont plié bagage. Pour partir les mains vides. Avec la mort accueillante aux âges qui chiffrent gros.

Nous sommes revenus. Pèlerinage, désir ? La maison nous reconnaît. Comme on se reconnaît, nous deux, ici.  A haute voix, désormais. Adieu  silence passé, motus caduc et râles que l’on étouffe  dans les draps de métis.  Nous sommes seuls entre les murs, entre les draps.

La lune regarde à la fenêtre. Elle contemple nos peaux  irradiées par sa lumière pâle. Equitable caresse. Et moi, je veux te mordre ! Toi pareil : miroir ou  mimétisme sur le métis des draps ? 

Pendant tout ça, l’amour qu’on fait. Avec ses  regards. Ses  patiences. Ses dialogues, ses soliloques. Ses absences. Qui est là ?  Et le silence déchirant, tiens, justement celui là ! Mort aux draps ! Les voici détrempés ! Folle plage. Tout ressemble à jadis, mais ce n’est pas jadis.

Tant pis : Rejouons, si tu veux, les orages obstinés qui nus crapahutèrent quand nus étions ici. En retenant nos souffles, pour ne pas qu’ils entendent, les vieux qui sont partis. Mais qui se trouvaient là, comme nous, maintenant. On peut même, c’est facile, retrouver la   grâce. Huis-clos, yeux fermés :  Foudroyantes cadences et les corps enchantés. Mais si tu veux, on crie. Ensemble. A capella. Deux voix. Lin et coton, toi et moi, métis.

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Commentaires
E
je ne sais pas ce qu'est la passion , je ne l'ai jamais rencontré . En silence, souvent , je viens lire sur votre blog , et lorsque je lis des textes tels que celui-ci , je me dis : tant pis si je ne connais pas cette fameuse passion , mais au moins, je sais, grace à la lecture , à quoi elle ressemble . <br /> Merci de mettre "en lignes" de si beaux écrits . <br /> Pardon je déborde un peu parfois
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