Fatigue sereine.

Comme il s’et mis en colère, il s’est couché. Il ne rêve que de rien. Pages blanches, foutu livre. Quand il tue lentement, il sent qu’il n’est pas mort. Et ça dure. Tuons des gens robustes, ça permet de se sentir vivant plus longuement. Même si c’et du travail ! Mais on n’a rien sans rien. Il n’y a guère d’autre moyen pour devenir un dieu. Pour devenir Dieu, soi-même. Alors, il n’a plus besoin de franchise sous la langue, comme certains remèdes. Il se souvient de l’enfant qu’il fut et qu’il a tué. Quand un dieu se suicide, un autre prend sa place. Et l’adulte a détrôné l’enfant , ce salaud. Faites-en autant, pour voir ! Car c’est pas du gâteau ! Ceux qui tuent pour manger ne comprennent rien à rien ! L’enfant avait aussi l’esprit flocon. Il s’était installé quelque temps dans les Vosges. Il y trouva sa solitude, même si manger, c’est tuer. Alors il est parti, dans une vallée verte. Et c’est ainsi qu’il devint un assassin correct, tiré à quatre épingles et pas fier pour deux sous. Il n’aime pas la colère : quand elle monte, il se couche. Il faut tuer calmement, sans malveillance aucune, mais avec une cruauté mécanique et sereine. Sinon, on ne sent pas qu’on est un dieu vivant. Les autres ne vous croient pas : il faut aussi les tuer. On se tue au travail avec cette méthode. Sauf qu’on n’a pas le choix ! On a beau dire, la vie, c’est vraiment fatigant !