26 août 2006
Sur le quai de la Sambre
Sur le quai de la Sambre vivait une femme triste. Peut-être même brutale. Elle existait sans façon, va-de-la-gueule s’il en fût. Assise au bout du bar, elle zieutait le journal, soigneusement indifférente. Maubeuge, certains jours, prend des allures marines.
La presse de la région ne relatait jamais que des nouvelles frugales, rien d’important, sinon quelques meurtres ordinaires et autres vols sans grâce. Rien qui parle d’aimer ni de passion certaine.
Elle lisait, cependant. Pour oublier. L’amour, l’amour lui hérissait le dos. Elle pleurait parfois lors des nuits amicales, quand il daignait pleuvoir. La solitude cet impossible, demeure quotidienne. Et ça la rendait rogue lorsqu’elle buvait trop.
Parfois les souvenirs lui agressaient le cœur. Elle brillait des deux yeux et son âme essuyait une tempête moindre, adoucie par le temps ou la résignation. Plus calmement cruelle qu’autrefois. Un maquillage ardent, dont elle s’oignait toujours cachait cette tristesse et l’effroi renouvelé de penser qu’après tout, l’ amour, l’amour, bof…On ne sait plus, on ne sait pas, c’est du passé, parlons-en pas.
Souffrant à petit feu, elle regardait alors quelqu’un, ou quelqu’un d’autre que ça intimidait. Et qui ne disait rien. Surtout rien.
Alors, devant la vie, les hommes, de son sourire idoine, elle soupirait sans bruit, voire se mouchait un peu, commandait une bière et la buvait sans soif.
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