Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
orlando de rudder
orlando de rudder
Publicité
Archives
7 janvier 2006

L'éternité par le pot-au-feu 2

Cette rêverie de la "marmite perpétuelle" n'est pas loin de celle de la Corne d'abondance. Cette marmite est aussi la cousine du palais de Dame Tartine et du pays de Cocagne. LE tout représente une santé pétulante et le goût de la vie, une nature d'avant l'écologie... d'avant la pathologie mentale de la santé à tout prix. LA bourgeoisie a topujours gardé le souvenir des ses origines. Elle s'est empifrée au XIXe.s parce que le spectre de la faim rôdait encore. Elle détestait souvent les pauvres parce qu'ils rappellent le temps passé, le temps historique, le temps de la faim, des terribles faims de l'époque de Louis XIV et de la Régence, des faims de toute mémoire, spécialement durant les époques que l'on cite en modèle d'harmonie, celles des classicismes et des beaux monuments. Versailles est bâtie sur des ventres creux. Le Parthénon est un monument au rachis. Une marmite perpétuelle, c'est le temps dévoré: non pas Chronos dévorant ses fils, mais les hommes maîtrisant leur faim dans la durée, se donnant à manger pur longtemps, revigorant le suc par le suc même, la vie par la vie même. La sainte faim devient la sacrée fringalle, la "male faim", celle qui fait délirer, qui obsède, qui hallucine et qui tue... Celle de la misère qu'opn veut oublier... Et l'on inventa d'une façon merveilleuse, des mets trop riches, une cuisine bourgeoise superfétatoire et une gastronomie humaine et aristocratique: évacuer le besoin pour trouver le plaisir! Sublimer la passion pur atteindre à l'art... nous en sommes pas loin de l'érotisme. Tuer le temps en vivant, sans avoir besoin de distractions ni de divertissements! Vivre et plonger le coq, ce qu'on qui coquerique le matin, dans la marmite afin de bouffer la durée, les saisons et les jours, les heures fugaces et Saturne lui-même, le Chronos abhorré! Dans ces conduites, il y avait aussi une volonté de gâchis, de trop, d'abondance: la santé! La véritable réaction saine et de bon aloi, Vivre, même si c'est vivre à en mourir d'indigestion! Etre enfin gros!!!! Et à l'époque de la faim, Jules Vallès, suvent mieux inspiré, écrivit ce fameux dialogue du gamin jetant un bout de pain et se faisant morigéner. On avait besoin, on a toujours besoin de la morale contraire, qui est une morale humaine et s'oppose à la perversion de l'esprit de sacrifice: Vivement le temps du gâchos, du trop, de l'excès, vivement l'époque où l'on jettera le foie gras, les truffes,le caviar par les fenêtres parce qu'on en aura trop et que personne m'aura plus faim; que tout le monde sera gros et heureux au,lieu de se faire maigre et sportif... au Gtand dam des anorexiques haineux (pléonasme? L'anorexie est un manque d'amour certes, mais aussi bien reçu que donné! ) et aux régimes luxueux des bourgois honteux, des végétariens hypocrites projetant sur les animaux leur désir de ne pas être ce qu'ils sont! Recherchant l'harmonie par le moindre, ils croient en leur équilibre et sont méchants.L'illusion du bonheur est un enfer tranquille. Vive l'amour dévorant! Et que des dents avides marquent un tantinet la peau nue de l'aimée! Car même l'amour qui mord défie la mort L'invention de la volupté gastronomique est passée par la goinfrerie, la nécessaire goinfrerie. PAr cette avidité due à la misère ancestrales: nous sommes fils et filles de la faim. LA cuisine traditionnelle? En général, dans l'histoire, c'est rien à la sauce néant, épicé par la mort qui rôde, friande de ventres affamés. Oui: la seule vraie recette de cuisine universelle et traditionnelle c'est rien, le vide, la faim, la mort. L'assiette creuse et le gros ventre effroyable des dénutris mourant. Aujourd'hui, la déshumanisation sous prétexte de santé nous fait trahir ce que nous sommes, la profondeur de l'humanité, la fidélité à l'histoire: Bouffer! Et bouffer trop parce qu'on nargue la misère, parce qu'on est heureux de digérer longuement avec cet extraordinaire interminable intestin qui nous fait savourer les siestes lourdes et lentes. Voire à deux et non dénuées de... disons de quelque ferveur gourmande! Et de rires à décoller le papier peint! A ce propos je me sopuviens du film tiré de Tom Jones de Fielding, de Tony Richardson, avec Albert Finney. Il s'y trouve une scène dans la quelle le héros fripon et une belle délurée se livrent à une dégustation d'huîtres exemplaire, érotique, certes, mais allant jusqu'à une salacité lyrique et somme toute poétique! De la beauté sans concession! LA faim a encore ces rituels: dans tel vollage du Nord, le Maire distribue des harengs, le jour d'une fête, en souvenir de la fin de la faim, de la cessation d'une famine de jadis... La marmite perpétuelle nous ramène à la perennité souhaitée de l'humanité. Vivre! ET c'est la santé, la vérité, la grandeur. Et, pendant ce temps, les bigots de Jésus ou de la santé jeûnent pour leur salut chrétien tandis que d'autre oeuvrent ainsi pur leur salut médical. Ils mourront en bonne santé. En vraie perversité, en vraie trahison de l'humain. En refus des désirs fondateurs... Et bin sûr, ils aimeront le pauvres, feront charité bien gluante. Ce qui est loin de l'amour, et de l'amour de la justice, fût-elle sociale! Désir? Le lien entre gastronomie et érotisme est assez bien montré, un peu partout pour que je n'en reparle point. Quelle marmite perpétuelle de l'amour? Ah, ce serait le bonheur! Comme disait une de mes amies au langage décidé: "j'aime me faire sauter,mais je préfèrerais parfois qu'on me rissolât". Il semble raisonnable de répondre: "viens ça que je te braise"!!! Et j'ai le souvenir d'amours d'été à l'étuvée, dans les moiteurs d'un mois d'août andalou... Anda! Luz! En avant, la lumière! (il s'agit de mon étymologie personnelle du mot "andalou"). Et d'autes oarystis en succulentes marinades et subtiles escavèches... Et là, il faut vraiment être deux en communion tonitruante! ET mon expérience pesonnelle d'une vie déjà longue de vieux débris allumé aux flamboyantes nostalgies quoique un peu mangées aux mites se souvient fort bien que les filles au régimes ont beau s'efforcer, il manquera toujours quelque chose de l'ordre du don durant leurs conduites érotiques... les mangeuses, maigres ou dodues sont plus riantes et, tant qu'à devenir cochons, on ne se dédit pas, on y va, on se confit dans l'ardeur ruisselante des bonheurs, des sucs, des parfums et des regardes aussi peurs que des diamants comestibles. Et ça mord, l'amour qui sait jouir de sa propre faim... parc qu'elle sera assouvie et même exaucée! J'ai eu de lachance dans ma vie: les femmes qui m'ont accompagnées furent généralement gourmandes, voire carnassières et parfois intelligentes comme des louves affamées , levant le coude avec grâce. Et, même s'il y a souvent eu des heurts, je n'ai pas manqué d'émerveillements. Merci la vie, merci la faim vaincue, merci le désir ardent et la poésie sublime de la matière, nous, la vie, la peau qui rosit au flush de repaison... Et peut-être qu'une dame de mon âge, à laquelle je pense souvent ,se reconnaîtra si elle lit ces lignes. Puisse t-elle savourer une nostalgie aussi gourmande que la mienne. JE serais bêtement fiérot, comme un vulgaire coq (à la bière!) de lui avoir laissé un souvenir aussi émerveillé que celui qu'elle a laissé en moi! Poil au doigt!
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité