Jus d’époque.
Jus d’époque.
J’aurais bien
bu un jus d’époque si de beaux fruits avaient
poussé. Des fruits sévères à marchander mais qui se sucrent une fois pressés.
Quand une époque a bien donné, la cueillette semble facile. Mais c’est plus
amer qu’on le croit !
Le fruit d’époque a de la cuisse, même lorsqu’on
l’a frigorifié. IL porte aussi bien des
douleurs que de mornes félicités. Mais des joies fortes l’accompagnent :
il faut savoir les déguster.
Si l’on sent le goût de néant, il faut ajouter la
pitié. Pour certains ça fait mal aux dents. Le jus d’époque, surtout le rouge,
peut se boire en toute saisons. Encore faut-il être confiant !
Mais cette année ne fut pas bonne et la récolte
demeure mince. Par temps calme ça pourrait aller, mais j’entends venir un grand
vent. Le jus d’époque trop agité ne vaut pas un coup de piquette. A moins qu’il
ait plu l’avant-veille, ça donne un bon goût de peau fraîche.
Les saisons les meilleures à boire ne sont pas
toutes ensoleillées. Mais l’amateur sait ce qu’il fait. Aussi, n’en parlons
plus, allez !