Morilles, macaques, tilleul, patates…
La durée ? Curieusement ça broie… Même l’ombre glacée du tilleul et le givre ! jusque là ! vous êtes dans l’eau ? C’est
pareil :Ca broie ! Ca découpe aussi
tout ce qui a été traîné dans la vie, ça veut parfois même le réduire en compote . Pour faire durer l’amour, il faut
de l’énergie. Tiens l’angélus est en avance !
Mon silence en dit long ! Mais je vais le broyer. Quand on
va aux morilles, l faut avoir du feu. Prêt. Pour chauffer. Et puis du vin ?
Jaune, peut-être. Pour déglacer la poêle qu’on pose sur les braise, dans la
grande cheminée. Moi, j’aimerais l’amour, pourvu qu’on me le donne !
Beauté de l’éphémère ! Encore faut-il avoir le temps de le
dire avant que la nostalgie remplace le
moment qui s’enfuit ! Le temps est un macaque qui se frappe la tête ! Et puis
qui tourne en rond car penser c’est peser. L’amour des marguerites, c’est
toujours du chiqué. Comme pour la clepsydre, il faut savoir compter. Même la
durée n’a pas le temps !
Mon panier de morilles est lourd, ça fait plaisir. Je me
suis levé tôt. Quand je suis revenu mon pas à remué le gravier crépitant. Il
faisait frais sous les tilleul. Quand je m’en souviendrai, un frisson me
prendra. Et en fermant les yeux, je humerais encore, et ceci de mémoire, le
parfum des morilles et de l’arbre à tisane qui m’évoque Berlin et la tante
Léonie. Mon cœur en arythmie aime à cloche-pied.
Parce que dès qu’on pense qu’on repensera au moment qui
fait mal par sa douceur subtile, évanescente , on vit la nostalgie d’un miment
à venir qui se souviendra de celui là, ici ! Et surtout maintenant, qui est
déjà du passé. Et dans l’ hic du nunc y a de l’ubi qui
traîne ! Les macaques nous ressemblent. On se demande pourquoi. Puis, la
plupart du temps, on pense à autre
chose.
Alors il faut des horloges et des cadrans solaires, des
clepsydres près des pieds que l ’on trempe dans l’eau… Comme des patates douces à la façon macaque
! Ou du blé ensablé… Ou le tilleul qui
dit qu’on va vite se coucher… Sauf que
l’eau est bouillante et pas du tout
salée. C’est mauvais pour le cœur .Mais non point pour les pieds.
En se rapprochant la durée nous éloigne. La nostalgie
doit-être mijotée pour bien faire. C’est une sorte de morille : Crue, elle nous
empoisonne. Comme les patates. Et ça
broie encore plus. Le temps, l’instant, la durée… L’amour à la macaque m’amuserait
assez.
Tiens, il faut remettre du bois dans la cheminée. chaque
instant compte Ensuite ? On verra bien
! Le charme provient de l’ancien presbytère. Rien ne se perd, rien n’est perdu.
Même les ruines et les ombres. La compote de patate veut du sucre de canne. Le
froid durera jusqu’aux matines.
Les macaques savent prévoir. Ils peuvent manger des patates crues sans dommage.CA ne les
empoisonne pas. Les morilles ? Je ne
sais pas ! Y en a t-il chez les macaques ? S’il n’y en a pas, en rêvent-ils
? Je ne sais pas non plus, mais il
peuvent prévoir. Je vous l’ai déjà dit. Pour le tilleul du soir, on préfère le
miel. Avec un peu d’alcool ? Le balancier de la comtoise ? Cœur de laiton sous
peau de bois !
La durée montre les dents. Osons dire que nous la voyons. Hic
et même nunc. Sed ubi ? Dans la cheminée, j’ai mis du bois de
charme. Ca brûle comme il faut. Tout le monde est content. Les macaques savent
trier le blé que l’on mélange au sable. Ils ont les pieds salés pour les avoir
trempés dans la mer à la plage. Voici le glas qui essorille..
Malignement, ça broie… Le tilleul se réchauffe. Jusqu’ici.
Sortons les pieds de l’eau : ça ne rafraîchit plus. Sortons les patates aussi !
Et même le blé ! Où ai-je donc foutu
mon panier de morilles ? Mélangeons les
mémoires en marmelade épaisse. Oui, la
durée s’acharne à devenir Histoire ! Quand on est immobile on avance quand
même.