21 juin 2006
Camille Bryen
LE FC Nantes, du moins son site, est venu visiter mon blog. Pas de commentaire.
JE suis allé voir ce site Les commentaires sur le foot me laissent indifférent, bien qu’on discerne dans la forme la bêtise la plus crasse, l’analysomanie des stratèges de bistro, savantasse et puéril. Je n’ai jamais compris pourquoi le fait de jouer au foot rend forcément inane !
Et vaguement raciste : la présentation de l’équipe portugaise de la Coupe du Monde est limite. Misogyne ? Evidemment : photo d’une fille avec, en dessous la fière devise « Cet été, on et tous des mangeurs de morue »… Lusophobe aussi, donc…
La mentalité du foot déshonore les villes qui l’abritent. Les grandes beautés de Nantes, sa profonde poésie sont salopées par cet esprit gluant, comme une plage par une marée noire. Or j’aime Nantes. Pour Jules verne, certes, mais il y a bien d’autres trésors.
Mon père avait agi pour qu’on célèbre, naguère, un Nantais formidable, mais quasi-oublié: Camille Bryen. Il faut dire que cet homme, dessinateur de miniature et piète vociférant à la voix de crécelle soigneusement créée, diction à la Jarry, fines gesticulations, d étonnait parfois… Mais c’était un grand artiste, un assoiffé de beauté, un poète sonore, un dessinateur aux tracés enivrants. Les footballeurs du FC Nantes (mais les autres aussi ne comprendraient même pas, en voyant ses œuvres, de quoi il s’agit, y l‘importance de ces merveilles… Ni ce qu’est l’esprit irrémédiable de l’art, de tout ce qu’ils ignorent, de tout ce qu’ils refusent.Je parle de Camille Bryen, que j’ai connu, dès mon enfance, merveilleux bonhomme, artiste formidable.
Voici quelques notes de biographie glanées sur le net :
Alors jeune télégraphiste, Camille Bryen n’a pas encore vingt ans lorsque, attiré par les surréalistes, il vient à Paris en 1926. Né à Nantes en 1907, il publiera un premier recueil de poèmes, « Opoponax », en 1927. En 1932, il publie de nouveau : « Expériences », qui marie poèmes, dessins et collages et préfigure les dessins automatiques. C’est deux ans plus tard que se monte sa première exposition (Paris) de dessins et collages. Il expose dans différents salons, donne des conférences, réalise, en 1936, sa première oeuvre tachiste. Cette même année, Bryen participe à la manifestation qui célèbre les vingt ans de l’esprit dada (Sorbonne, Paris). Il cosigne le manifeste « dimensionniste » avec Arp, Duchamp et Picabia. Il est considéré, à cette époque, comme un poète post-dadaïste. Il collabore avec Ubac. Très actif, il écrit, publie, dessine. En 1948, Bryen organise la première exposition de l’« abstraction lyrique » qui avait pris naissance l’année précédente (« non-figuration psychique »). Il se met à la gravure et commence, en 1949, à peindre à l’huile, pensant alors que la peinture était l’ouverture à une liberté d’expression sans limites. 1950 est l’année de la publication de « Héréphile », l’un de ses ouvrages les plus reconnus, elle est également l’année où il cesse toute production littéraire pour se consacrer à son activité picturale. Discret jusqu’à l’après-guerre, il participera au fil des ans à de nombreux salons, biennales, expositions collectives, en France et à l’étranger ; de nombreuses expositions personnelles lui furent consacrées (Londres, Paris, Milan, Nantes, etc.). Bryen a illustré divers ouvrages de littérature, notamment avec ses magnifiques eaux-fortes en couleurs. L’art de Bryen évoluera, allant jusqu’à une abstraction délicate et mesurée.
On en trouvera plus sur le site suivant, et l’on verra aussi deux ou trois de ses œuvres. On peut en voir sur d’autres sites du net.ten
http://www.mchampetier.com/sitephp/phpfr/biographie.php?nom=Bryen%20Camille
20Camilleno
Enfin, voici un poème de Camille Bryen.On y notera une allusion à sa répulsion d'une certaine bourgeoisie locale au lourd héritage esclavagiste.Il en parlait déjà, alors que ce n'était pas encore la mode! :
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septembre 1939
Automne à Trianon
Une vie à ne rien faire
une vie en fer blanc
une vie en conserve
une vie qui ne peut servir à rien
bonne à donner au sommeil ou à la drogue.
Une tête tombe d'un arbre comme
une feuille une tête d'homme mort tombe et
pourrit au sol comme un morceau de bois.
Bête traquée d'automne
il pleut sur les pavés bleus
tu emmaillotes tes fenêtres comme des momies
sur les trottoirs siffle le masque aux dents
blanches.
Frontières du monde mes sœurs où allez-vous
boire la tisane.
Écoutez les toux de la boue
les toux du sang
la terre a mal à son fer.
Aux barbes des jeunes blés des morceaux
d'hommes sont accrochés
dans les souterrains de leurs mères des hommes
meurent.
Quand on fait le tour d'un monde
tout le monde a les mêmes mains
le Napoléon de l'ombre et l'autre.
Général d'automne tu n'auras pas mes sourires,
souris!
Mon sang ne coule pas à tes fontaines
tu as tes poussières j'ai les miennes et j'ai aussi
ma mort comme une absence de moi-même
je n'ai rien à faire de toi malgré tes galons d'or
et mon cœur de nègre.
Camille Bryen, La chair et les mots, K éditeur, 1948.
L'oppoponax... Encore un parfum oublié! La plante n'est pourtant si rare...
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