Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
orlando de rudder
orlando de rudder
Publicité
Archives
24 juin 2006

Jeunes gens d'autrefois

J’ai peu connu Jacques Lanzmann : j’ai un peu travaillé pour lui et je me souviens de sa maison, à Tours et de cet énorme et effrayant ara fort agressif qu’elle abritait. Mont père ne l’aimait pas beaucoup. Ils étaient les « deux rouquins » de Saint-Germain-des-Prés. Et je ne sais quel différent les avaient brouillés depuis des décennies. Aujourd’hui, on ne saurait comprendre Les gens de cette époque, de ce milieu. Les media s’étonnent de tout ce que Lanzmann a pu faire : mineur, rédacteur en chef de Lui, garçon de ferme, etc. Et même : etc ! C’est oublier ce que furent certains jeunes gens de cette génération et de la suivante ! Du moins dans ce genre de milieu disparate qui nous adonné tant de personnalités nécessaires. De milieu ? Voici déjà un problème : Comment le définir ? Entre Rezvani,le persant, Moustache,le fils d’entrepreneur, Boris Vian, de la bourgeoisie planplan et ingénieur tranquille, Mario Ruspoli, prince du sang, Remo Forlani, fils de maçon immigré italien, Edith Perret, dont le père travaillait chez Jeumont-Schneider, Hélène Duc, arrivant tout droit de Bergerac, Claude Accursi, fils d’un fabriquant d’automates, Nimier, aristocrate et fils de l’inventeur de l’horloge parlante, jean-Pierre Duprey, l'insoumis, Jean Carteret,le Martien, Robert le Mâle, l'errant, John Ashberry poète impeccable, Ehrlich, le fou, Alice Sapritch, la Turque, spectaculaire, Nora Mitrani et tant d’autres, fils et flles de charcutiers, de notaires, de militaires, d’ouvriers… C’était un monde « hors classe » et se déclassant… on n'y parlait guère de féminism, on le pratiquait sans le savoir, les femmes (et quelles femmes! Greco, Edith Perret, Hélène Duc, Sapritch, Tsilla Shelton, et j'en passe) vivant pareillement leur liberté d'une façon spontanée! PAs de quérulence ou de victimat: de l'action, de l'art, de la poésie, du rire! CEs gens paratiquaient, sans le savoir, le "don de soi" à un certain idéal non formulé, un art de vivre.Il s ne pensaient gère à leur avenir. A notre époque ou "l'idéal standard" (oui: c'est aussi une marque de chiottes, c'est pour cela que j'emploie cette expression) cache en fait l'obsession pouacreuse de "recevoir sans donner" , d'exhiber d'une façon obscène des "performances émotives" , c'est une leçon cinglante! Il y avait eu l’Occupation. Ils découvraient la liberté. Et, même si certains, comme Boris Vian, avaient un travail de fonctionnaire, la plupart refusaient le travail.Du moins le trvail ordinaire, le salariat planplan qui avait souvent bousillé la vie de leurs parents, comme c’est trop souvent le cas : sécurité d’emploi, sécurité d’ennui…Tonton Remo Forlani le dit carrément dans Toujours vif et joyeux. Et les biographies de ces gens surprennent aujourd’hui : on les voit travailler bêtement quand il n’y a pas de sous , puis se barrer. Tel fut dans une banque. Il plaisait au supérieur hiérarchique : on voulait lui proposer une promotion, son avenir semblait assuré. Ben non : il est parti en Chine ou est devenu montreur d’ours (je n’exagère pas !). Alains Gheerbrandt (dont il existe un beau portrait par Antonin Artaud) parcourut l’Amazonie, devint fodnateur d’une grande librairie germanopratine, d’une galerie, puis écrivit, avec Chevallier, ce fameux Dictionnaire des Symboles… Mon père : décorateur de théâtre, puis peintre, figurant, gérant de galerie d’art, directeur de théâtre, journaliste puis plus particulièrement chroniqueur gastronomique, en oubliant mille boulots intermédiaires. Tput en cultivant, comme tant d'autres, d'une façon sporadique, l'art austère de ne pas bouffer tous ls jours... Il faut lire les souvenirs de Rezvani, de Lanzmann pour comprendre. Et encore ne peut-on peut-être pas comprendre, aujourd’hui, dans ce monde où le salariat devient obligatoire, ou la pression sociale opprime ceux qui ne le sont pas en leur interdisant de trouver un logement, entre autres exactions… La mort de Lanzmann représente pour moi la fin des hommes et des femmes libres, un peu cigales, parfois fourmis, qui vivaient vraiment au lieu de végéter. Ces gens, avec des vies mouvementées, semble avoir plus aimé leurs enfants que maintenant, tout en étant parfois irresponsables… Musiciens, employés ou commerçants ou artisans (le frère de Boris Vian réparait les limonaires et les pianos mécaniques),ils vivaient des hauts t des bas, mais vivaient. J’ai vécu ainsi, sans même imaginer autre chose. Mais ma jeunesse fut plus âpre : après 68, le monde s’est resserré autour de la soumission à l’emploi. Non plus au métier ou au travail :à l’emploi. Et ces jeunes gens des années 50, cependant, avaient une conscience politique : ce fut le début, par exemple, de ce qui agace tant le travailleur planplan : les association d’artistes, avec militance accrue à la SACEM,pr exemple (les biens des musiciens juifs ayant été « gelés » !!!!) , groupements de comédiens qui ont abouti aux intermittents du spectacle tant décriés par les ordinaires du boulot, etc… Oui, c’est un peu de moi, d ce dont je suis constitué qui part avec Lanzmann. Après la mort de mon père, j’avais déjà ressenti cela, mais la distance change ma perspective : il ne s’agit pas seulement de moi, mais d’un état d’esprit généreux comme d’un art de vivre… J’étais là, môme, traîné au théâtre, parfois dans les boîtes de jazz, allant partout, voyant tout, croyant que tout le monde avait du talent. Ce cher vieux Remo Forlani raconte ceci dans La Déglingue et surtout dans Toujours vif et joyeux, deux livres épatants dans lesquels il raconte les folies vécues en compagnie de mon père, de Maurice Ronet, Jacques Noël, Tsilla Shelton (tatie danielle !)… Et de certaines dames qu’il ne nomme pas, mais que j’ai reconnue et qui, ayant occupé des places importants et respectables ne voudraient pas qu’on rappelle leurs frasques sympathiques mais parfois peu convenables ! Bourlingueurs, poètes, employés de banque, peintres, garçons de café, musiciens... C'est là que commença la traditoin des universitaires fauchés devenant livreurs ou coursiers, surdiplômés mais ne digant pas faire carrière à l'univesité... Tout ces fous de la vie, ces hommes et ces femmes, ces post-zazous sont ma famille. Mes racines. MEs racines intrnationales: Dominguez, le peintre venu d'Amérique Centrale, Forlani, le rital francisé, Cossery, l'Egyptien, Geco, la Corse, Moustache, le Grec,Rezvani, le Persan Mouloudji le nord-Africain et les jazzmen français, américain, suédois... Et je suis assez triste d voir les jeunes gens d’aujourd’hui militer pour la sécurité de l’emploi, l’assurance d’une vie sans surprise tandis que l’on rassemble plus facilement les gens pour sauvegarder les retraites que contre la faim dans le monde, pour protéger les bébés phoques plutôt que faire cesser les dictatures… Car ce fut aussi l’époque des grands mouvements « d’intellos », c’est à dire de ces gens, qui furent d’une efficacité grandiose : la fin de la guerre d’Algérie est due à l’opinion, comme celle de la guerre du Viet Nam. Plus tard, grâce à Edith Perret et Claude Bourdet, on a sauvé des prisonnières politiques au Chili, des femmes torturées, violées… Car une demi-douzaine d’artistes échevelés se montraient plus efficaces qu’un corps d’armée ou qu’un mouvement massif de travailleurs ! Et là aussi, ils donnèrent une bonne leçon qu’on ne leur pardonne pas ! D’où « l’anti-intellectualisme » d’aujourd’hui… Oui, c’est un peu de moi-même qui s’en va… Mais cette nostalgie demeur énergique et fondatrice : on ne construit que par nostalgie musclée, affamée, fervente ! Le reste est du bricolage !
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité