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orlando de rudder
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25 août 2009

Que faire en cas de Malherbe ?

 


Fatuité.

« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ! » Cette phrase ne vous révolte pas ? Ce parangon de la petite-bourgeoisie langagière est une bêtise doublé d’une erreur ;d’abord parce qu’elle sous-entend la certitude d’une langue « en soi » qui fonctionnerait toute seule indépendamment du locuteur, une langue mécanique. Elle serait effectivement la langue épatante d’un robot. C’est négliger l’émotion qui fait bredouiller ou même bégueter alors qu’on conçoit fort bien ce que l’on ressent. C’est négliger le cri, la Goétie antique… Et les possibilité langagière de mensonge, de dissimulations et de sournoiseries par « double-entendre » et autres pratiques de ce ce type. C’est oublier l’hermétisme, volonté de celer pour révéler autrement…C’est castrer la langue. C’est la vouloir « pure », immuable et Boileau prit parti contre les modernes dans la querelle des anciens s’y opposant. C’est répugnant de fatuité méprisante.

Social, politique, économique, culture : le mépris !

L’ennui pour les puristes et autres régulateurs besogneux à la Boileau, c’est que ça n’existe pas, une langue comme ça, malgré le rêve policier et policé des puristes. Lesquels croient effectivement qu’elle existe, car c’est plus élégant que de prendre conscience qu’on est méprisant, classiste, ostraciste tout en flirtant souvent avec le racisme à la » Ya bon Banania » , slogan inénarrable rédigé pour se foutre de la gueule des « Nègres » par des gens qui savaient écrire : Tout ce qui est purisme st social et tend à mépriser ceux qui « parlent mal » ou « écrivent mal »..en général ceux qui n’ont pas le bagage culturel nécessaire, les humbles, les pauvres. Car, nous dit Vaugelas, le modèle est la parlure de la « partie saine » de la Cour… un tas d’agioteurs visqueux et obséquieux, quoi… Le commun, le « vulgaire » n’ont pas droit de cité. Ce classisme, ce mépris est de l’ordre du « viscéral », du dégoût de l’autre et s’apparente au raciste : « Mon zami parle petit-nègre »…et de rire ! Il n’y a pas de langue en soi, mais une langue de bois puriste qui conçoit aisément la domination sociale ou culturelle, voire les deux. C’est dégueulasse.

Une science enfin humaine !

Ce Monsieur Boileau, comme Vaugelas, était irrascible. Comme Malherbe aussi, obsédé d’une clarté stérile. Il y a du pisse-froid dans ces attitudes grammairiennes. Elles continuent d’exister, avec ljustement, las vieilles grammaires toutes politiquement au service du pouvoir ! Car il n’y a rien dans les vieilles considérations et discipline du langage qui ne soit politique, économique, social. C’est pour ceci qu’on a inventé la linguistique, d’ailleurs bien plus claire à condition de l’étudier sans parti pris d’obsolescence. Elle tend à étudier la langue en elle-même, pur elle-même sans ce fatras esthétisant orienté. Elle se se veut science, l’est et refuse l’ « indignation vertueuse » du salaud critiquant par exemple « la langue des jeunes », celle des immigrés de banlieue qui sont souvent français, ou le « franglais » (où est-il d’ailleurs ?). Mais comme toute science, toute rigueur féconde, la linguistique propose un émerveillement, une tendresse pour la langue, pour son système si efficace, si pertinent, si juteux et gouleyant ! On est loin du mépris puriste ! On est dans la vie et l’on admire au lieu de vilipender… La linguistique est une science humaine. Seulement, comme en maths, en cuisine, en menuiserie, comme chez les éboueurs ou les fabricants de nouilles, il y a un vocabulaire particulier qui déroute les ignares volontaires, ceux qui n’ont pas la soif d’apprendre, la faim de connaître, le désir de savoir et l’amour rivé au corps comme à l’esprit… c’est con, hein. Moi, je dis « miam » quand je ne comprends pas, car je sais que je vais me régaler en apprenant ce que j’ignore, ce qui me déroute encore et qui me régalera bientôt ! Obscur ? Abstrus ?Abscons ?Le langage technique du linguiste ? N’oublions que le premier élève de l’école obligatoire, venant de la campagne et entendant des termes comme « épithète » ou « conjonction de coordination a dû avoir la même rédaction… Ca déroute, le savoir,la connaissance..Est-ce donc fait pour ça ? C’est clair mais ça ne le semble pas ! Bien fait pour les veules, les larvaires et les paresseux !

Art poétique !

Le malheureux Boileau a donc écrit la phrase qui nous occupe dans un Art poétique… ben voyons.. ;Loin de Villon, qui le précéda dans la poésie, sauf qu’on n’est pas dans la même catégorie, de du Bellay qui ne négligeait pas d’écouter els humbles crocheteurs de la halle au foin, loin de Verlaine qui veut qu’il y ait « quelque méprise » dans la poésie, Boileau légifère, cuistre plat, flic et curé. Cela dit, rien n’est mieux conçu que la poésie de Mallarmé. Elle est cependant claire : Tout Mallarmé est dans le Littré disait le pourtant immonde Léautaud. Le tout est d’être à l’écoute et d’ouvrir son cœur. Ce qui permet aussi de comprendre une chanson créole ou une fatrasie wallonne !

Vive le français, aussi divers que varié , nonpareil et semblable, différent et comme tel!

Oui, je préfère Mallarmé à Boileau, Verlaine à Vaugelas : j’aime la langue et je veux la connaître « pour de vrai » et non en crachat sur la gueule de ceux qui « parlent mal ». De quel droit les jugerais-je ? Quelle est cette prétention incroyable du purisme ? Oui, le français m’émerveille, de Racine à Villon, de Léon-Gontrand Damas à Julos Beaucarne, de Cafougnette à Guignol , de Césaire à Ouin-ouin! Du patois terroireux au sabir techniôlogistesque, du verlan à la parlure ch’ti, du « langage des banlieues », si inventif, à l’occitan, reconstitué qui, come disait Vialatte, se maîtrise facilement après quelques années de latin, de l’ancien français au louchebème , du javanais au siarçnarf gaullien, sorte de verlan orthographique pas commode à l’oral! Le français est divers et n’a jamais été autant parlé dans le monde. Sa grandeur est diverse, dans le temps et dans l’espace. Et c’est une sacrée torgnole dans la gueule des cuistraillons vivant dans la sphère riquiqui des purismanies boileautesque de la flicarderie vaugelassante, de la curetaillerie malherbistique ,le tout constituant un genre de sorte d’espèce d’écologisme frugal voulant nous donner un langage allégé, au régime sec convenant à tous ceux qui pratiquent l’anorexie culturelle ou le maigre savoir orthonormé sans gourmandise qu’il suffit de débiter parcimonieusement pour n’avoir pas l’air con dans une société de gniarfs pouacreuse, poisseuse, visqueuse et vicieuse, possédée par le « démon de la pureté »!

 

 

Une grammaire lisible et efficace ? Wagner et Pinchon ! Vous m’en direz des nouvelles !

Et pour le reste, pour la tendresse, la saveur, pour la compréhension du langage, il y a toujours le livre de Julia Kristeva, un livre amical: Le Langage, cet inconnu... Faut-il vraiment être immigré, comme elle, comme François Cheng, pour conprendre et aimer le français?

 

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Commentaires
A
De toutes façon, en cas de Malherbe, deux trois pshit de roundeup (dans les zoeils, c'est plus mieux) et hop !
O
Bien au contraire, je célèbre le langae des banlieues autant que la langue de Diderot. Et, comme Vilar, je prône "l'élitisme pour tous"!Comme je lutte contre l'anorexie culturelle qui est renfermement, voire égoïsme!<br /> Pour Villon, c'est un peu différent: il écrivait volontarment dans un fr'ançais déjà archaïque en son temps. Il n'avait rien de "populaire", pas plus qwue Rabelais, l'intello par excellence!
M
Ne pas commettre d'excès en fustigeant à l'envers et à rebrousse-poil la langue française!Dans "Defense et illustration...", il fallait enrichir une nouvelle langue, avec des emprunts langagiers, des innovations...Puis , il fallut l'assagir, mais cela s'adressait aux poètes, et non aux rudes travailleurs ignorants!<br /> Villon en est bien un exemple, sans une réelle maîtrise du langage, il eût été pendu... et suspendu!<br /> Ne pas oublier que cette maÎtrise ne s'acquiert<br /> qu'avec beaucoup de manipulations, comme au cirque, et que les jongleurs ont une habileté mécanique!<br /> vos critiques ne s'adressent qu'à une élite intellectuelle.
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