Redécouverte.
Je n'ai jamais consenti à l'idée reçue qui consiste à affirmer que l'étude, l'analyse détruit le poème.Tout poète est généralement philomathe et je pense qu'il en est de même pour le lecteur cherchant à aller jusqu'au bout de la saveur intense, voire à retrouver le moment, l'instant même du souffle créateur: toute grammaire et poésie. Mais d'une autre façon.
La lexicométrie, relevé, statistique,offre un tout autre charme, puissant. On n'y découvre point de recette,mais un parfum brut: les noms,les verbes,le adjectifs encore désordonné mais tout prêts à frémir comme un très grand vin à l'odeur d'abord trop violente et qui devient somptueux après décantation. Tout est là comme une aube, un commencement. Quelque chose d'une âme annonçant l'esprit. Ce qui aplanit le sentier, ce qui va devenir. Un univers en vrac qu'un jardinier virtuose va transformer soudain en merveille accomplie. C'est une rencontre. Les prémisses du rythme sont encore en puissance. C'est aussi beau qu la palette d'un peintre,avec son organisation si personnelle, si révélatice. Oui, quiconque a contemplé une palette de maître ancien, toute sèche, peut comprendre ce qu'on ressent avec ces mots,presque déjà ordonnés quand on les classe par ordre de fréquence. Quand on joue avec le nombre pour évoquer le mètre. Quand tout peut arriver.Du moins, on veut le croire.Car tout est déjà là, autrement, je l'ai dit.
Dire? CA dit telement de choses la palette d'un peintre! Et pas seulement ce qui est de l'ordre du préparatif ou de l'intention. Beaucoup plus, au point que j'aurais du mal à préciser quoi: C'est trop. Et ça offre la faim d'en comprendre plus, d'en aimer davantége. De dire encorre "oui" à l'émerveillement.
L'étude des textes en tant qu'oeuvres procède de la même admiration.On ne "décortique" pas.On va plus avant, on cherche la source, ce qui est, comme la palette du peintre, non pas une oeuvre, mais presque toutes, avec le manque de l'élaboration: un sourire prometteur. Cette découverte se fait a posteriori. Ele et don de magie: nous possédons les pièces du puzzle, exactes,précises, fines,justes. Mais on ne reconstituera pas l'image.Ca "faut", comme on disait en français d'autrefois: "je faux" ... Il y a le manque et la beauté du lièvre ne donne rien de la somptuosité du civet. Cependant c'est bien lui que le peintre représente, afin de transpose, de montrer, de faire oeuvre et de donne au lièvre une inexistence en tant que pipe. Telle est l'étude littéraire bien lue. Telle est la pensée des amours clairvoyantes. Haute vertu!
Vraiment,l'étude d'un poème annonce sa redécouverte comme un joli menu fait déjà saliver en évoquant le plat du dîner qui va suivre. Mais c'est un plaisir de dessert, léger,une jouissance d'après,un repos, avant de relire, de redire, de ressentir... Et le poème revient, nous le recevons mieux comme en redécouverte d'une femme explorée par la ferveur nouvelle de gestes recommencés. Le regard devient neuf. Il nous suffit d'aimer...
L'art est gourmandise.