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orlando de rudder
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2 mars 2007

Souque, souque marinier !

Souque, souque marinier !  J’aimais une fille douce.  Puis la guerre est venue.

Au café de l’écluse, sur les bords se la Sambre, la bière est douce-amère et la patronne est belle.

Je tue moi-même le temps de mon  fusil rapace Souque, souque, marinier ! Et l’eau fera des bulles, c’est toujours ça de pris.

Au café de l’écluse, sur les bords de la Sambre, faut voir le jour qui passe comme une péniche morne.

Souque, souque, marinier. La flamme de l’incendie se retourne en plein vent. Une épouse met la table dans la maison voisine.

Au café de l’écluse, sur les bords de la Sambre y’en a qui chantent faux. D’ailleurs, les autres aussi.

Mon fusil  pugnace assassine un instant, puis un jour tout entier! La feuille blanche et rouge du bloc éphéméride vole comme en plein d’automne, trouée de chevrotines.

Au café de l’écluse, sur les bords de la Sambre, si tu veux te faire voir, y aura des yeux pour ça.

Je n'attends plus personne, moribonds, morts-minute ceux qui crèvent trop vite ou alors pas assez. Souque, souque, marinier !

Au café de l’écluse, sur les bords de la Sambre, ce qui arrive ou pas, c’est du pareil au même. Le monde peut bougonner au bord du gouffre affreux ! Je suis en deuil comme l’ongle repoussant de nos morts.

Au café de l’écluse, sur les bords de la Sambre, on ferait bien la noce. Mais y’ a plus de mariés.

Et mon coeur se débine, sans amour, il pourrit. J’ai beau mettre de l’huile, elle tourne et rancit.   Elle nous épluche l’âme, cette fatalité !

Au café de l’écluse, sur les bords de la Sambre, il n’y pas de quoi rire, mais on rit tout de même.

Sur la gueule du ciel on va voir tomber dru les nuages de pierre et les pluies aiguillones !

Au café de l’écluse, sur les bords de la Sambre, ça vaut vraiment le coup de ne pas y aller.

Souque,souque,marinier

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Commentaires
P
Or voici une chose que certains imbéciles ne comprendront jamais : la prose d'Orlando ne se résume pas à ses coups de gueule incendiaires -et fort souvent justifiés-, elle est aussi ces beaux moments de tendresse vive et écorchée, puisant au plus profond de la chair la sève puissante des mots.
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