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orlando de rudder
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15 février 2006

Claude Bourdet

S’il est une personne que j’admire, que je respecte, c’est bien Claude Bourdet. Personnage prestigieux, me dira t-on. Certes, mais le respect n’est pas tout ! J’ai connu Claude il y a bien longtemps. Mon père avait travaillé pour lui. L’homme de résistance, de courage, de grandeur refusait son statut de « grand résistant » qui, justement, posait une distance entre lui et beaucoup d’autres. C’était un homme d’humour et, souvent de plaisanteries carrément obscènes. C’était aussi un fin lecteur, un amateur de poésie. Et sa rigueur d’écriture se teintait d’une bonhomie merveilleuse. J’en sais quelque chose ! Claude, comme Jean Rostand, autre figure admirable et sereine dont j’ai déjà parlé, était le fils d’un damaturge, Edouard Bourdet, dont les pièces se jouent encore. Sa mère fut Catherine Pozzi, poétesse d’une grande rigueur à l’œuvre présentant une harmonie sereine mêlé d'une tendresse d'inspiration et d’une forme tout aussi tendre. J’ai aussi parlé, sur ce blog, de Catherine Pozzi dont la poésie est une merveille et agit sur moi comme des vitamines ! Certais poètes ont cet effet : je m’en sens renforcé, comme béni !!! Claude eut une grande influence sur moi. Son style, sa rigueur dépassait le journalisme.aussi, quand je lui montrai une de mes pages, ça ne durait pas longtemps ! En trois coups de cuiller à pot, il me faisiat comprendre, et vite fait sur le gaz, ce qui n’allait pas, ce qu’il fallait ôter,changer, modifier, oublier. Il fut, avec mon père, qui était de son école, non pas un maître, mais un accompagnateur, un guide précieux m’évitant les écueils avec précaution, sollicitude, compréhension. J'ai beaucoup vu Claude chez la très chère Edith Perret, alors que tous deux, avec Elizabeth Burgos, qui résista et combattit contre les dictactures atroces d'Amérique latine et fut l'épouse de Régis Debray, luttaient contre la monstruosité du très catholique Général Pinochet au Chili. Ma compagne d'alors, Barbara prit une part à cette lutte et ce n'était guère facile: La France de Pompidou, puis de Giscard protestait mollement contre ce régime mis en place par la C.I.A. Oui: Claude continua la lutte, malgré les persécutions policières. Et les nombreuses perquisitions chez lui comme chez ses amis!!!!! Bref, il représente cette gauche française qui fait peur à la droite,parce qu’elle est toute rigueur, intelligence et courage. Claude parlait peu de la résistance. D’ailleurs, il refusait le côté « ancien combattant » ou « ancien déporté » : il avait vécu, il avait souffert, il allait de l’avant. Et, lorsque par hasard, il parlait des camps, c’était d’une façon… positive !!!!!!! Il racontait, par exemple, que, le soir, ses compagnons et lui se racontaient des « histoires drôles » (en fait lamentables !!!!) voire "cochonnes" et qu’on se marrait bien entre copains !!! Petite touche de raie humanité dans l’horreur : les hommes tiennent le choc, parviennent à rire alors qu’ils touchent el fond de la misère humaine, de la douleur… C’est une exemple. C’est aussi une résistance : trouver le moyen de rire « quand même ». Bien entendu, Claude minimisait souvent son engagement (on verra ci-dessous ce qu’il fut) et prétend qu’il choisit la Résistance plutôt que la collaboration par pur souci de contradiction !!!!! Parce que dans sa famille, certains ont pris l’autre voie !!!! C’est évidemment faux ! Mais la grandeur de Claude s’exprimait, souvent en demi-teintes dans toutes ces délicatesses. Claude a vécu le pire et ne se plaignait pas.Jamais! Il ne portait pas ses nombreuses décorations. De la résistance à la libération de l’Algérie, soumise à un joug infâme, à un ignoble apartheid et à des exqctions quotidiennes, le chemin fut droit. Et claude fut l’un des premiers à dénoncer, bien avant la Guerre d’Algérie les pratiques ordinaires des autorités françaises. Il fallait encore du courage et Claude le paya cher ! IL existe désormais une Place Claude Bourdet à Paris. Voilà qui n'eût pas plu à de Gaulle, qui n'aimait guère la Résistance et a couvert, par son silence, la torture en Algérie, dont il était responsable en tant que chef des armées. Voici l’un des articles de Claude bourdet, texte sans concessions qui est devenu légende.On ne s'en rend plus compte, mais à l'époque, il fallait ose!!!! : "Les faits dont je suis amené à parler aujourd'hui sont d'une exceptionnelle gravité. […] A Paris, sous l'Occupation, la Gestapo possédait, outre la rue des Saussaies, et quelques autres immeubles, une série de bâtiments situés avenue Foch. Les musulmans d'Algérie ne connaissent pas "l'avenue Foch"; ils connaissent tous un autre immeuble, dont la réputation est pour eux la même : la villa Mahieddine, où officie la police des renseignements généraux d'Algérie."Cette réputation est-elle surfaite ? En toute sincérité, je ne le crois pas. […] La presque totalité des accusés [d'un procès en cours] a déposé devant le procureur général des plaintes circonstanciées concernant diverses tortures, et ceux en liberté provisoire que j'ai pu interroger fournissent des précisions nombreuses sur les tortures dont ils ont été l'objet ; leur description est convaincante pour un homme connaissant l'atmosphère des locaux de la Gestapo ; il y a des détails qu'il faut avoir vus soi-même. […] Il y a la mâchoire fracassée d'un des inculpés. […] Il y a les brûlures d'électrode relevées sur les mains d'un accusé, et il y a surtout les plaintes déposées par tous, ou presque. […]Tous se plaignent des séquestrations arbitraires, qui ne peuvent être niées ; tous parlent de coups violents sur tout le corps, presque tous affirment avoir été soumis au supplice de la baignoire, certains parlent de tortures électriques et de pendaison ; plusieurs relatent un procédé qui semble nouveau : la bouteille. Voici par exemple un extrait de la plainte de Khiter Mohamed, qui resta dix-sept jours avant d'être remis au juge : "Les deux pieds et les deux poings liés, on me passa un manche de pioche simultanément sous les genoux et la face antérieure des deux coudes. Ensuite on m'a fait asseoir sur une bouteille, le goulot de cette dernière me rentrant dans l'anus pendant que les inspecteurs [...] appuyaient de toutes leurs forces sur mes épaules." […]"Quant à nous, nous aurons fait ce qui dépendait de nous pour que personne ne puisse plus dire "je ne savais pas"."" France-Observateur ", 6 décembre 1951. Et maintenant voici sa biographie, prise sur le net : Claude Bourdet est né le 28 octobre 1909 à Paris, d'un père auteur dramatique, Edouard Bourdet, et d'une mère écrivain, Catherine Pozzi.Il entre à l'Ecole Polytechnique de Zurich, en Suisse, et obtient en 1933 un diplôme d'Ingénieur en physique technique. Il fait en 1934 son service militaire au 93e Régiment d'Artillerie de Montagne et en sort sous-lieutenant.Il est, à partir de 1936, chargé de mission au Ministère de l'Economie nationale dans le gouvernement de Front populaire.Claude Bourdet est mobilisé en 1939 comme lieutenant à l'Etat-major de l'Artillerie divisionnaire de la 57e DI. Il passe l'hiver 39-40 dans le Jura, près de la frontière suisse. En juin 1940, il sert près de Villers-Cotterêts et fait retraite avec son unité.A la démobilisation en août 1940, il retrouve sa femme et ses trois enfants dans les Alpes Maritimes et monte une huilerie-savonnerie avec un ami industriel. Contacté une première fois en septembre 1940 par le capitaine Vincent (Jourdan) du Service de Renseignement interallié polonais (réseau F2), puis en novembre 1940 par Henri Frenay, il participe au développement du journal Les Petites Ailes puis du journal Vérités. Il fonde, avec Henri Frenay et Maurice Chevance (qui deviendra le général Bertin), le "Mouvement de Libération nationale", futur mouvement "Combat". Claude Bourdet alias "Lorrain", devient chef départemental de "Combat" pour les Alpes Maritimes puis, très rapidement, il est appelé au centre du Mouvement comme membre du Comité Directeur, à partir de juin 1942, et adjoint de Frenay pour l'action politique. Recherché par la police de Vichy, il entre dans la clandestinité au cours de l'été 1942 et remonte vers Lyon où il restera jusqu'à l'été 1943. Fin 1942, Claude Bourdet avec l'accord de Jean Moulin crée et développe le service du Noyautage des administrations publiques ("Nap" et "Super-Nap") dont il devient le responsable national. Dans ces délicates fonctions, il sera amené à prendre en mains la préparation de l'insurrection dans les administrations publiques et dans les services des chemins de fer, des PTT, etc. Il participe à la constitution des Mouvements Unis de Résistance (MUR) avec "Libération" et "Franc-Tireur" au début de l'année 1943. Il devient membre du Comité Directeur des MUR, puis, lorsque les contacts s'établissent avec la zone Nord, il est nommé membre du Comité central de la Résistance. A la création du Conseil National de la Résistance en mai 1943, il en est membre, représentant "Combat" en l'absence de Frenay qu'il remplacé à la tête du mouvement en septembre 1942 puis en juin 1943, lorsque celui-ci part définitivement pour Londres puis pour Alger. Claude Bourdet est également à l'origine, après la mise en place du Service du Travail obligatoire (STO), du Comité d'Action contre la Déportation (CAD). Arrêté par la Gestapo le 25 mars 1944, il est emprisonné à Fresnes, puis, de Compiègne, il est déporté à Neuengamme où il parvient le 7 juin 1944. Trois semaines plus tard, il est transféré à Sachsenhausen puis, en février 1945, à Buchenwald. Claude Bourdet rentre en France le 18 avril 1945. Il est à la fin de la guerre lieutenant-colonel des Forces françaises combattantes et chef d'escadron de réserve. Vice-Président de l'Assemblée consultative provisoire, Claude Bourdet sera Directeur général de la Radiodiffusion française. Directeur de l'hebdomadaire Octobre, du quotidien Combat puis de l'hebdomadaire France Observateur. Conseiller Municipal de Paris de 1959 à 1971, membre du Parti Socialiste Unifié (PSU), il dénonce la torture en Algérie. Journaliste à Témoignage Chrétien depuis 1967, il publie, en 1975, ses souvenirs : l'Aventure incertaine. Claude Bourdet est décédé le 20 mars 1996 à Paris. Il a été inhumé au cimetière du Montparnasse. Claude Bourdet a retourné sa rosette de la Légion d'Honneur, sa rosette de la Résistance et sa croix de guerre 39/45 au Président de la République en 1955, pour protester contre les accords de Bonn, autorisant le réarmement de l'Allemagne. • Commandeur de la Légion d'Honneur • Compagnon de la Libération - décret du 19 octobre 1945 • Croix de Guerre 39/45 avec palme • Médaille de la Résistance avec rosette Publications : • Le Schisme Yougoslave, Editions de Minuit • Les Chemins de l'Unité, Maspero • A qui appartient Paris, Le Seuil • L'Aventure incertaine, Stock • L' Europe truquée, Seghers • Participation à deux ouvrages collectifs : L'Inde et L'Afrique, dans la collection "Les Portes de la Vie", éd. du Burin-Martinsart.
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