Les Droits de l'homme...

Il est fort difficile de torturer une souris. Mais, comme je suis un vrai intellectuel, et même un « bobo », donc un être complet, je me suis renseigné et j’ai peu, avec patience, fabriquer les instruments miniature nécessaires. Il a fallu lire beaucoup de documents sur les différentes méthodes. Car je voulais une efficacité éprouvée ! J’ai donc lu et relu de nombreux grimoires ainsi que quelques ouvrages modernes, américains pour la plupart. Le tout étant fortement mystique, mais distrayant. J'ai évidemment forgé "à l'ancienne", en respectant la nature, sans utiliser d'alliages bizarres et avec un feu de forge non polluant!

Bien qu’ayant retapé trois maisons beaucoup mieux que pas mal de maçons professionnels et escrocs, bien qu’ayant construit mon propre rebec (j’aime la musique médiévale) durant un stage de lutherie, je n’avais pas la connaissance manuelle de la forge. Et surtout de la mini-forge. J’ai appris, avec quelques ratages. Un intello, vous  dis-je ! Un vrai  bobo : Celui qui sait! Je parviens, en plus longtemps, mais toujours et en mieux  à faire ce que font les ouvriers, les artisans. Et ceci dans les règles de l'art, en respectant les méthodes traditionnelles et l'environnement! Tandis qu’eux, ils ne pourront jamais faire ni comprendre ce que je fais, moi !

J’ai commencé par un piège à souris efficace et  intelligent, laissant la bête vivante. Cette salope rongeait mes livres ! Il fallait la punir. Et salement ! C’était mon devoir ! … On ne touche pas aux livres ! Ni aux autres précieux documents du passé! C'est notre patrimoine! Et les bêtes doivent rester à leur place ! Non, mais !

J’avais tout préparé ! Aussi, une fois la souris capturée, la séance a commencé. Lui arracher les  griffes avec la petite pince que j’avais forgée fut un jeu d’enfant. Je pris mon temps pour que la souffrance dure, devienne insoutenable! Je suis très méthodique grâce à ma formation universitaire. Ensuite, l'application des minuscules  fers rougis fut assez amusante. J’opérai méthodiquement, en évitant de me laisser aller à un sentiment de joie féroce, en chassant de moi les sales pulsions animales qui demeurent, hélas, au fond de nous tous !  Il fallait agir avec rigueur, avec conscience du devoir et sans passion. Néanmoins, je riais tout seul en tourmentant le mammifère coupable d’une faute impardonnable : Elle avait rongé, l’ordure, une superbe planche imprimée du XVIIIe.s.  ! Un très beau texte : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen !