Noël en pleine gueule.
La fête bat son plein. En moi-même le silence. Un exil en dedans. Un désert qui se chante à voix douce, un peu molle, comme certaines poires de l’automne affligé. Ainsi ai-je aimé, ainsi ai-je vécu.
Et comme cette poire molle de l’automne trop lourd, je pense au cœur manié qu’on tiendrait dans la paume : en refermant les doigts on l’écrabouillerait. Abominable tentation : comme un oiseau blessé. Car il faut achever ce qui souffre, n’est-ce pas ?
Et le sang colle aux main en purée trop sucrée, trop épaisse. La fête bat son plein. C’est donc cela, l’amour ? Je ne le croirai plus, passant des Fastes aux Tristes
Je pense au cœur mangé comme un Petit-beurre Lu qui n’aurait que trois coins qu’on croquerait d’abord. La fête bat son plein et le vin et exquis.
Quelques regards se voilent, mais tout se reprend vite. Les petits cœurs qui saignent seront flambés à vif avec des boissons fortes et qui font frissonner. Comme des Petit-beurres Lu trempés dans un café qui serait arrosé de larmes alcoolisées.
La fête bat son plein, les aïeux s’émoustillent d’un doigt de crémant doux et confondent les enfants. Et les générations : un exil en plein cœur
Dans la vieille Amérique au solstice d’hiver on arrachait le cœur de victimes ivres-mortes pour adorer le soleil aussi long dans son temps que la Lune au sourire qui ne fait plus trop peur. La fête bat son plein.