Pour saluer la chélidoine

Observons la belle action du suc de chélidoine. On peut la voir ronger lentement la chair morte. Le latex prend son temps mais il sait où il va. Rien n’et plus décisif que ce rongement-là ! C’est aussi palpitant que la feuille de saule en bouillie efficace attaquant, sur l’orteil, l’induration mauvaise et qui fait mal.

La chélidoine, tranquille me semble bonne fille. On l’appelle éclaire et c’est lumière jaune que sa fleur répand. On  la dit herbe à boucs, parce qu’elle pue mastoc, à hirondelles aussi, car c’est ainsi qu’en grec on la nommait déjà. Parfumer les verrues serait ostentatoire.

Alors elle les  ronge, la chélidoine tranquille. Et son latex bien jaune corrode à bon escient. Et parfois, c’est à vue d’oeil ! Spectacle tendre et violent !

Jadis, j’aimais déjà voir cette action tranquille. Mais brutale « en dedans ». Et j’ai souvent regretté de n’avoir pas de verrue à bousiller sans hâte!