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orlando de rudder
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27 octobre 2007

Il faut des Pénélope pour que les larmes servent !

Le voyage n’est nécessaire qu’aux imaginations courtes.

Colette, Belles saisons, 1945.

La vie m’a voyagé, j’ai bourlingué sévère. Les racines arrachées, c’est  nerfs en crise ébouriffés. Le vent du large m’oscille comme un freluquet nul. Il a fallu partir avant de revenir. Et puis quand on revient c’est du pareil au même. Tout a changé pourtant, l’espace nous a bougés.

Tout voyageur revient en étranger chez lui. Il n’y a pas de retour, mais du soi qui s’enfuit. Revenir au bercail… tiens, ma mère a vieilli. Ou encore elle est morte. Repartir ? Quel ennui…même si Pénélope a l’air d’un pauvre andouille : cette fidélité deviendra étouffante. La vertu, c’est gentil, pour se marrer, y a mieux.

Des femmes de marin aux larmes trop serviles se délitent à la con au lieu de vivre vrai. Complément d’élément : c’est s’envoyer en l’air comme un menu propos quand l’homme est à la mer, qu’on le mène en bateau et que le feu habite et qu’on doit opiner.

Pénélope, ça va bien, qu’elle fasse tapisserie ! Au bout de pas longtemps, ça devient routinier ! On se croirait ailleurs, parmi les exotiques qui nous ressemblent tant qu’on urge de partir. Alors, la Pénélope, si c’est comme ailleurs, autant faire comme ici en la délaissant sec ! Adultérons mafflu : c’est cuisine bourgeoise à la comme chez soi quand on est revenu et que chez soi, y a plus pour cause de voyage !

Adultérons mafflu, ce n’est pas du départ mais de l’itinéraire ! Il y a bien la voisine, mais une femme ou l’autre, c’est encore du voyage : j’en ai marre des tickets. Randonner la donzelle, ça me plairait bien assez faut faire des manières, ça sert de passeport.

Si la terre se calmait, ça ne changerait pas et j’aurais, sacrédié, le même sol sous mes pas ! Quand on saute à pieds-joints on ne retombe pas sur la même touffe d’herbe ou trottoir, ou caca ! Car la terre a bougé, tourneboulante estrace,  et moi  ça m’estampille des visas tout tremblés.

Demeurer immobile sur une terre qui bouge, ça devient aussi dru que la, prière muette ! Pur savourer la vie faut des trains à l’arrêt et des quai pour voir fuir le temps heureux du jours. Et des wagons qui vaquent vers des guerres ignobles. En restant là, planqué pour manger des saucisses. Parce qu’on a tout perdu, que la lutte est céans, et qu’en se maintenant on vivra tout de suite.

Contemporain du jour, moi je ne saute pas dans les navires en vue ou les voiture partantes. Et je piétine la terre pour lui apprendre à vivre. Sauf que c’est moi qui vit la nostalgie ardente d’être tout le temps ailleurs, sauf que je suis ainsi : Maintenir maintenant n’est point facile à vivre. Il faut savoir croquer des révoltes acariâtres, demeurer pour choisir en quel endroit on meurt, construire une bâtisse et avoir un vieux chien.

Voyager m’ennuya mais ça passionne les gens. Alors quand je raconte je tais les sales misères. L’ailleurs tout aussi moche que tous les ici-bas et les très beaux pays où l’on s’emmerde tant parmi ;es paysages de paradis pour cons. Je suis le conquérant du sédentaire radieux : la terre me plairait tant si elle ne tournait pas. Alors je partirais et ce serait tant mieux !

Il faut des Pénélope pour que les larmes servent ! En demeurant ici pour les voir attristées :Admirons la grandeur d’une femme qui souffre. Comme le voyageur qui vient de la quitter. Et qui s’en va quand même pour tout recommencer ! Demeurer immobile sur une terre nomade ne manque pas de vigueur ni même de cruauté !

Demeurer immobile sur une terre nomade, ça devient aussi con que de trop voyager, ça devient aussitôt que le soir de la vie dont on obtient le suc par la  voracité. La terre tourne sous nos pas, et  les jadis pensaient que mieux vaut quitter l’Est. Fallait voir les hordes et les tas de bestiaux. Moi, si je restais là, je mangerais du gras et je serais heureux !

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