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orlando de rudder
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9 août 2006

Dans la forêt (moi, dans cette forêt-là...)

Moi, dans cette forêt-là, je vis à contre-jour. Des barres de soleil denses percent l’épais feuillage. J’entends courir les bêtes, cette qu’on ne voit guère. Flagrant délit d’humus : je respire en silence. Il y a tant d’autres souffles que le mien dans ce bois. Je vis sans infortune, ne me promène pas. Je marche, écrabouillant des brindilles minimes. C’est un art, être ici, en solitude immense. Il n’y a pas de raison à ma présence. Sinon que la forêt devient une famille. Une chaleureuse ambiance de célébration imprègne le vent qui passe et ne s’arrête pas. Moi, dans cette forêt-là, je vis à contresens. Et quand el vent du nord s’amuse à me glacer, je ris dans le tempo qui convient à mon cœur. Je sais que je suis là, ça me suffit, Mazette ! J’avance lentement pour savourer le jour… C’est le vent, comme un fouet, qui bat les gros nuages, les fait monter en neige en entremets céleste. Et si je marche ainsi ce n’est qu’à cause du fait qu’il n’y a pas de raison. Et si je veux m’asseoir auprès d’un très gros rouvre, je ne vois pas pourquoi je trouverais un sens à ce moment hardi de présence délicieuse. Sinon que je suis là, que j’aime les grands arbres. Et qu’il y a de l’amour dans une feuille de vieux hêtre. J’ai connu des forêts, que j’habitais parfois. Chacune comme pas deux m’est unique et précieuse. Voici un écureuil qui gravit en spirale un homme un peut tordu par le temps qu’il a fait. Et c’est parmi, les arbres que je me redécouvre, moi, la terre inconnue, familière et fugace, l’humus même de mes rêves et l’écriture hardie d’une pluie trop soudaine sur els feuilles vernies. Je serai tout mouillé comme un vieux chien pataud. Comme quelques oiseaux saisis d’averse en vol. Comme le scarabée lent écrasé par une goutte. Le soleil reviendra dès qu’il aura crevé le nuage neigeux, joufflu , madré, fessu qui décida : « je pleus »! Moi, dans cette forêt-là, je vais à contretemps. J’ai déjà parcouru ces sentiers autrefois. Suis-je hier ou demain ? c’est du pareil au même ! Et le temps s’amoncelle sans que les arbres changent.
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