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orlando de rudder
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13 janvier 2006

Mélancolie pratique 20 nouveaux éléments, et fin

(Tombeau). Un livre n’est jamais que le tombeau provisoire d’une joie intime . Jacques Pierre Amette, Ma Vie, Mon Œuvre, 2001 . Ce tombeau grouille de vie. Loin du bouillon d’onze heure, c’est celui de culture !C’est une boîte à diable : loin de céler un cadavre, il délivre la turgescence d’un farceur qui n’est pas mort, puisqu’il bande encore ! Il y en a de la place, dans un livre ! Ca gicle de partout : les gens, les arbres, les degrés de conscience, les plaisirs et les jours ! Ca urge ! Sacré bouquin, Ô conserve de fraîcheur infinie ! Réservoir de Yahoos , de tomtes , de lutins, d’ondines, de kobolds hallucinés ! au point d’en ébarnoufler Julien Gracq : il voyait dans Proust une sorte de potage en sachet montrant le miracle d’un brin de persil hallucinant de verdeur vivace. Il ne lui manque que la parole. Même pas : c’est écrit ! C’est pourtant ça : la nourriture terrestre demeure toujours fraîche dès qu’on ouvre les pages. Si le livre devient tombeau cd’est qu’il y a de la mort chez son lecteur. Surtout chez le premier : l’auteur. Que doit l’innocence du livre à la nature du texte qu’il contient ? Qui s’ennuie n’aime pas. Ecrire est un acte d’amour. Lire haineusement ? voici du possible… Le livre et le texte ne font qu’un. Mais pas comme ça, tout simplement. Chrysolalie : ça parle d’or. Entre chacune des pages… nous sommes loin du vampire à la Tournier. Nous accdédons à la vie. Imaginons un livre neuf, un beau livre, non rogné, sans colère, placide dont on doit couper les pages à l’aide, et allez donc, d’un coupe-papier d’ivoire… Continuons, affûtons l’instrument afin de couper l’épaisseur même du folio… Impossible ? certes, comme vivre. Donc, on le fait quand même pour obtenir deux surfaces blanches, identiques, en miroir. Foutons-y les ailes symétriques d’un joli papillon en guise de signet… Et voici deux identités identiques et sans texte apparent. La guillotine du massicot n’y peut rien : ça fonctionnerait si on pouvait, si on voulait. Un instrument plus précis, l’idoine des idpoines, peut-être, un laser assidu nous permettrait la chose. Qu’y aurait-il de plus vain ? Lire, écrire, aimer, vivre. Chaque livre a son destin. Chacun de nous aussi. Avec de l’épaisseur. Entre midi et page. Et du matin au soir. La joie intime de lire ressemble pour moi à celle d’écrire. Le lecteur écrit l’œuvre dans da façon de la lire. On voit, par la critique, combien sont de mauvais écrivain. C’est encore pire dans les magazines féminins machistes : des dadames jugent généralement des hommes. On donne sa vie et l’on récupère du conformisme… Lire en écrivant, écrire en lisant : il s’agit d’une méthode, d’une façon d’être opérationnelle. Loin de constituer un tombeau, mon écriture ressemble à une pile électrique, une arche d’alliance. J’alterne, en écrivant, le souffle profond qui me place en état alpha (c’est pareil quand on lit bien), puisque ça devient méditation (ce qui suit la contemplation, l’activité), et les fébrilités soudaines, lorsque le cœur rassemble ses troupes pour l’assaut amoureux de la phrase. C’est souvent le moment de changer d’instrument. de troquer le clavier pour un stylo à plume, le crayon pour un stylobille ou une plume à tremper dans l’encre : prendre un autre temps, un autre souffle… c’est aussi le moment de changer de posture, selon l’instrument. De changer d’Etat. De façon d’être en soi. Lacordaire disait qu’une âme est un grand peuple : ce moment arrive progressivement : c’est l’apothéose de la grammaire, de sa tendresse infinie. Lire, écrire : ce qui nous advient à ces moments devrait être mieux étudié. Un vrai lecteur est un yogi : il vit autrement. A t-on enregistré les émissions d’ondes du cerveau durant ces actes ? A t-on évalué les échanges de substances chimiques qui se déroulent sous nos crânes, cependant ? Le souffle ne suffit pas, sinon nous serions Dieu.
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Commentaires
N
"Si le livre devient tombeau cd’est qu’il y a de la mort chez son lecteur."<br /> <br /> Un livre : C'est la meilleure chose à tenir dans ses doigts. à part...
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