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orlando de rudder
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25 février 2006

L’amant des sept sœurs.

Sept sœurs, sept visages. Je les ai rencontrées auprès de la fontaine. Elles m’ont emmené en chantant de vieux airs. Leurs sept voix sont exquises. Elles ont peur du temps.Mais moi seul ai vieilli .Et je m’en suis allé. La première que je vis n’était pas la cadette.Mais je n’ai rien compris aux ordres de naissance. C’est avec une voix forte qu’elle s’est présentée, avant de m’embrasser : Je me nomme Jeanne-Silence, c’est idiot, comme nom. L’Anxiété m’arrache au monde, je me distrais avec des cris. Non pas d’angoisse, mais de joliesse : y a de l’amour dans mon grand lit. Je m’ennuie d’avance parce que tout va cesser. Le plaisir comme le reste. Donc l’amant de passage m’agace. Je voudrais souffrir. A quoi ça servirait ? Devenir un grand cri n’a point d’utilité. Ô grouille, ma misère, comme un grand plat d’insectes : ça fait du sentiment ! La deuxième, plus rieuse se montra tentatrice. On s’est foudroyé dans son lit. Je l’entends encore se déclarer ainsi : Je m’appelle Pomme-Stridence, viens, arrache ma peau : ce n’est qu’un masque, je suis dedans, bien plus au fond ! Si j’ai des os, faut qu’on les casse : je veux partir pour très longtemps. Je ne veux plus de mes deux yeux, ni de mon cœur qui cogne en brute. Je suis ardente et je suis froide, ma main se glace, mes deux seins brûlent : l’amour est vaste. Je veux mourir en renaissant. Dehors le ciel sera livide.Tous ces nuages m’horripilent. Le désir n’est qu’une folie ! Je fus l’amant des sept sœurs. J’étais fort jeune en ce temps-là. Chacune aimait à sa mesure. Et la troisième m’envoûta en sussurant d’un air fûté : Mon prénom ? Marjolaine-Passe-temps.C’est à cause de ma mère. Des colères froides m’ont habitée. J’en ai vomies à profusion. Mais je en voudrais pas aimer, juste jouir à ma façon. Ma liberté, glorieuse lumière, m’empêche de vivre à ma mesure. Je ne rêve pas d’aventure : juste d’être là, je ne peux pas. Faut qu’elles s’en aillent toutes ces pensées ou qu’elles me payent un loyer. Il y a des rêves qu’ont peut payer. Mais les plus chers Sont à crédit. La quatrième me séduisit par sa façon de se tenir. Un beau maintien ne suffit pas, mais ça permet la bienveillance. Et c’est ainsi qu’elle me parla : Je ne suis pas la plus jeune.La plus vieille non plus. Bintje-Médiane est mon prénom.Je trouve que c’est bête. Il y a des oiseaux qui pleurent lorsque je les engueule. Pour me venger, pardi ! Je n’aime pas les oiseaux. Quant viendra mon envol ? Je chatouille mon ventre avec des plumes arrachées. Ca ne m’amuse pas : ça ne fait que calmer. Mon désir me surprend comme un gros urticaire. Il me faut bien quelqu’un pour assouvir mon corps. Mais pas n’importe qui : je n’aime pas les gens. C’est comme les oiseaux, ça s’installe un moment. Et puis dès le printemps, ça fuit à tire l’aile… La cinquième parut chafouine. On s’est fourvoyé dans son lit. Et dans les grands draps de métis, elle m’a proclamé son nom : Au jour de mon baptême, ça claqua comme une gifle : on m’appela Fière-Distance. Il faut que je m’en foute. Le grain de beauté qui stelle mon épaule n’a rien de solitaire sur mon corps tout entier. Mais j’ai un peu de mal à le regarder. Ca me tord le cou, et si cela se trouve, ça fait saillir quelques tendons. Si j’aime la lumière, elle me le rend bien. Aucune aspérité ne rend mes fesses rudes. Je mange des aspérules, ça me donne les yeux verts. Avec un mal de ventre. Je veux de la beauté. Elle est comme mon grain. Pas forcément unique… Viens ! La sixième parut fondante comme un bonbon évanescent. Elle m’a fait peur. Je l’ai câlinée doucement parce qu’ele tremblait. Ou qu’elle faisait semblant. Ca m’égratigne le souvenir. Ecoutons-la dire son nom. Je me présente : Franche-Inquiétude. Je suis fausse grimace travestie en sourire. Je ne triche pas, non. Je suis un leurre exquis, puisqu’on me trouve belle. J’ai l’air mystérieux : ça plaît aux imbéciles. Je m’endurcis les ongles afin de mieux griffer. J’adore ma fatigue et mon cœur est trop lourd. Si je parle toute seule ce n’est jamais à moi. Mon cœur frétille, c’est vrai. Mais je suis presque méchante. Sauf que l’éternité saura me donner tort. En attendant, voici : je suis fort avenante ! La septième m’enivra. J’ai bu ses larmes comme sa sueur. C’est une source d’abondance. Elle étancha toutes mes soifs. Elle venait sur mes genoux, comme un bébé qui a grandi. Et voici donc ses vraies paroles : Je suis l’aînée, je crois, Anne-Marie boit-sans-soif, princesse alcoolisée, hautaine et prétentieuse ! Glorieux vin ! Ô, pétrole du moteur de mon âme ! J’aime dans mon ivresse ce rien du tout flatteur qui me donne la brûlure. La brûlure, catastrophe, explosion, sarabande ! Glorieux vin ! Je bois à la bouteille et ça bave partout, sur mon menton, mes seins mes cuisses de femme assise. Des fois, ça dégouline et je ris aux éclats.Fous-moi le camp, l’amour, je en veux pas de toi ! Glorieux vin ! Glorieux vin ! Glorieux vin ! Glorieux vin ! Sept sœurs, sept gloires et puis sept présence. Je les ai rencontrées dans une chambre haute. Avec quatre fenêtre aux quatre points cardinaux. Elles connaissent des histoires que personne ne veut croire. Alors, je suis parti, de peur de les aimer. J’aime tant les histoires que je ne connais pas.
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