Souvenir : Deux femmes, une femme…

-L’onde profonde, dit-elle, me fait penser à tes yeux.

Alors je l’ai regardée, avec ces yeux, justement, car je n’en ai pas d’autres sous la main.

- Tu seras toujours présent en mon cœur .

Ca m’a encombré. comme si j’étais son cœur, avec moi, dedans. Crise du logement. Incandescence soudaine d’un lyrisme hormonal. Tout art est sexe. Tout sexe n’est pas art. Et ce bazar ne m’excédait pas encore. Quoique, ce jour-là, j’avais compté. Parce que, les jours précédents, je n’y avais pas pensé. J’ai failli y croire… Oui : j’ai compté ! elle m’avait demandé quinze fois :

- Tu m’aimes  ?

Besoin d’être rassurée ? Tu parles !  Manque de confiance.

-         Tes yeux sont comme mon cœur ! Si transparents et purs ! On y lit tes pensées ! Tu m’aimes » ?

-         Euh…

-         Et mon esprit se reflète dans leur eau limpide… Tu m’aimes ?

-         …

-         … Tu m’aimes ? Tu m’aimes ? Tu m'aimes

-         …  euh... oui…

Mensonge ! Déjà! J’en avais marre. On ne ment vraiment bien qu'à ceux qu'on aime en vrai! Ca s'apprend...

Bon. C'est pas tout ça! Il a bien fallu partir. Fuir ! M’évader de ce discours, de cette prison. Elle était jolie. Attirante. Et voilà que déjà, ça prenait le tour veule du poétisme !

Peut-être n’avais-je que l’envie d’être amoureux. MAis zut! J'aurais préféré avoir envie d’une femme… Pas d’un cliché. De quelqu’un de libre, qui ne demanderait pas à être rassurée Qui aurait confiance. Qui n’aurait besoin de rien. Qui n’attendrait pas mes yeux pour dire ses phrases… Une femme, pas un rôle. Pas une dépendance d’obligation de dire, de dire comme ça… De dire le piège et la prison. De dire bourgeois et convenable. De dire: "Tu,m'aimes" quinze fois par jour! D'opprimer, quoi.

Oui : ça venait de moi. Faiblesse de croire qu’un beau sourire suffit… Un vague machin du genre désir et tralala, tout ça, tout ça…

Il y a tant mieux, plus que moins pire : On prend la main, on serre. On ne dit rien. Pire : on chope le sein, on rit. On touche la vie. On mord l’oreille. On ne finit pas toujours ses phrases. On dit autre chose ou on ne dit rien. Et ce sera peut-être l’amour... Ou rien que des sourires sympathétiques. C'est déjà ça de pris!

Mais la moindre « onde profonde » est plus vulgaire encore que mille et une chansons paillardes… Fuir: N’importe qui, sauf elle, qui dit: "tum'aimes" et "l'onde profonde, tes yeux"!  : faute de goût.

Et c’est ainsi que, par hasard, j’ai connu une vraie poète qui buvait des coups de rouge et pour lui faire dire « je t’aime » fallait lui mordre le nichon droit tout en chantant « les Montagnards sont là » !

Une femme comme j’aime ! Avec de vraies myriades de vérités ardentes! Une sensible. Une drôlesse : myosotis en pagaille et camembert-vin rouge ! Cheveux sans Oréal car elle vaut mieux que ça ! Et puis, pour les bouffer, c’est un peu plus commode !

-Si tu me dis encore une fois « je t’aime », c’est ma main sur la gueule !

Alors, il m’a suffit de joindre le geste à la parole. Celle déjà trop dite. Muette mais éclatante ! Une femme…

Et des rires à décorner tous les bœufs du canton !

Et, dans l’onde profonde, mais crânement frisquette, on s’est baignés à poil en frissonnant d’amour dans le genre : « je te veux » qui rigole en coinsteau de « tu vas voir, ma poulette » !

-         Je ne demande que ça !

-         Au fait…

-         Oui ?

-         Ben , finalement : je t’aime !

-         Nous voilà bien : moi aussi ! Manquait plus que ça !

-  Ca encombre!

-  Moi, j’avais dit : "plus jamais" !

-         Pareil !

-         Qu’est-ce qu’on va faire ?

-         L’amour !

-         Pas bête, cette idée ! Après, on avisera !

A nouveau : joindre le geste à la parole.

Il y a du feu dans le ciel, des nuages de charbon, ça pète de mille flammes ! La pluie se veut diamant ! On saute dans les flaques, on s éclabousse, vingt-dieux ! On fume des cigarettes plus qu’à moitié mouillées. On a l’air de vieux chiens traînant sur le pavé ! Ca explose et ça zèbre : et des mots de désir qui flambent on ne sait pas si ça fait mal ou bien, on y va ! C’est brutal et tout doux, c’est zozo et zinzin, à la va comme je te pousse parce qu’on a nos façons d’avoir du caractère ! Foutredieu ! Quand les corps sont à nu, l’esprit se met à vif !

- T’es vraiment pas mon genre, mais faudra faire avec !

-         J’allais le dire !

Taisons-nous : y pleut plus !

Comments

[Poetic Gladiator]

Voilà de l'amour sain, dynamique, fécondant, comme on aimerait en voir plus souvent. La différence, chère Elle sur la Lune, on ne la perçoit qu'avec le recul. Mais sur l'instant, ça n'a pas vraiment d'importance. Il peut arriver qu'on soit amoureux de l'amour au départ, puis devienne réellement amoureux de son (sa) partenaire, mais pas toujours. Y'a aussi des histoires où on s'envole très haut. Quand ça ne fonctionne pas, on croit qu'on va morfler, et puis non, ça passe comme une lettre à la poste. Et là, on sait que c'est de l'amour que l'on était amoureux … Et puis, si être amoureux est un état, aimer cela se construit au jour le jour, en ne renonçant pas à étonner l'autre. Enfin, tel est du moins ce qu'il m'a semblé en comprendre - rassurez vous, on ne comprend jamais tout, surtout dans ces affaires-là …-.

[Catherine Boutin]

Tout art est sexe. Tout sexe n’est pas art.

Ouah alors ça c'est profond. Sans jeu de mot paillard.Et là je suis entièrement d'accord avec vous. Tout art est sexe...hum, grandiose.

Les gens manquent souvent d'humour dans l'amour. Dix-sept ans de mariage et si vous saviez comme on se marre! Et comme nous sommes grivois.Et comme on se pince qui le gland, qui le bout du sein!.Et d'abord "je t'aime" ça ne se dit pas: ça se tanspire.

Savez-vous Orlando qu'il y a aussi des hommes comme votre femme là? Et oui. J'en ai connu. C'est vrai que c'est ennuyeux à déguerpir.

Bises Orlando

[ellesurlalune]

mais alors comment fait -on pour faire la difference entre être amoureux de l' amour ou de l' autre ?
puis un "je t'aime" rassure , un "dis moi, je t'aime" gache un peu ; non ?
ce qui fiche la trouille dans un duo amoureux c'est le fait d'oublier d'être entier , ne se sentir que moitié ou moins que ça parfois .
enfin je doute de la pertinence de mes propos de 6h du mat, car pas tout à fait encore dans le monde des terriens . mais bon j'ose etre spontanée (pour une fois)