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orlando de rudder
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7 janvier 2006

Mélancolie pratique 17 , nouveaux éléments

(L’Art). Ce que l’homme fait de mieux, il le fait contre sa raison. La raison, dans l’art, c’est le béo-classicisme académique ; dans la science, les systèmes qui ferment la route à la liberté de recherche. Emilia Pardo Bazán, Les Chimères, 1905. Art, comme littérature, compte parmi les mots qui illustrent au plus haut point l’intelligence du langage et de ceux qui l’emploient. Leur charge signifiante exalte l’intelligence des choses en dépassant l’appréhension, toujours sujette à caution, des faits. Avec la certitude de ne jamais en épuiser le sens. Et la raison s’y perd ! Ces mots, profondément humains et non désincarnés par des logiques plaquées résistent et ne sauraient en aucun cas, ni sous aucun prétrexte se contenter d’une définition simple, pratique, univoque. Autant dire opérationnelle en tant que définition. Ce qui ne nuit pas à l’efficaité de ces mots. L’art ? On n’en parle que partiellement. Comme le définir ? Voici une procédure simple : l’art pictural est ce qui se vend dans les galeries. Les arts ménagers son ce qu’on expose régulièrement à Charleroi. L’art primitif est ce qu’achètent des bourgeois démocrates. Une théorie de la réception permet d’éviter les définitions à base de destination. Ce genre de définition a minima peut suffire. En ce sens qu’elle est alourdie, apesantie, gravide de conséquences fécondes. Pour l’art pictural, nous pouvons découvrir en filigranne toute l’histoire de la peinture occidentale. L’art… c’est même une déraison financière ! Il en serait ainsi pour chaque sens, chaque signification, chaque définition possible. Ensuite, n’oublions jamais que le mot art a d’abord signifié quelque chose comme science. Ob oppose parfois ces deux mots. Et que dire de ce quartier de Bruxelles que l’on a baptisé Art et Loi ? Seulement, la loi se légitime par sa définition. L’art s’en fout. Il est. On pourrait le croire non créé : présent. Depuis toujours. Allons ; il doit bien s’agir d’un « fait social total », comme la littérature. Sait-on jamais qu’on ne saurait tout dire ? Un autre aspecr de l’art, et qui le justifie (comme la loi !) est son utilité. Leroi gour’han affirme qu’il n’est pas dautre art qu’utilitaire. C’est bien vrai, ça. Rien n’est plus utile que l’art sacré aux yeux des croyants ; il peut amadouer les dieux. Les peintres de la grotte Chauvet furent peut-être des sortes de chamans : il s’agissait d’intercession, de propiciation. D’utilité absolue ; de nécessité. Propiciation est marchandage.Ou du moins négoce. Négoce spirituel.On donne pour recevoir.On négocie. Rien n’est gratuit.Sauf, peut être… Badi a maintenant 60 ans. S’il rentre chez lui , les tablettes sur lesquelles il écrit seront son trésor. Elles sont en “ bois de mer” une essence amère qui ne plaît pas aux mites. L’encre est à base de charbon, d’eau ou de lait et de résine d’acacia. L’encrier est une pîerre concave. Pour écrire on utilise un roseau taillé. -Et qu’est-ce que vous faites quand vous avez terminé la tablette? Badi, le poète me regarde, comme s’il jaugeait le journaliste. “ Eh bien, je l’efface, pardi. Je la lave à l’eau et au savon. Et le poème ? Le poème s’en va avec l’eau. Puis il ajoute: “ L’important c’est ce que l’on garde dans le coeur”. Miguel Rivas “Les Sarahoui ce peuple lunaire qui veut revenir sur terre”, El Païs Semanal, Madrid, repris par Courrier International, n° 436, 11/ 17 Mars, 1999. Il y a cependant du plaisir là-dessous…. Ô déraison féconde ! Et vive le Père Ubu ! (Légende chrétienne). Giraudoux n’a pas tout vu. Le signe de croix peut nous entraîner beaucoup plus loin. Relatons sa légende : Un saint, venu d’Orient, vint, il y a forte lurette, évangéliser la Gaule. Ce brave homme trouva que les autochnones manquaient de finesse. Bref, il les prit pour de vraies brutes braillardes, des épais indécrottables. Alors, se dit-il, si je fais le signe de croix en leur faisant face à la messe… problème ! Ces abrutis n’inverseront pas le sens comme il faut le faire lorsqu’on fait face à quelqu’un. Que faire ? Bons sang ! Mais c’est bien sûr ! Le saint inversa son propre signe de croix et, au lieu de l’exécuter à la façon des orthodoxes actuels, s’y prit comme on le fait aujourd’hui en France, en Italie, etc… Seulement voilà… Ces braves Gaulois firent un signe de croix inversé, comme s’ils reflétaient l’image du célébrant. Voilà qui annonce une suite. La voici : nouer une cravate est un acte personnel.On s’y consacre solitairement. Devant une glace. Une psyché, parfois… en face de soi-même, de son propre reflet qui inverse le geste d’une façon plus cavalière que gauloise. Cet autre, qui peut tout aussi bien se vêtir de noir, puisqu’il nous ressemble comme un jumeau, plus même qu’un sein à l’autre fussent-ils des faons nous ramène à ce bon vieux miroir. Le revoici ! il est passé par ici, il repassera par là ! L’hésitation giralducienne se présente, à des degrés divers, comme celle de nous tous. Que lisons-nous dans toute description sinon une image projetée, hors même du sens de la vue. Qu’y a t-il dans la description, dans le portrait, sonon notre regard métaphorisé, changé, transposé ? Tel qu’en nous-même ce miroir fictif représente le monde.Le nôtre aussi, et particulièrement. Il y a de la crainte, là-dessous. On évite l’incorporation, l’absorption de l’altérité.On maintient la distance : ceci est un autre. Voire… pourrait-on lire sans s’identifier ? La mélancolie ? Sa présence se montre, comme toujours, inévitable. Le miroir de Saturne. Alors, si cet autre que nous comprenons s’échappait du miroir, empêchant de poursuivre l’écriture, et de la rattraper ? Et s’il se jetait sur nous pour nous dévorer comme un Saturne féroce ? Le miroir, c’est aussi du temps. On y guette la ride, le cheveu blanc. On s’y trouve toujours comme une méchante reine qui s’inquiète…Peur du miroir panique ? non, pas de l’autre côté : ici et maintenant. Peut que la réalité, cessant d’être reflet, nous assaille. Nous sommes tous des Gaulois cravatés, des méchantes reines et des Dorian Gray. En habit noir de cérémonie. Funèbre ? Non.
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Commentaires
S
Sur la mélancolie pratique tu es trés fort ce soir MONSIEUR !
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