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orlando de rudder
orlando de rudder
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9 juin 2008

A propos d’un vieux débat sur la misère au sein du groupe "le livre et nous" sur internet:

Il faut éviter la bien pensance et le social. LA misère est, en elle-même, une violence contre la société, même si les misérables n'en ont pas conscience. LA misère est l'objet d'une industrie fabuleuse et sert à nourrir le social, les actants du social, comme elle sert la propagande religieuse. Ecoutez quelques-uns parmi les pauvres! Certains vous diraient qu'avant, les pauvres étaient entre eux, géraient leur misère comme ils le pouvaient (je parle dans les villes du monde capitaliste) avaient créé une très dure "société parallèle". Aujourd’hui, beaucoup ont le sentiment qu'on leur a volé leur seul bien: leur misère... N'oubliez jamais qu'au bout d'un certain temps, on s'habitue, on ne veut plus en sortir, c'est notre vie. Et l'on rejette absolument les curé et les assistantes sociales!!! C'est comme le froid: la misère vous insensibilise, on s'engourdit, on vit, on tremble, on ne sait pus si on tremble, on est comme ça. On a plus envie de changer. Et c'est dur et doux à la fois. On a changé d'identité, on est le clochard, et c'est notre définition. C'est devenu une odeur, on pue la pauvreté, on est la pauvreté... Ce qui suffit pour vivre. C'est comme une famille, une nation, une patrie... non: il n'y a pas de mot, c'est l'être... Et ceux qui veulent aider atteignent cet être. Un clochard survit en moyenne quatre ou cinq ans, paraît-il. Le maire de PAris a décidé qu'on ne placerait plus son cadavre dans un caveau à décomposition accélérée, mais qu'il aurait une tombe avec son nom au fameux cimetière de Thiais. Ca pose des problèmes de place... J'ai été très choqué par le discours sur els illuminations de Noël: c'est vraiment l'aubaine pour le clodo. LEs gens se sentent plein d'une bonté gluante de complaisance. Avec les guirlandes, leur sentiment de compassion, de générosité sublime est attisé. Si le clodo prend une mine bien humble, bien timide, il peut se faire plus de dix euros devant la porte d'un magasin. De plus, les vigiles, en ces périodes osent moins le virer. Ou alors en douce, mais avec des gnons, souvent S'il a du bagout, s'il a bien préparé un discours soigneusement hypocrite genre gnangnan cucul, pour la paix sur la terre il peut obtenir encore plus de fric. Quand on sait un peut s'exprimer, on écrit (hé oui!) des discours tout faits (du genre de ceux qu'on balance dans les trains en partance) parlant de dignité de rester propres et de volonté de s'en sortir pour les autres à qui on les vend ! Eh oui, on peut rester écrivain dans la cloche. A Noël, on s'inspire des déclarations du pape ou de mère Teresa (il y a des pauvres qui la haïssent!!!!!! Eh oui, l'identité!) Et l'on torche des plaidoyers à réciter d'une voix hésitante mais claire, à la fois soumise et décidée pour apitoyer les gens, en se plaçant près des lumières scintillantes. Ce en sont que des souvenirs. Celui, surtout, de la rage, de la haine, de la méchanceté qui habite le pauvre, celui qui n'ose pas prendre un couteau, tuer n'importe qui, sauvagement, rageusement, en le piétinant, en l'aplatissant, pour l'abolir, pour l'enfoncer dans la terre, pour créer une masse de sang informe et de viscères broyés, d'os réduits en bouillie. J'exprime ici ce vieux fantasme qui ressort si souvent quand des clodos se parlent... C'est une haine incommensurable... Elle s'applique aussi aux gens du "social", ces profiteurs, "pires que les curés".. Il ne fait pas se frotter à la misère et les métiers de dévouements sont méprisés, honnis... même si, voyez jusqu'où ça va, on dit parfois: "y en a quand même des biens"! On croirait un discours bêtement raciste!!! Heureusement que les clodos ne s'occupent pas d'internet. Je ne pense pas que cette série de discours sur la misère leur plairait... Le réel est aussi fait de bassesse et d'abjection: cette haine, pourtant, m'a parfois semblé sainte. Aujourd'hui je ne sais plus; je ne suis plus un pauvre... Suis-je devenu traître? Même si le souvenir de la cloche me colle à la peau, la misère n'imprègne plus mes os. Je suis redevenu observateur. Et tout ça m’écœure, me fait mal, me dégoûte...
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