Extradition.

Avant , j’examinais de mauvais souvenirs. Je vivais quelque part dans le fond de moi-même, pas loin de ma lumière, mais dans l’obscurité. Peut-être me trouvais-je dans mon estomac : je ne sais plus, je ne sais pas. Mon âme se la jouait en guise de Jonas : c’est une toute petite âme pour une morne baleine. J’aurais pu être bien, douillettement digeste. Et puis je suis sorti dans un arrachement . J’ai eu juste assez mal pour qu’on puisse me plaindre. Ce fut ma faute à moi ! Aurais-je dû comprendre ? Et me voici dehors, en pleine aube astringente avec quelques couleurs qui vous pètent à la gueule. Et la mer éperdue pleine de cétacés qu’on mangeait autrefois et d’autres qu’il vaut mieux pas parce qu’ils sont trop gras. Alors j’ai commencé à broyer le retard de ma vie. J’ai dévoré ma montre pour fabriquer un cœur. J’ai rencontré une femme qui avait faim d’espoir. Je ne l’ai pas mangée : je digérais ma montre. La vie qui s’ensuivit fut pleine d’échéances. Depuis, chaque matin, je gargouille du ventre. Par chance, j’aime les tartines et la vie en commun. Je me fous des baleines autant que des dauphins Et même mon estomac rêve d’extradition !.