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orlando de rudder
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14 mars 2008

Mon poilu à moi: Pépé.

Le "dernier poilu"... Voici qui m'évoque Louis de Rudder, mon grand père, ajusteur parigot de la Bastoche. Ouvrier qui, bien sûr, refusait de parler argot! On ne vivait pas dans le folklore bourgeois actuel des Renaud et compagnie: on était fier de faire partie de "l'aristocratie ouvrière", d'aimer son métier, d'y exceller... Cet homme là, auquel je ressemble, s'est retrouvé au fort de Vaux.Il a bien fallu se battre.Tuer. Mériter les honneurs qu'il trouva ridicule et les décorations qu'il ne portait pas. La réalité, c'était la boue et la merde (il ne le disait pas ainsi!) la mort omniprésente,le ventre éclaté des copains... La trouille et les pieds gelés. Cinquante ans après, il fallait encore les soigner, ces pîeds morts ou presque. Et je me souviens d'une colère que je jugeai alors ridicule,pârce que je marchais pieds-nus sur le carrelage... Pépé amoindri, Pépé blessé, avec tant d'amour qui ne sortait pas, tant de lenteur et de brisures. Pépé qui se taisait trop souvent et qui se réveillait en suraut, avec des cauchemars de guerre harcelant parfois ses nuits. Pépé, détruit par la guerre comme tant et tant d'autres...Pépé et ses pommes de terre à l'ail, sa bière d'immigré flamand de je ne sais quele génération (si, je sais), Pépé plus que vieux, héros, mais ne s'en rendantpas compte malgré les citations du livret militaire... Tout ce que la mort donne quand on passe à côté. Pépé, résistant durant l'occupation, autant qu'il l'a pu... Et qui croyait que le Coca Cola guérirait l'alcoolisme: naïf, généreux,perdu dans les brumes de visions intérieures indicibles, de souvenirs atroces... Et moi, petit garçon.La première génération a n'avoir pas connu la guerre. On ne m'a pas remis de fusil. Je n'ai pas dû tuer. Le mal ne m'a pas atteint. Pépé... Je t'ai si mal compris, si mal entendu... La guerre était déjà si loin. Il a fallu tant de temps pour que je comprenne... Et la mort du dernier poilu français pur que je t'écrive. Elle revient au galop.
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