Quérida Corrida!

La corrida , je trouve, que c'est très rigolo! On fait plein de chichis pour tuer un taureau! Les taureaux, je m'en fous, je préfère le bifteck: On tue beaucoup plus vite, ça fait moins de boulot et le sang succulent se mêle à notre corps en alchimie ardente que c'en est délicieux! Avec des frites, en plus, qu'on aura suppliciées comme les saints de jadis quand Rome était dans Rome, les bouchers à l'arène, les bourreaux à la chaine et la vie opportune! Y avait pas de bifteck. Non plus de corrida!

Anda! Luz! En avant, la lumière!

Quérida corrida, c'est tous les jours ta fête! Les gens qui n'aiment pas n'aiment pas plus que ça! Le brutal en-dedans ne veut pas que ça saigne. Il faut que la douleur détruise en cachette et sans jamais tacher le velours du salon, cet habit de lumière des bourgeoisies obscures! Mais le peuple au dehors aime le sang pour de vrai! Tant que c'est un taureau, on peut dormir tranquille: les coussins seront propres et les riches vivants!

Anda! Luz! En avant, la lumière!

Oui,mais la corrida, ça ressasse le divin! Et puis c'est Espagnol: le bien-pensant déteste. Moi je veux bien, c'est vrai. Mais après déjeuner: La mort est bien plus belle quand on rote à son aise. ET puis, j'aime, aux arènes, quand j'emmène mon chien! Ca lui plaît, il en bave, on s'émotionne à deux. Je suis plus chien que lui, sauf que je n'aboie pas. Et puis c'est interdit d'emmener son chien là. Dommage, car ça lui plaît, vu qu'il est naturel.

Anda! Luz! En avant, la lumière!

Alors la corrida, c'est humain, ça se peut. C'est la nature en vrai sans délire intello. ET c'est peut-ête pour ça que l'on peut la combattre! Contre nature, pour l'homme, ça serait justifié. Sauf qu'il faudra trouver des vacheries nouvelles! Et les muer en haine puisqu'on parle d'amour. En haine qui se tait, sournoise, aussi moche et visqueuse que la haine en famille. Vous savez?  Ca grince dans les silences des repas du dimanche! Dire qu'une bonne corrida pourrait soigner tout ça! Les taureaux seraient morts, sourds et émasculés. Et les vaches seront bien gardées. Par elles-mêmes. Ah! que paîtront les veaux!

Anda! Luz! En avant, la lumière!

N'empêche que le bifteck, quand c'est goôteux saignant, ça peut s'harmoniser par le meurtre d'un oeuf touillé en béarnaise. Ce n'estpas un poussin, alors on peut s'en foutre. Et puis, même un poussin, ça ne fait pas l'affaire pour une bonne corrida, saignante comme un bon steack. Ou bleue, comme le crépuscule, entre chien et loup, d'un joyeux jour des morts!

Anda! Luz! En avant, la lumière!

J'aime les animaux, mais moi, je les choisis. C'est personnel, à deux, pas vrac ou industrie. C'est de l'amour en vrai, pas généralement. Et j'aime l'homme qui lutte en courage, en ardeur, terrassant son image, la bête abstruse, mais aussi dangereuse qu'un vertueux oublieux de la violence intime qui lui permet d'aimer! Et dont la réaction montre la cruauté, la haine et l'oubli de l'humanité bonne! Je ne me regarde pas en train d'aimer aimer ni pour me rengorger de ma propre bonté: je suis cruel et sale, carnassier, malpoli, mais mon amour est vrai, cochon qui s'en dédit, à la broche et de lait!

Anda! Luz! En avant, la lumière!

Quant à tuer... voyons, qui donc s'en abstient? Et qui tue t-on tandis qu'on ne transgresse rien?