Tout art est viande !
Tout art est viande ! C’est vrai qu’il faut saigner pour tout simplifier, c’est-à-dire : cathédrale ! Cathédrale de bœuf tué aux côtes ogivales ! Cette morsure du temps dans notre chair bien rouge est un beau mythe à rêves ! Foin des explications, jugulons les discours… Il suffit d’un regard, la bonne viande fait tout voir, elle reconnaît son âme.
Tout art est viande ! Ce qui demande aussi que l’on cesse d’être pou ! Il faut que nous sachions ses gestes du « vous êtes » et le sang de la vie. Mots de chairs ; mots d’amour… Être là, ça suffit ! Cathédrale de bœuf, avec toute l’araignée en guise de croix sacrée ! Redonnez-moi le sang des jeunesses qui durent en battant le pavé des fortunes à venir, des intentions salaces et de l’aujourd’hui-miam!
Tout art est viande ! Mortels, ça me suffit ! Ô la flamme menstruée à chaque jour qui vaut. A chaque temps qui vaille ! Ô foie repu suintant des ancolies bien jaunes ! Dératons-nous enfin, noircissons nos entrailles, que la mélancolie nous balance son rire comme sur une enclume un quelconque marteau ! Attachons nos cheveux par des tresses de hampe ! Ils voleront au vent dès la viande mangée !
Tout art est viande ! Demain le sens aura réputé le quelqu’un ! L’ego halluciné des créations foutraques ! La ferveur du moi pur et du je qui s’esclaffe ! L’art nous mâche et nous broie, fantastique molaire ! Il enseigne la parole autant que l’herbe vive et que la voûte humide de l’église saignante ! Le vol lourd des macreuses traversera la nef comme des obus de rubis, grenats ou roses rouges.
Tout art est viande ! Ainsi, ça nous pénètre, ô reposant mystère ! Il suffit d’un regard et ça nourrit le cœur. Et ça comble le ventre ! Nos plaies seront soignées par mille cris stridents ! On entendra un bruit, un peu plus tard, le soir, un bruit assez semblable. A un nez sans histoire qui trompette l’amour en coryza vibrant ! Ou en épistaxis coulant dans le vin blanc !
Tout art est viande ! C’est vrai qu’on simplifie par le geste qui reste d’abord devant l’église en profane qui attend. Il la faut, cette morsure ! N’attendons pas plus tard ! Chaque rêve s’allie aux mythes résurgents, à la coulée de sève, d’abord verte et puis sang ! Mélancolie qui poisse et puis qui colle aux dents, il suffit d’un regard, puis d’un ventre béant ! Et d’un je-ne-sais-quoi.