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orlando de rudder
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2 janvier 2007

La septième source.

Un jour de vent mauvais, il y avait deux amants, cœur chaud et tête dure. Les ailes du moulin tournoyaient trop à vif comme pour nous préparer des purées de nuages. Les amants savaient bien que les corbeaux sont noirs. Ils n’en parlaient donc pas, car ça ne sert à rien ! Surtout que dans les mines, les hommes sont noirs aussi. On n’en fait pas tout un plat ! Ces deux albosiaux niais se trouvaient par ici. Tiens, en voici un qui parle : - Il n’y en a pas, de l’amour, tu sais ! Regarde le paysage, il est trop beau pour nous ! - Et la septième source ? - On y jette de l’argent. On fait le vœu d’amour. Ca va durant un temps. Puis à force d’être à deux, on redevient méchant. On se bat entre soi, on cogne sur les enfants. Regarde autour de toi : La mère est folle et mal lunée. Elle trie les lentilles. Mais elle y laissera des gravillons bien durs qui se plantent au palais ou sertissent la dent creuse, s’enchâssant comme une gemme dans un bijou qui pue. - J’aime bien les lentilles avec beaucoup de lard. Un silence suivit cette déclaration. Le vrai problème des gens c’est qu’on n’est pas un autre. Alors on fait avec. Et ça dure longtemps ! Mais écoutons nos jolis-cœurs. - Il y a le premier fils qui va sonner la cloche au moment des repas ! Con comme un angélus ! - Quand il tue le cochon, il repense à son père. Il se réveille juste avant l’heure du dîner parce qu’il boit trop tard des alcools crasseux qu’il prépare lui-même. - Bouche-bée le troisième frère dévisage le premier avec l’œil de Caïn. Il porte le vieux short inusable de l’aîné, cette culotte courte qu’il maudit comme le reste ! - Il contemple, avec l’œil morveux de la haine aux étincelles froides. - La Mère folle, regard torve, lui crache les cailloux. - De tout petits, graviers qu’elle fourre dans sa bouche. ensuite elle les projette droit devant, sur les jambes du mômes s’étoile un peu de sang. Ce qu’il ne faut pas entendre ! Des étoiles ? Carabistouille : Très vite ça dégouline, et ça caille, et ça strie, ça sèche en brunissant avant de s’effriter sur les cuisses crasseuses et les genoux à bleus ! - Alors ce n’est pas la peine d’aller jusqu’à la septième source - Moi je voudrais la tuer ! Et si nous la pendions ? - Comment fait-on pour pendre une source ? - Avec des cordes à linges et des chevaux de bois ! Des chevaux qu’on pousse ! Des chevaux de Guyenne, en bois dur à échardes, Saint Sébastien des fesses - Ca ne se peut pas ! - Essaie donc, tu verras - Ce que tu prêtes sera rendu ! - Alors je te prête mon cul ! - Et baisons comme d’autres font des farces et des niches ! - Avec la rigolade de garnements odieux. - Ne lassons pas à deux ta chair de vraie gaillarde ! - Comme sort de sa bauge la grosse cloche en cloque, nous alourdirons notre manière d’être. Tiens, voilà du geste ! Il fallait s’y attendre ! Le gaillard fourre sa main là où j’ose pas dire ! La fille moufte pas, elle connaît la chanson ! Sagacement salace, elle attend juste un peu pour faire pire encore ! - Je redeviens verrat pour te saillir encore ! Je te farfouillerai histoire de voir à voir. - Mais il faudrait tuer la septième source, la plus forte, celle des amours éperdues que le vent emporte en beuglant des goualantes à, chialer pour de vrai ! - Je voudrais bien t’aimer, mais ça finit trop mal ! T’as qu’à voir la mère folle et le mari pendu. - Comme une source. - Comme une source. On les a peint en noir, les chevaux de bois ! - J’ai envie de bière forte ! De la Carolus d’or ! - Là-bas, près des sept sources, il n’y a pas de bonheur. - Piétine les myosotis, ils sont ganaches, méchants, ils nous font souvenir de quand c’était pas mieux ! - Je te mordrai les seins, pas pour rire, tu verras, c’est déjà ça de pris sur le temps qui s’en va! Après ça, tu vas voir, je te… - Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour se sentir heureux ! - Surtout quand on ne l’est pas ! - Ca devient laborieux ! - Du haut de la colline, on ira voir la Sambre. Puis on ira puer la frite à la taverne jaune. - Et puis on rentrera pour faire des choses pas propres ! - La mère folle ronflera, puisqu’elle aura trop bu les alcools trop mesquins que son fils lui distille. - La source ? - On la pendra demain ! - A moins que l’on y noie quelques chevaux vivants, ceux dont la chair est forte et sert à préparer le vrai cervelas rouge qui fait roter à l’ail ! - On ira à confesse, raconter au curé les choses qu’on se fait. - Mais ça le fait bander ! - Avec l’ail, faudra voir ! Faut bien souffler tout droit, en visant les lunettes ! Ca lui fait de la buée, il voit pas qu’on se marre ! - Tu as réponse à tout ! On peut presque s’aimer puisque tu es comme ça ! - C’est sûr que, dans le monde, il y a bien trop de sources ! Ca se mit à fraîchir. La nuit tomberait tôt. Ils rentrèrent.Ca vaut peut- être mieux. La septième source gèlerait, ce serait plus commode. Elle serait déjà froide avant même qu'on la pende. Ce fut l'inverse pour le père à la poutre maîtresse. Quand l'hiver a raison, il n'y a plus rien à dire! .
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Commentaires
A
"Le vrai problème des gens c’est qu’on n’est pas un autre.", j'en ai un an au moins pour m'en remettre... à l'autre:) C'est épatant de voir ce que le passage d'une année à l'autre peut avoir de galvanisant ! Un printemps en plein hiver, c'est un miracle littéraire avec en prime des lentilles aux lardons! J'arrive avec mon écuelle:)<br /> Amitiés
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