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orlando de rudder
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24 janvier 2006

Louise Michel: amirable, grande et nunuche! Mais quelle femme!

LA grande Louise Michel, qui défendit les Canaques, et ceci parfois contre l'avis des Communards déportés en Nouvelel-Calédonie, écrivait des poèmes.On y sent l'influence d'Hugo (ne pas trop croire à l'anecdoste du fiacre ni à cette fameuse note d'Hugo dans "Choses vues"!!!!). certes, il manque un peu de solidité à cette poésie. On ne peut pas être grand partout. Néanmoins, il y a du souffle: PENSÉE DERNIÈRE En plongeant dans le passé, on le voit se joindre à l'avenir comme les deux extrémités d'un arc de cercle, et ce cercle, pareil aux ondes sonores, en éveille d'autres à l'infini. Émiettées de par le monde ( de l'Inde antique jusqu'à nous ), les sciences perdues vont-elles germer ou sont-elles mortes dans la fleur ? Faut-il attendre d'effluves nouvelles d'autres recommencements ? Suffira-t-il de retourner le sol pour donner aux germes du renouveau les conditions propres à l'existence ? Combien de civilisations ont sombré, combien d'hypothèses scientifiques se sont renversées devant d'autres hypothèses ! Pourtant, allons, allons toujours ! N'a-t-on pas de quoi éteindre la lutte pour la vie ? de quoi remplacer l'anxiété des estomacs, la misère générale par le bien-être général ? D'ailleurs, les cerveaux devenant plus que jamais avides, il faudra bien pour les satisfaire que brille l'Ère nouvelle. Si l'amour de l'humanité est impuissant à faire sonner l'heure libératrice à l'Horloge fraternitaire -- heure où le crime n'aura plus de place -- l'indignation s'en chargera. Là haine est pure comme l'acier, forte comme la hache ; et si l'amour est stérile, vive la haine ! Voit-on ce qui est fort chez cette femme d'amour vif, noble et pur? Voici, maintenant, le premier chapitre de L'ère nouvelle:Malgré quelque grandiloquence, c'est assez bien venu... Il y a chez Louise Michel un vieux côté fleur bleue et le souvenir d'une éducation solide qui ont "les qualités de leurs défauts", comme on dit!!! De toute façon, c'est bien oins prétentieux que certains poèmes "harmonieux" qu'on trouve sur certains blogs!!! CHAPITRE I Pareil à la sève d'avril, le sang monte au renouveau séculaire dans le vieil arbre humain ( le vieil arbre de misère ). Sous l'humus des erreurs qui tombent pour s'entasser pareilles à des feuilles mortes, voici les perce-neige et les jonquilles d'or, et le vieil arbre frissonne aux souffles printaniers. Les fleurs rouges du joli bois sortent saignantes des branches ; les bourgeons gonflés éclatent : voici les feuilles et les fleurs nouvelles. C'est une étape de la nature. Cela deviendra les fourrés profonds où s'appelleront les nids, où mûriront les fruits ; et tout retournera au creuset de la vie universelle. Ainsi souffle la brise matinière à la vermeille aurore du Monde nouveau. Les religions et les États sont encore là, devant nos yeux, mais les cadavres n'ont-ils pas gardé l'apparence humaine quand on les ensevelit pour les confier à la terre ? La pâleur, la rigidité des morts, l'odeur de la décomposition, n'indiquent-elles pas que tout est fini pour l'être qui a cessé de vivre ? Cette pâleur, cette décomposition, la vieille société les a déjà dans les affres de son agonie. Soyez tranquille, elle va finir. Elle se meurt la vieille ogresse qui boit le sang humain depuis les commencements pour faire durer son existence maudite. Ses provocations, ses cruautés incessantes, ses complots usés, tout cela n'y fera rien ; c'est l'hiver séculaire, il faut que ce monde maudit s'en aille : voici le printemps où la race humaine préparera le nid de ses petits, plus malheureux jusqu'à présent que ceux des bêtes. Il faut bien qu'il meure ce vieux monde, puisque nul n'y est plus en sûreté, puisque l'instinct de conservation de la race s'éveille, et que chacun, pris d'inquiétude et ne respirant plus dans la ruine pestilentielle, jette un regard désespéré vers l'horizon. On a brûlé les étapes ; hier encore, beaucoup croyaient tout cela solide ; aujourd'hui, personne autre que des dupes ou des fripons ne nie l'évidence des faits. -- La Révolution s'impose. L'intérêt de tous exige la fin du parasitisme. Quand un essaim d'abeilles, pillé par les frelons, n'a plus de miel dans sa ruche, il fait une guerre à mort aux bandits avant de recommencer le travail. Nous, nous parlementons avec les frelons humains, leur demandant humblement de laisser un peu de miel au fond de l'alvéole, afin que la ruche puisse recommencer à se remplir pour eux. Les animaux s'unissent contre le danger commun ; les bœufs sauvages s'en vont par bandes chercher des pâtures plus fertiles : ensemble, ils font tête aux loups. Les hommes, seuls, ne s'uniraient pas pour traverser l'époque terrible où nous sommes ! Serions-nous moins intelligents que la bête ? Que fera-t-on des milliers et des milliers de travailleurs qui s'en vont affamés par les pays noirs dont ils ont déjà tiré tant de richesses pour leurs exploiteurs ? Vont-ils se laisser abattre comme des bandes de loup ? Les Romains, quand ils n'étaient pas assez riches pour envoyer le trop-plein de leurs esclaves à Carthage, les enfouissaient vivants ; une hécatombe eût fait trop de bruit ; le linceul du sable est muet. Est-ce ainsi que procédera la séquelle capitaliste? Emplira-t-on les prisons avec tous les crève-de-faim? Elles regorgeraient bientôt jusqu'à la gueule. En bâtira-t-on de nouvelles ? Il n'y a plus assez d'argent même pour le mal : les folies tonkinoises et autres ont absorbé les millions, les fonds secrets sont épuisés pour tendre des traquenards aux révolutionnaires. Essaiera-t-on de bercer, d'endormir encore les peuples avec des promesses ? Cela est devenu difficile. Les Don Quichotte revanchards qui soufflent dans leurs clairons au moindre signe des Bismarck ( pour les protéger en donnant l'illusion qu'ils les menacent ) ne trompent heureusement pas la jeunesse entière : l'esprit de l'Internationale a survécu aux fusillades versaillaises. Plus hauts et plus puissants que le cuivre tonnent de cime en cime les appels de la Liberté, de l'Égalité, dont la légende éveille des sens nouveaux. Il faut maintenant la réalité de ces mots partout inscrits, et qui, nulle part, ne sont en pratique. La chrysalide humaine évolue : on ne fera plus rentrer ses ailes dans l'enveloppe crevée. Il faut que tout s'en aille à l'Océan commun, sollicité par des besoins de renouveau, par des sens jusqu'ici inconnus et dont rien ne peut arrêter le développement fatal. Comme la goutte d'eau tient à la goutte d'eau d'une même vague et d'un même océan, l'humanité entière roule dans la même tempête vers le grand but. La bête humaine qui, au fond des âges, avait monté de la famille à la tribu, à la horde, à la nation, monte, monte encore, monte toujours ; et la famille devient race entière. Les langues, qui ont évolué suivant les vicissitudes humaines, adoptent pour leurs besoins nouveaux des mots semblables, parce que tous les peuples éprouvent ce même besoin : la Révolution. Et la révolution dans la science, dans les arts, comme dans l'industrie, rend de plus en plus nécessaire cette langue universelle qui déjà se forme d'elle-même et qui sera le corollaire de la grande éclosion.
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