8 février 2008
Lancelot, le retour.
Je suis le chevalier, solitude assurée :
J’ai fracassé le Graal et largué la poupée.
Elle m’aurait rendu riche mais s’il m’avait sauvé
Qu’aurais-je donc pu faire sinon tout arrêter ?
Que l’on file la laine aux quenouilles qui piquent !
Le sang de Blanche-Neige comme celui de l’oie
Scellent la destinée mais il faut que l’on voie :
Le destin de l’amour est toujours ironique !
Je t’aime. Qui ? Toi ! Mais sais-tu qui je suis ?
Ô moi, quelle évidence : ce qu’on fut se poursuit.
Qui suis-je si je suis celui qui suit aussi
Ce qu’ensuite s’ensuivra puisque c’en est ainsi ?
Et toi ? Qui, moi ? Quel autre serais-tu ? Je t’aime et ,
t’aimerai tant et plus si je demeure moi-même
quelqu’un, assurément, au désir assuré :
Le pain ne vient jamais que du froment semé.
Théorème, réciproque, corollaire et puis lemme
Mathématiquement cet amour est prouvé
De telles accointances varient sur un tel thème :
Ce qui aime s’accorde è ce qui est aimé.
Mais l’accord sonne faux si faut* l’identité :
On devient parfait autre sur charrette juché !
Ô, la roue ! Le supplice est sûr !Voyons
Timidité d’amour sait nous rendre couillon !
Ecoute en les halliers le cerf blanc qui détale
Suis donc ta destinée mais sache que tu peux
D’une question posée ou d’une fleur aux pétales
Arrachés tour à tour redevenir heureux.
Entendre et écouter sont divers en nature
Je veux dire et conter telle vérité pure
Raconter sa beauté sans cacher la fêlure :
Qui voit le sanglier lui reconnaît la hure.
Lancelot, redeviens ce que tu fus naguère !
On rôtira des oies à ne savoir qu’en faire !
Avec les veaux perdus d’un autre valeureux
On cuira des ragoûts qui seront délicieux !
La fête de retrouvaille comme de recouvrance
Fera pâlir la nuit : Commençons la bombance !
Devenir est la loi, savoureuse évidence :
Messire Chrétien, de Troyes, en dit moins qu’il ne pense !
*Ancienne forme de faillir. Il faut bien le dire ! Sans défaut !
---------------------------------
Publicité
Publicité
Commentaires