Rien!

Rien : si la vérité, ma vérité, telle vérité surgissant d’un néant, ben voyons, il y aurait tant de choses à dire et Socrate savait tout, sachant qu’il le savait. Il le nia, mais on le tua quand même : par lui-même ! Donc ça ne sert à rien de cacher le décelable. Ce qu’on savait déjà ! Nous savons tant de choses!

Rien : S’il est fou de souffrir, c’est aussi trop parce qu’on ne sait pas bien ranger ses affaires ! Je connais même des gens qui ne savent pas où ils ont bien pu fourrer leur violence ! Voire leur cruauté ! En général, elle se trouve devant leurs yeux. C’est un peu comme lorsqu’on cherche ses lunettes alors qu’on les a sur le nez… On ne les retrouve pas. Il faut un minimum d’ordre, je ne sors pas de là !

Rien : J’ai connu une femme qui ne se rendait pas compte que, dans le café, elle préférait le lait. Aussi le buvait-elle noir. Son frère agissait de la même façon. Mais c’était un homme : Socrate aussi. N’en parlons plus !

Rien : Le mieux serait de trouver une place pour chaque chose. En prévoyant large pour les plus grosses. Pour sa propre cruauté, il faut un grand cœur. Sinon, on risque de se faire mal, à soi-même. Et ce serait dommage : il est fou de souffrir !

Rien : Il n’y a aucun intérêt à renverser une tasse de café froid : ça ne fait que des taches. Et l’on vend des lessives d’une puissance extrême !

Rien : Evidemment, s’il y a une place pour chaque chose, on peut cacher les choses juste en les déplaçant. Et chercher ses lunettes, que l’on a sur le nez, avec un télescope. Ou un paratonnerre.

Rien : Mourir et une façon de ranger bien les choses. Encore faut-il laver sa propre cruauté pour la rendre évidente, pure et nue. Et c’est fort de café ! Les nuages ne sont pas des gouttes de lait au ciel. Même quand il fait noir.

Rien : si la vérité, ma vérité, telle vérité surgissant d’un néant, il faudrait pour la voir des lunettes très propre! La clarté serait forte et ce serait cruel. Donc ça ne sert à rien de cacher le décelable. Ce qu’on savait déjà : Rien !