Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
orlando de rudder
orlando de rudder
Publicité
Archives
27 mai 2006

La maison( intérieur).

J’habite comme hors de moi une maison vacharde On y tua une femme il y a un siècle ou deux. Ou, encore deux femmes, il y a plus longtemps. LA chronique, la légende n’en disent pas grand chose. Je n’ai pas payé cher cette propriété. Elle demande qu’on fasse gaffe, mais elle n’est pas hantée. Sinon par moi, le même, qui continue d’y être… Il y a un grand couloir genre trachée-artère. Le petit trot du jour m’amuse de ci, de là. Le silence me flanque plein de courage et j’en prends plein les dents. Je voudrais perdre la clef de ma porte de bois. Parfois, j’essaie encore, je n’y parviens jamais. J’épluche le papier peint, un foutu d’autrefois qui se ride et s’étiole, à quoi bon le changer ? Ma maison s’organise autour d’un vide fécond. Des floraisons d’yeux roux m’y regardent comme des cons. Voilà bien leur déveine, pauvre, automne pour du beurre. Des regards à mille maux, voici ce qu’ils me jettent. JE crois qu’il y a des chats se promenant la nuit. Mais pas des chats normaux, des griffus, certes, encore… Mais des chats bien trop tristes pour le vague soleil. Au fait, moi : je m’en fous. Je préfère d’autres viandes. C’est une maison violente qui caresse et qui griffe : on y est comme en ventre de mère emprisonné. La grande grille est morte, faute de savoir rouiller. Une femme est venue dans ma maison sournoise. Je crois qu’elle court encore. Elle s’appelait Marie ou un nom comme ça. Mais elle n’a rien compris en faisant le ménage. Parce qu’elle voulut le faire, et moi, je n’ai rien dit. Certaines femmes sont ainsi, ne s’en empêchent pas, ça leur bouffe la vie, mais ça leur va de soi. La poussière a vaincu. Moi, je la laisse faire : plus forte qu’une femme, c’est à considérer. Le nom de la maison ne vous dirait rien. Regardez au passage les brassées de fleurs noires. Certaines sentent la rose ou la sale navrance. L’architecte a bâti cette demeure en pleurant. Et la poutre maîtresse obéit à tout vent. Le toit veut battre des ailes comme un papillon gris. Il n’y a de dieu qu’absent Vous ne reviendrez pas. Ne m’en parlez donc plus…
Publicité
Publicité
Commentaires
M
quel beau passage alors !! chair de coq pour moi. chapeau.<br /> j'ai presque envie de te dire, orlando! balance le blog et n'écris plus que ça, des passages qui renversent le monde comme ça avec l'encre des jours à arpenter son couloir l'encre aux lèvres.
Publicité