Mon silence est un chien.

Mon silence est un chien cochon qui s’en dédit il mord sans aboyer de ses dents biscornues. Il a la hargne à l’œil et le poil hérissé : mon silence est un chien qu’on a dressé pour tuer le temps. Il bave l’inquiétude et l’aboi de rogomme il croquerait le foie même de la Madonne. Mon silence est un chien de ma chienne venu aux poignards d’incisives à déchirure intense il a des bons côtés comme un fusil qui dort. Mon silence est un chien qui s’attache aux saucisses, rassasié de boyaux et de cerveaux flappis. Mon silence est un chien aux molaires d’œil pour œil, un croqueur de regard qui n’ a pas froid aux yeux. Fourrant sa truffe au cul des potins passagers il protège ma vie de la mode obsédante. Mon silence est un chien de fenêtre assiégée et même qu’il a le chic pour tuer l’envahisseur. Mon silence et un chien de trottoir où l’on glisse de caniveau manqué sous la pluie chattemite ou le soleil vachard ou le vent alouvi. Mon silence est un chien de traîne-patinoire : en pissant sur la glace il sait qu’il fera choir. Dans ma maison tranquille le silence s’étale, la queue du chat balance et le chien va bouffer.