Gâteau d’amour !

Lingot de beurre, comme l’or fondu : vivre à temps plein, et vivre trop ! Devenir ogre de l’air ambiant, du temps qui passe, ô ma fringale ! Viande tendre et juteuse à souhait, ça sent le feu et l’abondance, le poème cru, la crème fraîche : l’excès sincère se nomme amour ! Voici le pain, comme il est souple ! Il est charnel et glutineux, il sent la durée nostalgique et le plaisir d’être soi-même ! Voici le vin qui saigne dru, voici ma vie en espérance, ma faim terrible, mon cœur, mon cul ! Voici le trop d’engoulevent, la soulerie de chaque instant, la vérité crèmeuse à souhait, le nonchaloir quand on a faim et le mépris de la misère : que mon souffle devienne opulence ! Avec mon coeur aux petits oignons! Vertes pâtures à l’herbe grasse, verdeur subtile du désir fou, je ne vis pas de guerre lasse et j’ai envie de bouffer tout ! Rajoute une louche de matière grasse, de crème de beurre et de saindoux, de la saucisse et de l’alcool des fruits insolents et goûteux ! Rajoute des fleurs inconvenantes, et des papillons de chair fraîche, des brumes trop sucrées d’insolence et des boissons qui cassent tout ! Rajoute l’amour en mitonnage, l’amour qui brûle à petit-feu ou qui se sauve d’un coup d’un seul comme le lait qui a boullu ! C’est en surprise de cocagne qu’on saura partir avec lui, le savourer comme un festin ou en crever par manque de soi ! En abondance et recouvrance, en chair humaine et tendre peau, que la vie nous soit succulente et que l’amour soit du gâteau !