Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
orlando de rudder
orlando de rudder
Publicité
Archives
5 juin 2008

L’imitation du jet.

Le duc aux dents drues n'était pas sortable. Non pas seulement, sachez-le, par ses gestes incongrus, ni par sa façon de glapir le castillan. Mais surtout par sa virtuosité pour le jet mimé. Ce fut parfois le clou de soirées mémorables. Leur irrévocable gâchis. Surtout durant l’été. D’où le charmant décolleté des femmes.

Il se consacrait, le Duc, à cette imitation célèbre dans n’importe quelle circonstance Et non seulement dans les bals à sujet, les mascarades. Vous pouvez m’en croire, c’est du parfait certain !

Le Duc tenait cet étrange talent d’un Talapoin de passage, un homme sans prétention avec une barbe drôle. Dans les pays lointains, on dit que cet usage peut faire venir la pluie lors de grandes sécheresses. Voyant qu’on la singe, l’eau décide de contrefaire cette imitation et se met à tomber à grosses gouttes capables de cabosser les salades en acier des farouches alguazils. Pas mal de voyageurs on relaté la chose au point que nul ne doute de sa véracité.

Alors, il se situait à grands pas au milieu du gazon d’une pelouse, levait les bras au ciel. Et, par toute une série de contorsions devenait pareil à un grand jet d’eau. Ou à plusieurs petits comme il y en a parfois dans les patios anciens ornés de s’azulejos et autres majoliques. On croyait voir l’eau gicler. On la sentait ! Oui ! Incroyable ! Stupéfiant ! Hallucinant !

Alors, on croyait que l’air devenait plus frais. Cette sensation portait une certaine violence touchant au vraisemblable dont on ne doute pas. Aussi avait-on froid, présentement, pour sûr. Les femmes déployaient leurs châles sur leurs poitrines horripilées Il ne restait plus qu’à rentrer dans la grande salle. Et à danser au son d’un orchestre andalou. Je tiens ces informations d’une source très sûre..

Seulement voilà le Duc suivait. Or il lui fallait bien une heure ou deux pour ne plus ressembler à un jet d’eau comme deux gouttes l’une à l’autre. Ou deux moitiés d’orange. C’est l’ennui des contractions extrêmes, des grimaces délibérées : Pour s’en défaire, ça dure. Alors on ne pouvait pas danser longtemps : la sensation de fraîcheur devenait froidure, s’avivant jusqu’au gel et l’orchestre peinait dans la malagueña. Tous les témoins sont formels et concordent !

Ensuite, le duc, hilare, sortait en éclaboussant tout le monde, pissait sur les tapis, afin d’en rajouter dans le genre aqueux. Puis, il emmenait une donzelle, marquise ou gouvernante qu’il happait au passage. Et qui ne résistait pas : Les femmes du cru sont chaudes du cœur.

Il s’en allait avec elle. , Dans le bosquet verdoyant pour mimer, cette fois, l’incendie Rien que pour elle. Il le faisait parfaitement et l’on croyait voir les arbres brûler. Il tenait ce talent d’un Ouzbek voyageur aviné tout à fait imbécile quoique diplômé d'Etat. Ca ne vaut donc pas la peine d’en parler plus avant, quoique tout être soit digne d’intérêt aux yeux du Seigneur. Sauf qu’il n’était pas là ce jour. Alors, laissons tomber, si vous le voulez bien.

Il la mordait habilement à des endroits incongrus, d’après un observateur intègre. Oui, de toutes ses dents drues. Il savait y faire, ce coquin, d’une façon efficace, quoique de mauvais goût. A faire rougir un Talapoin car ces gens-là sont prudes d’après ce qu’on en dit. Les Ouzbeks peut-être moins. Le Duc continuait d’une manière vulgaire. Ce qui pâmait la donzelle, je ne vous dis que ça ! Car il les choisissait de mœurs très plumassières ! Quand le mot juste manque, disons n’importe quoi.

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Un texte virtuose dont vous nous donnerez peut-être le secret dans un prochain poème !
Publicité