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orlando de rudder
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14 juillet 2008

Bronislaw Geremek

Oubli fâcheux.

Il est d'usage, maintenant, dès qu'on parle d' "intellectuels", c'est à dire de savants et d'érudits, d'oublier leurs oeuvres au profit de leur activité politiques. C'est comme si l'on oubliait que Zola fut AUSSI un écrivain en ne parlant que de sa lutte pour Dreyfus. Il en est ainsi pour Geremek, qui vient de mourir: les nécrologies ne s'étendent pas assez sur l'oeuvre de cet historien exemplaire. Elle va de pair avec son engagement, est un modèle de clarté.De plus, c'est aussi un peu de mon histoire...Parlons-en.

Souvenirs.
L'activité politique de Bronislaw Geremek fut exemplaire. Qu'il me soit permis d'évoquer l'historien.Ce qui me ramène au temps jadis, celui de l'apprentissage. Celui de mes études et du travail. D'une vie entre deux mondes: le boulot pour vivre et l'étude. Et mon patron, Bernard Cerquiglini, dont je fus le premier thésard.

Jeunesse.
Je me passionnais pour la langue médiévale.Pour la littérature ancienne que Sarkozy déteste.  J'y voyais une paradoxale modernité d'écriture, quelque chose permettant à la fois de s'éloigner du psychologisme romanesque et des recherches modernes. Avec l'illusion du "récit pur"... J'étais jeune... Et le Moyen Age me servit de formation au métier d'écrivain. Par lui je plongeais dans la rhétorique d'Aristote tout en redécouvrant cette rhétorique avec la "nuvelle critique", Gérard Genette et consorts.en même temps, avec Greimas, qui publia un dictionnaire d'ancien français, je m'initiais à la linguistique, àla sémiologie que Bernard Cerquiglini appliqua aux textes médiévaux.Ce fut fécond et passionnant. ET je devins une sorte de goliard allumé, surnomme "déconnant d'oïl".

Jacques Le Goff.
De la langue à l'histoire le pas fut franchi et mes voici dans la salle des  Actes de l'Ecole Normale, suivant les cours de JAcques Le Goff. Car ils se déroulaient  à cet endroit, ces séminaires des Hautes Etudes en Sciences Sociales. L'anthropologie historique me passionna et Le Goff, grand prof, grand historien, grand bonhomme nous fascinait par la luminosité de son discours,par la puissance de sa pensée.  Et c'est lui qui nous fit connaître le travail de Bronislaw Geremek.

Délinquance et humanité.
Révélation tant dans l'harmonie que dans la méthode: toute la délinquance médiévale "revisitée" nous apparut dans sa co:mplexité. Les travaux de Geremek sur la misère, la marginalité, les gueux nous ouvrirent un monde, nous emmenèrent dans unMoyen Age autre.Terrible et fascinant. Un Tiers-Monde du passé. En pleine intelligence des choses. En humanité.

L'honneur,l'utilité, la lumière...
Geremek en recsapé du ghetto de Varsovie, en homme qui a connu l'ostracisme semble avoir eu de l'empathie pour les misérables d'autefois comme pour ceux de nos jours. Il représente la tradition des intellectuels, honnie de Sarko et des groins, qui luttent contre l'injustice depuis au moins l'Affaire Dreyfus (il y eut des historiens, parmi les dreyfiusards) et représentent à la fois l'honneur et l'utilité de ceux qui pensent, font savoir et connaître, offrent  la lumière de la connaissance.

Grands ouvrages.

Il n'est guère besoin d'être spécialiste, historien, érudit pour lire les ouvrages publiés de Geremek.Car, en dehors d'écrits universitaires technique, il nous a laissé de grands livres qui passionneront le lecteur gourmet, celui qui aime savoir et comprendre, celui qui aime aimer. Alors lisez les grands ouvrages de cet auteur splendide:

Les Marginaux parisiens au XIe et au XVe siècle, Flammarion (1976)
La Potence et la pitié. L'Europe des pauvres, du Moyen Age à nos jours, Gallimard (1987)
Les Fils de Caïn. L'image des pauvres et des vagabonds dans la littérature européenne, Flammarion (1991)

Vous ne le regretterez pas!

Merci.
Aujourd'hui, temps de réaction et d'anorexie culturelle, il est bon de célébrer ceux qui résistent, qui disent le vrai, le pur. Qui s'engagent et avancnet. L'anti intellectualisme refuse la vie, la justice et veut ignorer la qualité humaine de gens comme Geremek, de l'élite qui avance et montre l'exemple de la rigueur, de la solidarité, dela grandeur et de la fidélité aux principes d'amour. Voici les hautes vertus, l'intransigeance souriante et la tendresse envers ceux qui souffrent. Je vous remercie d'avoir vécu, Monsieur Geremek, ami du genre humain...

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