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orlando de rudder
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5 mars 2007

La clôture

J’avais enfin réparé la clôture. Soledad buvait une  bière. Elle m’a parlé du  bouvreuil, de la grive. J’aime son  langage. Mais je suis encore plus amoureux de sa mémoire. On dirait un soleil.  J’y suis entré un jour. J’y resterai, dit-elle…

Le bouvreuil intrépide a  fini sous les dents du chat. En plein réveil matinal. Avec la  franchise du jour levé. Soledad me dit qu’il y a aussi, dans ça mémoire, des   décombres crasseux .Un beau jour, j’irai voir.

La mémoire ne connaît pas le sommeil C’est pourtant  charmant. Les yeux de Soledad, quand elle rit trop fort, ou parmi son plaisir, pleurent de l'encre noire. Elle s’alourdit le regard avec du mascara.

Souvent, quand elle pêche, au bord de la rivière, je la contemple de loin. Je n’aime pas la pêche. Même s’il y a du silence. De l’attente. Et du poisson bonnard à cuire sous la cendre.
Elle me dit qu’elle se sent beaucoup trop fille du temps. C’est pourtant le sort commun. Mais elle…

J’ai beau la câliner, la margouillauder, l’aimer, je n’entre pas dans sa mémoire. Je sais que j’y suis .Mais est-ce bien moi ? Ou une image lucide, comme celle que projette une lanterne magique, sur un drap, dans une chambre sans lumière ?

Le chat regarde souvent la lune. Mais il n’est pas certain qu’il sache lui parler. Soledad, comme moi , parle souvent au chat. Je ne pense pas que ça le dérange. Sauf après un bouvreuil, quand il l’a bien mangé. Il préfère dormir.

Maintenant qu’elle est réparée, je pense qu’il va falloir repeindre la clôture.  Mais de quelle couleur ?  Soledad hésite, elle aussi. Dans sa mémoire, dit-elle , on trouve toute sorte de clôtures, barrières et portes. Très peu sont de la même couleur.  Il va falloir choisir…  Et c’est toute une histoire.

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Commentaires
P
Ah les clôtures ! <br /> Quand j'étais enfant, notre voisin, Monsieur S. était employé à la préfecture, violoniste amateur et chef de l' Harmonie Fanfare. Quand il ne dirigeait pas la fanfare, quand il ne jouait pas du violon, il repeignait la clôture de son jardin. La clôture était un grillage. C'est ainsi que pendant des mois, j'ai vu avec fascination Monsieur S. peindre sa clôture fil par fil, avec à la main droite un pinceau à aquarelle et dans la main gauche un tout petit pot de peinture Valentine... C'est ainsi que j'ai vraiment et très tôt compris ce qu'était "être contemplatif"...
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