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orlando de rudder
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22 novembre 2006

Edmond Goblot: la "classe possédante"!

Je continue ma lecture de LA Barrière et le Niveau d'Edmond Goblot. Voici un extrait du chapitre 2....

Clarté, précision, finesse... Et, s'il vous plaît, ne vous insurgez pas avant d'avoir bien pensé, remâché, médité ce texte de 1925. Il va plus loin que sa simplicité apparente peut le faire croire... Lisez en savourant et vous découvrirez aussi le côté "inacceptable" pour beaucoup de cette remise en question! Et cimbien ses limites n'ont pas trop d'importance: ça va loin, ça se dépasse... car il y a ainsi, des oeuvres qui "vont plus loin qu'elles-mêmes", allez savoir pourquoi... Ce sont toujours de grandes oeuve en soi! Attention: la première phrase ne concerne que la bourgeoisie!Lisons qu'il n'y a pas de démarquation entre le bourgeois riche et le bourgeois pauvre: ce qui précède dans le texte (qui est sur le net et que je vous conseille vriment de lire) le précise. Un esprit à la Pierre Garcin aurait déjà beuglé! Voici donc:

Il n'y a pas de démarcation entre le riche et le pauvre : on est plus ou moins riche. Il n'y a pas transition insensible entre les classes : on est bour­geois ou on ne l'est pas. La richesse ne peut donc pas, par elle-même, différen­cier des classes. Comme les habitants des « marches » accusent davantage, de part et d'autre de la frontière, et le sentiment national et les traits de nationalité qui les distinguent, ainsi les plus voisins de la frontière des classes sont ceux qui la maintiennent le mieux. Les uns s'appliquent à marquer qu'ils sont au-dessus de la limite ; les autres, par l'effort qu'ils font pour la franchir, signalent involontairement qu'ils sont au-dessous. Et, comme cette limite tombe au. beau milieu de ce qu'on appelle très improprement « la classe moyenne [1] »,  c'est là que les distinctions sont les plus nuancées et que la lutte est la plus âpre.

Comprendre ce qu'est la bourgeoisie, c'est découvrir pourquoi cette fron­tière, malgré la gradation insensible et continue que présente l'inégalité des richesses, est pourtant une démarcation précise et comme une cassure. Quand on multiplierait les sous-classes : haute, moyenne et petite bourgeoisie, de manière à rapprocher celle-ci de l'ouvrier aisé et du paysan propriétaire, quand on subdiviserait de même la classe populaire ; descendant par degrés jusqu'à ceux qui vivent de l'assistance publique, il resterait à expliquer. pourquoi tout ce qui est au-dessus d'un certain degré de « l'échelle sociale » forme une seule classe, la bourgeoisie, et tout ce qui est au-dessous, une seule classe, le peuple. Si l'on essayait de déterminer ces classes et ces sous-classes d'après des degrés de richesse, par exemple d'après des revenus annuels moyens comme ceux qu'établit l'administration des finances pour la perception de l'impôt [2]; ou bien ces limites seraient tout à fait artificielles et conventionnelles, ou bien il faudrait établir que ces inégalités de revenu correspondent à des  inégalités sociales d'une autre nature: Or, cela n'est pas. En fait, ni les classes ni les sous-classes ne coïncident avec des degrés de richesse : il y a des bourgeois pau­vres, qui restent bourgeois malgré leur pauvreté ; il y a des riches dans les classes populaires,.et ils peuvent être fort riches sans devenir bourgeois.

Il n'existe donc pas, il ne peut pas exister de « classe possédante ».

[1]      Il n'y a aucune impropriété à dire au pluriel « classes moyennes »

[2]         L'administration des finances ne pourrait d'ailleurs fournir, que la statistique des revenus déclarés, lesquels sont très différents des revenus réels. Ainsi « les revenus supérieurs à 50000 francs ne seraient qu'au nombre de 50419. Il suffit de rapprocher ce chiffre du nombre des automobiles en circulation pour apercevoir combien il est éloigné de la réalités » (P. Bodin, dans l'Information du 22 février 1914).


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