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orlando de rudder
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5 mars 2007

Bière à la dépression.

L'aubergiste entend le silence de  la nuit, malgré les gens qui parlent. Il l’entend à travers le bruit. Malgré ceux qui parlent fort. Comme pour couvrir le murmure des étoiles. Qui parlent pour être là et voir qu’on est pas mort.  Car la mort est la source de toute poésie. Mais on préfère parler avec des grosses blagues, lutiner la servante à la gifle facile. Esquiver son soufflet puis rire encore plus gras. Il faut savoir qu’on meurt pour célébrer la vie.

L’aubergiste sait aussi  écouter pétiller la bonne bière, celle qui coûte plus cher mais qui est bien meilleure. Il est un peu plus gras que son âme candide. C’est un homme tranquille aux colères très rares . Mais alors là, ça pète et ça ne s’oublie pas.

Le silence de la nuit, c’est du velours foncé. Ca console. On ne sait pas de quoi, mais ça console. Peut-être de tout. De rien. L’aubergiste ne sait pas.  Pourquoi le saurait-il ? Il n’y a pas de raison.

L’auberge est une étape sur la route des joies mornes. De la joie qu’on ressent dès la treille houblonnière : on passe sous les cônes qui encadrent la porte. Ca respire et voilà, on entre et puis l’on boit. Ca sent bon le houblon et les feuilles sont belles. Ce n’est pas si tant rien.

L’aubergiste navigue parmi les voix qui rient, la fumée des pipes et sa mélancolie. La gaîté des gens semble se figer parfois. On s’ébroue, et alors on oublie son effroi. Qui n’a pas renâclé en buvant de la bière ? Et durant un instant on comprend sans vouloir que notre joie est feinte et que tout est misère. On a frissonné vrai ! Heureusement qu’on reboit !

Le bruit cache quelque chose. Or ça, les voix s’enchaînent. Il faut qu’on les entende. On a peur du silence. Car le silence est fort et montre la vraie vie. On ne veut pas de ça. On a tort. C’est ainsi. 

L’aubergiste rêve souvent, même en plein son service. !Il y a des étoiles que lui seul pourrait voir. Et qui gémissent peut-être ou fredonnent des airs aussi amers et doux que Solveig, elle-même.

Des fois qu’on serait vrai on s’en irait soudain. Peut-être un soir d’hiver dans le froid de la nuit. Dans son silence obtus, mais tendre. On irait n’importe où. On en mourrait peut-être. Tandis que l’aubergiste remplirait d’autres verres.

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