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orlando de rudder
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3 avril 2007

Identité, appartenance, Belgique...

Au moment où l'on vit un renouveau du nationalisme bête, au moment ou l'apprtenance française ne doit certainement pas céder à l'identité cette perversion imbécile, , où il faut choisir SA France, l'aimer sans mépriser les autres et ne pas la laisser confisquer, encore et toujours par la droite, ni mêmepar la gauchinette planplan, il est bon de voir ce qui arrive ailleurs.En Belgique par exemple. Lire ci-dessus. Ca vient de cette adresse là:

bruno232@gmail.com

Et voici ce que j'ai reçu:

POUR UNE BELGIQUE PLURILINGUE, SOLIDAIRE ET UNIE

Les nationalistes soutiennent que les différences entre « la Flandre » et « la Wallonie  » constitueraient une raison suffisante pour justifier la scission du pays.

Qu'il y ait des différences entre les régions belges - comme le taux de chômage ou le niveau de prospérité – est indéniable et somme toute normal. Là n'est pas la question.  Car il existe par ailleurs des différences aussi tangibles entre l'Est et l'Ouest de la Belgique , entre le Limbourg et la province d'Anvers par exemple. Si l'on examine de plus près, au niveau sous-régional, les domaines de compétences politiques respectifs,  force est de constater qu'il y a même des provinces francophones qui se rapprochent davantage de la moyenne « flamande » que de la moyenne « wallonne ». Dans tous les pays européens apparaissent des disparités semblables à celles que connaissent nos régions. Citons à cet égard un exemple significatif :   le Nord et le Sud de l'Italie.  Tous ces états nationaux, à l'exception de l'Islande et du Portugal qui ne pratiquent qu'une seule langue, devraient–ils pour autant se désintégrer ?

De plus,  il est fort contestable, et même intellectuellement fallacieux, d'appréhender ces différences exclusivement  sous l'angle d'une opposition entre 'Flamands' et 'Wallons'. Les nationalistes dramatisent et politisent systématiquement les divergences entre ces entités, toujours les deux mêmes. Cette façon de faire et de penser a comme seul but d'inciter le citoyen à voir la réalité par le petit bout de la lorgnette nationaliste. On passe méthodiquement sous silence les fissures politiques au sein même de la région flamande, comme si la grande ville portuaire d'Anvers requérait la même politique que celle du Westhoek rural. 

Savoir intégrer les différences est un principe constitutif et la raison d'être de toute démocratie. Il est nettement plus intéressant d'avoir une vision plurielle sur un même problème pour ensuite rechercher un accord démocratique. Car le cercle vicieux est bien connu : plus on divise, plus on crée de différences et plus on crée de différences,  plus on divise.  Le renforcement des structures confédérales, revendiquées par les nationalistes, va sans aucun doute accélérer ce mouvement.

Qui se préoccupe de son prochain opte résolument pour d'autres choix. De son point de vu, plus le fossé se creuse entre les régions, plus le besoin d'une solidarité émanant du niveau fédéral se fait sentir. La cohésion économique et sociale et la solidarité entre les États membres est prônée par le traité de Rome (1957), texte fondateur de la Communauté européenne.  Cette harmonisation à grande échelle doit a fortiori être de mise au sein des états mêmes. Sans qu'ils s'en rendent compte, les nationalistes souscrivent à ce raisonnement en ce qui concerne la ville plurilingue  de Bruxelles. Car ils promettent à cette entité plurilingue un avenir brillant, pour peu qu'elle accepte de supprimer ses frontières internes prétendument censées contreproductives. Supprimer des frontières serait, curieusement, possible à Bruxelles, mais pas ailleurs dans la zone de contacts entre les langues. Mais concernant la politique de la santé publique, ils proposent sur une même lancée de la scinder au niveau des deux communautés de la région bruxelloise. Vont-ils dès lors plaider pour une sorte de « sous-nationalité » ?

Et qu'en pensera l'Union européenne, reconnaissant seulement des états à part entière?  Les nationalistes, qui n'en sont décidément pas à une contradiction près, voudraient que Bruxelles soit placée sous la tutelle des deux grandes entités fédérées. Sont-ce les mêmes qui dénoncent à tout bout de champ l'impérialisme francophone?  Alors que les auteurs se prononcent en faveur d'un modèle multiculturel et d'une Union européenne multilingue,  ils veulent en même temps démanteler la société belge multilingue. Ceux qui promeuvent auprès des citoyens l'idée que les problèmes ne pourront se résoudre efficacement qu'au niveau régional, plutôt qu'au niveau belge ou dans un cadre européen démocratique, font fausse route. Les auteurs sont-ils partisans d'une Europe constituée de 400 régions linguistiques indépendantes ou cherchent-ils à démontrer que les entités nationales multilingues ne fonctionnent pas de manière démocratique ? Quelle que soit leur option, ils se doivent dans les deux cas de démanteler l'Union Européenne.

La revendication des auteurs visant à accroître l'autonomie fiscale des entités fédérées est une prise de position pour le moins surprenante dans le contexte récent d'une déclaration du Chef de Cabinet du Premier Ministre qui estime que les entités fédérées reçoivent trop d'argent et l'Etat fédéral trop peu.   La dégradation de la justice et des services publics en général illustre les propos de ce dernier. Ce transfert de responsabilités défendus par les auteurs du manifeste vise en fait une extension du pouvoir des communautés, signifiant derechef la disparition de tout contrôle démocratique par l'Etat, qui n'exercera plus qu'une fonction protocolaire. Ceci au détriment de l'intérêt général,  le mobile principal de cette restructuration étant que les régions et les communautés ne doivent plus se justifier auprès de leurs électeurs vu le caractère fédéral des dotations régionales et communautaires. Dans la logique de ce raisonnement, les nationalistes en première position, devraient justement plaider pour des partis nationaux et une circonscription électorale fédérale.  Car le manque de transparence des transferts financiers qu'ils n'ont de cesse de dénoncer est précisément l'émanation d'un système où les politiciens ne doivent pas rendre de comptes aux compatriotes établis de l'autre côté de la frontière linguistique.

En fait, l'analyse socio-économique des nationalistes est pour le moins limitée et en tout cas binaire.  Dans la réalité, les transferts ne sont pas exclusivement intercommunautaires, loin s'en faut. Les nationalistes passent sciemment sous silence l'argent attribué à la Région bruxelloise, les flux financiers entre les provinces, entre les riches et les pauvres, entre les hommes et les femmes, entre les jeunes et les personnes âgées ou encore entre la ville et la campagne.  La proposition des nationalistes tendant à remplacer la solidarité entre les citoyens belges par une solidarité entre les entités fédérées s'inscrit dans une logique de pouvoir et non pas dans une pensée démocratique et sociale qui se respecte.  La région la plus riche pourrait dès lors, de par sa position de force,  déterminer selon son bon gré dans quelle mesure elle souhaiterait se montrer solidaire.  La « solidarité » en tant que concept fondateur de la démocratie ferait systématiquement l'objet d'une négociation, échappant au contrôle fédéral. Ce qui ne ferait qu'augmenter le déficit démocratique déjà tant incriminé. Concrètement, cela signifierait que la région la plus riche serait en position d'exercer un chantage permanent, par exemple en menaçant d'interrompre ses contributions financières si l'autre partenaire refuse de suivre sa politique.   

D'autre part, la « Flandre » pourrait-elle garantir de meilleures performances judiciaires ?  La communautarisation de la justice belge impliquerait dans la réalité un émiettement inutile de forces et de moyens entraînant une érosion des droits fondamentaux et de l'égalité entre les citoyens belges.  Allons-nous disposer de plus de ressources financières si les budgets d'état sont scindés ? Comment une séparation en matière de politique du travail, de négociations salariales, etc. pourrait-elle renforcer la solidarité? Pourquoi les entités fédérées conduiraient-elles une meilleure politique énergétique et des télécommunications?  L'état catastrophique de l'environnement « flamand »,  tristement célèbre au niveau international, n'apporte en aucun cas la preuve d'une bonne gestion. La politique flamande proposée n'est ni meilleure, ni plus sociale, ni plus éthique. Son seul « mérite » est son soi-disant caractère « authentiquement flamand ». Si les nationalistes ont trouvé une formule universelle assurant une meilleure gouvernance, qu'ils l'appliquent alors à tout le territoire de la Belgique  !

Les nationalistes lancent un appel à tous les partis politiques flamands, les exhortant à ne pas former de gouvernement s'il n'est pas satisfait à leurs conditions radicales. Un référendum, fût-ce consultatif, n'est même pas envisagé, alors qu'une majorité écrasante de Belges – et de Flamands – ne souhaitent pas la scission du pays.  Il est aberrant de constater que des personnes plaident d'une part pour la séparation de la Belgique en deux entités souveraines et déclarent d'autre part que le statu quo mènera plus rapidement au séparatisme.  Autrement dit : il faut opter pour la scission afin d'endiguer le séparatisme.

Néanmoins, il ne convient pas pour autant d'opter pour l'immobilisme.  La meilleure chose à faire est de prendre des mesures favorables à tous les Belges.  Une réforme profonde et intelligente de l'Etat ne pourra se faire que dans le cadre d'un renforcement de l'Etat fédéral  dont l'existence ne serait plus remise en cause à chaque suffrage par des mécanismes douteux.   Il suffit de citer comme exemple les accords de coopération qui ont été conclus dans le contexte de comités douteux, opérant à huis clos en dehors des bornes de la démocratie parlementaire. Ceux qui défendent une démocratie belge multilingue au sein de cercles plurilingues (Benelux, UE) sont les véritables citoyens progressistes, tournés vers l'avenir, Européens convaincus.  Car toute velléité de démantèlement de la Belgique est non seulement un objectif irréaliste mais joue surtout la carte de l'impérialisme latent des grands Etats.  Les nationalistes souhaitent-ils aux frontières de la Flandre un Etat français qui risquerait de mettre en péril le combat justifié pour la préservation de la langue néerlandaise ? Veulent-ils que la ville de Bruxelles et sa périphérie en soient réduites à un département français, dans l'hypothèse bien incertaine que ce statut leur soit attribué ? 
Nous savons pertinemment que notre plaidoyer démocratique se heurtera à une violente résistance de la part des nationalistes et des régionalistes linguistiques, au Nord de la frontière linguistique comme au Sud.  Il est néanmoins grand temps de porter sur les fonts baptismaux un nouveau concept plurilingue basé sur une solidarité qui soit indépendante de la langue pratiquée par ses bénéficiaires.  Ceci dans un seul et unique but : démocratiser la pensée politique belge en prenant définitivement ses distances vis-à-vis de la logique linguistique irrationnelle et bipolaire.




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