2 novembre 2005
Molière en son temps
Molière et son théâtre me semblent bien représenter un état de la société et proposer des allégories sociales. LE bourgeois gentilhomme, est-ce lui? Est-ce ce qu'il aurait pu, voire dû devenir? Non pas seulement lui, mais un grand nombre de fils de la bonne bourgeoisie de son temps. Son père acheta une charge de tapissier du roi et une autre pour son fils. Ensuite, il lui fit poursuivre de très solides études. Molière devint avocat, s'inscrivit à je ne sais plus quel barreau et se lassa vite. Pour "faire l'artiste" d'une façon qui nous semble moderne et se déclasser ("névrose de classe"? selon le titre de l'étude de Vincent de Gaulejac qui traite pourtant de notre époque!!!).
Bref, le "projet social" commun à bien des familles de la petite bourgeoisie de l'artisanant (menuisiers, tapisiers,e tc), en contact avec la noblesse qu'elle fournisait, en prenait les goûts et développait des stratégies d'accession sociale. Dès lors, un fils comme Molière constituait l'un des maillons de l'élévation falmiliale: on achetait une charge, on faisait des études, on devenait magistrat ou officier, le tout se couronnant, parfois sur deux ou trois génération, par l'achat d'un titre nobiliare ou son obtention pour bons et loyaux services... Les "Bourgeois gentihommes" furent nombreux... Et Molière aurait pu devenir l'un deux: c'était un destin possible... et sans doute souhaité par son père.
L'art de Molière est souvent pétri du refus de l'accession, de la distinction. Et, alors même qu'il aurait dû apprécier els Précieuses, femmes exceptionneles dont beaucoup ont laissé un nom dans l'histoire des idées et de la littérature, il a repris son sens bourgeois de la dérision pour donner un chef-d'oeuvre, certes, mais qui allait à l'encontre des idées professées par ceux qu'il fréquentait, comeme Gassendi.
Cet aspect social dans l'oeuvre de Molière, bien transposé par l'art est assez peu montré. Pourtant, il est un témoignage sur une époque de mouvement, de mobilité sociale, de chamboulement assez méconnue, bien que considérée comme un "âge classique".
LA médecine de son temps; elle aussi bougeait.Mais c'est uen autre histoire! J'en reparlerai: apogée de la phytothérapie et fort proche de toutes les médecines traditionenlles, elle fut moquée dans un esprit toujours aussi bourgeois, dynamique, certes, mais injuste!
Molière est peut-être l'un des précurseurs d'un esprit nouveau et ses pièces sont, à mon avis, comme des "reportages allégoriques" sur son époque. Des témoignages outrés, voire un peu révoltés. Voire une "autobiographie du possible non-advenu"!!!!
Voir le blog de PAtrice houzeau sur Dom Juan
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