21 mai 2006
Alger, la trop blanche
5 Ce qui suit provient aussi du "Livre de discorde". Voir hiier l'article "une belel voiture")
Le supplice de la baignoire, le gonflage à l’eau par l’anus, le courant électrique sur les muqueuses, les aisselles ou la colonne vertébrale, sont les procédés préférés car « bien appliqués », ils ne laissent pas de trace visible. Le supplice de la faim est également constant. Mais l’empalement sur une bouteille ou un bâton, les coups de poings, de pied, de nerf de bœuf ne sont pas épargnés. Tout ceci explique que les tortionnaires ne remettent les prisonniers au juge que cinq à dix jours après leur arrestation.
Claude Bourdet, « Votre Gestapo d’Algérie », L’Observateur, 13 janvier 1955.
De quelle Algérie parlaient tous ces gens ? La leur. Celle qui n’existe qu’en partie. Dans leur milieu. Il leur suffisait d’ignorer le réel, de ne pas voir les choses pour vivre agréablement la colonisation. Aveugles, ils jouissaient d’un climat propice, d’un statut privilgié. Sur le dos des autres…
Alger la trop blanche, Alger des petits blancs, Alger des bidonvilles qui l’entouraient, misère absolue, ratage complet. Algérie morflante aux colons ignobles. Mais n’en jetons plus ; il suffit de lire aussi la presse rédigée par les envahisseurs pour voir l’ignominie au quotidien durant cent trente ans d’occupation. Coprocéphales ! Infranuls ! Quand je pense qu’on les a indemnisés ! Quand paieront-ils un dédommagement à chaque Algérien bafoué ? Dédommager les criminels ! C’est le monde à l’envers ! Escrocs, Thanatophores ! Hyènes !
Tout pied-noir pouvait savoir que, bien avant les « événements », la condition des Algériens était insupportable :
« Ratonnades » gratuites dans les années 1930-1940, villages massacrés au lance-flammes en 1954, asphyxies programmées en 1957 à Aïn Isser. Et Philippeville (1943), et Sétif, et Guelma (1945), et Texenna (1960), et les Nementchas (1956), la Wilaya IV (1957). Ce qui ne faisait que continuer les « enfumades », véritables gazages du trop célèbre Bugeaud. N’oublions pas les élections truquées de 1948.
C’est vrai : Il n’y a pas eu, durant l’occupation de l’Algérie, une semaine sans exactions, sans atteinte au Droits de l’Homme, sans cruauté perverse ou humiliation. Qui pouvait, là-bas, ignorer ces faits ? Silence affligeant des beaux-parents. Honteux !
Alger, la trop blanche… Alger la misérable avec des quartiers riches où se pavanaient des bourgeois imbéciles. Et des petits quartiers où crevaient comme les autres de misérables européens, tous haineux, ou peu s’en faut. Les pires. Les riches ne puent pas forcément la haine. Les petits blancs…c’est fait pour ça ! Haïr, façon de voir !
Dans la famille de Rabat-joie, on n’en parlait pas… Ou alors, sur le ton de la «rigolade, d’anecdotes « cocasses » où l’on voyait combien on aimait humilier les Algériens. Toujours ridicules, toujours méprisés. Durant des années, notre héros supporta les opinions sanieuses de ces deux pouacres. Une si longue patience…
L’amour s’est destitué. Il ne s’est pas retourné. Pas de statue de sel, juste l’animosité. L’usure voulue par elle, pour faire comme il le faut, comme on devient chez elle, rabougri, coutumier, habitude d’être ensemble, pèpère à engueuler, faire la tronche tous les jours en écachant la vie. Elle m’a pris pour sa poubelle. Et, déversant sur moi les fétides ordures de son enfance à elle, de ses problèmes à elle, elle m’a submergé des rancoeurs évidente contre ses pères et mères. Mais là, attention : on ne moufte pas ! Affronter les parents ? Trop dur. Intimidée. Vengeons-nous sur un autre. En plus, pense t-elle : « Il m’aime. Taïaut ! Tuons sa liberté, tabassons lui le quotidien, et faisons-le morfler ! tu es un autre, mon homme, je te possède mais… tu proviens d’une autre horde, d’une autre famille, tu n’es qu’un pourri d’allophyle, un étranger. Tu peux servir. C’est vrai. Comme les Arabes, jadis, quand on vivait chez-nous, là-bas, en Algérie. Sauf que t’es intello, genre artiste à cheveux ». Est-ce pire qu’un « bougnoule » ?
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