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orlando de rudder
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21 janvier 2006

Le Miroir et le masque 3

Labyrinthe intérieur et liberté indirecte. Traversée des apparences. Le labyrinthe est une « grotte dont les méandres se dissimulent au regard ». Lieu d’épreuve, chemin d’initiation, il nous met face à nous même. Au centre l’épreuve : le miroir ou la chimère, la créature mi homme mi bête, ni homme ni bête… Il est l’envers du miroir. Un au-delà, un Voyage out , Une Traversée des apparences . C’est le fait d’une littérature particulièrement riche, construite à partir de l’intériorité. De l’être humain devenant personne, personnage : C’est pour exprimer le personnage –pas pour prêcher des doctrines, chanter des chansons ou célébrer la gloire de l’Empire britannique- que la formule du roman s’est développée. Virginia Woolf, « Mr Bennet and Mrs Brown », L’Art du roman C’est encore le fait de la modernité, si ce mot a un sens. Quels miroirs nous tendent la littérature, la fiction, le récit ? Quel visage nous donnent t-ils? Quelle diffraction est la leur. Ou est passé le masque ? Histoire de la fiction, du récit. L’histoire de la fiction, du récit, du témoignage, même et dans certains cas, est l’histoire de l’intériorité en tant que conquête. De même que Manet a choqué en peignant nue une femme « ordinaire », Olympia, les romans, les lettres se sont peu à peu dégagés de l’allégorie. Les traits de caractères figés de la comédie ancienne, les différences plus emblématiques que psychologiques entre les chevaliers de la table ronde n’ont un jour plus suffi. A voix haute. Le texte même nous en parle, nous le dit. Le texte ? Ce qui autrefois était parole : la chanson de geste, le fabliau. Là, on ne peut saisir l’intériorité de l’humain. S’il pense, on l’entend, il parle. On n’a pas encore découvert le silence intérieur. Ni même extérieur : la lecture se pratiquait généralement à haute voix, et un passage célèbre des Confessions de Saint Augustin nous montre le désarroi de l’auteur voyant saint Ambroise lire sans prononcer… On lisait à haute voix ou l’on marmonnait pour mieux « manger le livre » comme Saint Jean dans l’Apocalypse, en une manducation sereine et succulente… Extérieur et force. Bien sûr, Pétrone et Apulée on esquissé une effraction dans l’âme des personnages. Mais l’extérieur parlait plus fort, tandis que la voix demeurait le support de ce qu’on incorporait, ou de ce qu’on apprenait par cœur : elle nourrissait. L’écrit était plus ou moins, simplifions, une parole en conserve, prête à ressurgir des que des yeux et une vois s’en seraient emparé. Mots, miroirs de la pensée, écriture, reflet de la parole… Ou masque de dissimulation lorsqu’il nous faut mentir. Lyrisme et boîte noire. Plus tard, une certain lyrisme naquit : Rutebeuf, Villon… La poésie essaya d’entrer dans la « boîte noire », comme l’appellent lâchement certaines écoles de psychologie américaines qui « ne veulent rien savoir » en dehors de stimulus-réponse. Ce cognitivisme, langage restreint, ne vois que les reflets et n’affronte pas le miroir lui-même, dans son danger, sa mystérieuse densité… Caverne misérable, illusions perdues. Inefficace comportementalisme qui fait de ola psychologie un garant de l’ordre social et du roman, spécialement du roman Etats-Unien une gesticulation prétentiarde tout aussi politique. Et pusillanime : on ne va pas se prendre la tête: Or Claire… estimait que la fiction devait tout dire : c’était un peu facile de s’en tirer avec deux ou trois jeux de physionomie -est-ce que tout un passé tenait dans un claquement de doigts, est-ce qu’on s’affranchissait d’une histoire en commandant un whisky ? Camille Laurens, Index, 1991. Non, on ne va pas se prendre la tête, des fois qu’on se prendrait aussi le cœur A quoi servirait la littérature si elle ne nous apprenait pas à aimer ? Camille Laurens, L’amour, roman, 2003. L’amour n’est pas une mode américaine, comme le Coca-cola, le hamburger… et l’indifférence hargneuse. Offrir l’humain. Comment faire donc pour parvenir à la fin des fins : s’offrir, offrir l’humain ? La tragédie, particulièrement permet aux personnages de s’auto définir. Le roman picaresque nous permet d’entrevoir le psychisme de Lazarillo de Tormes, entre autres… ou celui, ébréché, de don Quichotte de la Manche. Encore que Sancho l’exprime aussi, a contrario et à distance, comme Lamme Goedzak le fait pour Till l’espiègle. Il faudra y revenir. Mais ça ne suffisait pas : où suis-je, moi, dans ce que j’écris ? Où suis-je, moi dans ce que je lis ? Quel miroir me tendent les lettres ? La littérature d’offrande peut-elle concurrencer la littérature de marché ? Il faut le demander aux éditeurs de poésie ! Français et flamand. Miroir des lettres ou idée de transparence ? Avec, à peine un reflet de ce qui n’est pas prétendument « objectif » : l’auteur…Il est nulle part, il est partout, il est quelqu’un il n’est personne, il est personne et quelques-uns. Quelle révolte contre quelle transparence, quelle lucidité ? Ou translucidité par transfert imposée ? Till Eulenspiegel, personnage d’un vieux fonds germanique, est devenu flamand. Charles De Coster, flamant lui-même, en a fait le héros de la résistance contre l’occupant ibérique des « Pays-bas espagnols» de l’époque, qui comprennent Flandres (Oost et West Vlanderen) autant que Hainaut, Brabant, etc. Mais, comme beaucoup d’auteurs flamandes (Verhaeren, Maeterlinck, Jean Ray, entre autres., Charles de Coster rédigea son roman picaresque, car Till ressemble à cette forme narrative purement espagnole en français. Opacité du langage, ou miroir de miroirs ? On a traduit l’ouvrage en flamand, et il a servi de manuel pour apprendre à lire aux élèves néerlandophones. Finalement, et sans vouloir attiser les conflits, le texte de Till l’espiègle se tient entre l’ennemi occupant, l’Espagne du XVIIe.s. Et l’adversaire linguistique, la langue française. Attention: Till l’espiègle n’est pas rédigé en wallon ! Le miroir de la Chouette. Till Eulenspiegel : voilà qui signifie quelque chose comme « Miroir de la chouette », ou du « hibou »… que vient faire l’oiseau nocturne d’Athéna dans l’affaire ? Celui qui voit la nuit. Qui découvre ce que recèle l’ombre, l’obscurité, la ténèbre… Il peut aussi contempler sans encombre le terrifiant visage de la Méduse, de la Gorgone qui se trouve sur le bouclier d’Athéna, ce visage qui pétrifie dès qu’on le regarde et la tête sur laquelle sifflent des serpents. Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur sa tête ? Que veulent ces vipères qui vadrouillent à l’envi, voraces venimeuses, viles et vindicatives ? Retour à la barbe. Miroir du hibou, de la nuit inquiétante. Et porteur de reflet inexistant s’il n’y a plus de soleil. Et sans poids ni mesure s’il y en a. Miroir : Vitre truquée, perdant sa transparence… Et qu’arrive t-il à Till lorsqu’on le fait entrer chez le barbier ? Car il s’agit d’un barbier : celui qui travaille sur le visage même. Celui qui possède professionnellement des miroirs… Qu’arrive t-il, oui, dans la boutique à la devanture vitrée ? Till ne voit pas la vitre, il pénètre et la casse. Même, il recommence et brise une autre glace en ressortant ! Till ne se trouve jamais de l’autre côté du miroir, il traverse les apparences, celle du réel sans obstacle. Il est comme ces oiseaux –pas forcément hiboux- qui se cognent contre les vitres invisibles. Qui, ne pouvant pas croire qu’il y a là un obstacle, se cognent derechef, voir indéfiniment. Lassants oiseaux, jamais lassé, absolue tricherie que ce miroir montrant en en se montrant pas. C’est le piège du réel, car le vitrage existe même si non ne le voit pas. Change t-il les choses vues ? C’est à voir. Certainement. Peut-être… quelque reflet soudain peut se surajouter à ce qui se trouve de l’autre côté… Epouser une Demoiselle d’Avignon ? Till l’espiègle propose le réalisme du picaresque : ce n’est pas toujours vraisemblable. C’est souvent énorme, drolatique, outré… mais ça « fait vrai » en beaucoup d’occurrences. Et les vitres nous rappellent que l’idée du réalisme est l’idée du non-art, du non choix de vision, de « l’objectivité », de l’abolition de la personne, être et masque…L’art représente, évoque, invoque. S’il est miroir plus que de raison, s’il devient dogme, il oppressera. A moins de se montrer utilitaire Tels ces portraits de princesses que l’on montrait au roi pour qu’il puisse faire son choix parmi des épouses dynastiquement compatibles. Encore le peintre les flattait-il parfois…La grande beauté de l’art, c’est aussi qu’aucun prince n’eût épousé une Demoiselle d’Avignon, et non pas seulement à cause de la mésalliance ou du putanat. Leroy Gourhan dit, quelque part, qu’il n’y a pas d’autre art qu’utilitaire : son utilité actuelle serait d’échapper à l’objet pour en venir au sujet. Le héros, prolétaire du récit. Le chevalier des chansons de geste, même s’il parle au discours direct est interchangeable. Comme le prolétaire, vu par Marx par rapport à l’esclave qui lui, a une valeur marchande : objet pour objet. Le personnage était une sorte de pion qu’on peut déplacer au sein des trente-six situations narratives . Gozzi soutenait qu’il ne peut y avoir que trente-six situations dramatiques. Schiller s’est donné beaucoup de mal pour en trouver davantage; mais il n’en trouva pas même autant que Gozzi. Goethe, Entretiens avec Eckermann, 14 février 1832. Georges Polti, ami de Jarry et de Rachilde écrivit son traité, Les Trente-six situations dramatiques qui devint la « Bible des scénaristes ». Tout récit peut être considéré soit comme un arrangement : Un chef d’œuvre de la littérature n’est jamais qu’un dictionnaire en désordre. Jean Cocteau, La Fin du Potomak. Soit comme la combinaison de plusieurs de ces situations dramatiques. Emblèmes. Ainsi, par ces ensembles et sous-ensemble, le héros est-il agi. Seuls quelques emblèmes, socialement choisis le distingue des autres personnages du roman : Le chevalier au lion, tel fut Yvain, le Chevalier à la charrette, tel fut Lancelot. Il sont objet de la narration : il tient en place. Il est à lire, à entendre et escolter à consommer, même s’il y a communion avec le lecteur ou l’auditeur. Comme, finalement la princesse peinte des mariages arrangés, que le roi examine en lissant sa moustache : « Hé hé ! Joli brin de fille »… Comme un vieux beau sur le boulevard…Le personnage de roman policier, de science fiction est tout aussi problématique : où va-t-il aller, dans quelle situation prévisible, dans quel lieux commun revisité par, souvent, l’originalité de l’auteur à tours de passe-passe… Vitre et miroir, vraies et fausses transparences. On a ensuite recherché d’autres types de miroirs. Mais l’avènement du sujet demeure l’enjeu principal. C’est peut-être la leçon d’Alice. C’est certainement celle de Till l’espiègle, de Quichotte. Et d’une façon terrible, celle de Pinocchio, livre d’inquiétude suprême qui peut rivaliser avec les contes de fées non expurgés dans l’apport de l’angoisse et de la trouille intense. Car, même au temps de la littérature sans sujet, on tendait quelque miroir, soigneusement corrigé d’allégories propitiatoires, aux enfants. Pour leur apprendre la vie. Pour leur foutre la trouille ce qui constitue, n’est-ce pas, un apprentissage. Et d’ailleurs, ce genre d’ouvrage, hautement didactique, est aussi une sorte de Roman d’apprentissage au même titre qu’Anton Raiser. Le réel est là, représenté en totalité, ou sous de multiples aspects. Il est vrai, ne triche pas, puisqu’il n’est pas réaliste . Ombres, reflets, miroirs et masques constituent des éléments inévitables de toute réalité, cette mère du réel. Cette voix… Voix. On trop privilégié la lecture silencieuse. Si on a voulu, avec raison, qu’elle fût un but pédagogique, c’est aussi par totalitarisme utilitariste à propos de la culture : Le plaisir est aussi dans l’audition. Un enfant à qui l’on aura raconté des contes, de bien bouleversantes histoires juste avant son sommeil, fera peut-être des cauchemars. Mais vivra souvent mieux qu’un autre. Car son imaginaire sera structuré, enrichi. Il pourra se sentir culturellement plus adéquat à sa place au monde, dans sa société. « Si peau d’Ane m’était conté, j’y prendrais un plaisir extrême… Après l’affligeante débâcle de « l’humour » des comiques de café théâtre, qui sont toujours dans la dérision, pas même le burlesque, dans le mépris et jamais, justement, dans l’humour, il ne nous restait que la nostalgie des grands diseurs. Sans remonter jusqu’à Coquelin cadet, nous avons eu Coluche, Romain Bouteille, etc.…La relève est affligeante. Elle manque de la poésie, parfois grotesque, qui animait le café-théâtre. Poésie en action. Et voici que, maintenant, nous assistons à un regain de la poésie, et pas seulement par le slam : Dans les cafés, comme au théâtre, des diseurs interviennent et séduisent, enthousiasme. On les trouve rarement dans les cafés-théâtres traditionnelles…Certains peuvent improviser, comme jadis les chantres de la beat génération, ou convaincre en charmant, comme Jean-Marc Tennberg, grincer comme, Camille Bryen, vociférer comme Pascal Perrot ou Jean-Pierre Verrheggen, affirmer comme le faisait Isidore Isou l’incandescence des sons vocaliques, se vouloir « en action » comme Bernard Heidsieck ou Henri Chopin… Les textes n’en sont pas moins le plus souvent écrits, canevas ou « au cordeau ». Le succès caché. Le plus étonnant est que le succès des diseurs n’est absolument pas reconnu par les médias. Comme pour certains écrivains et certains chanteurs qui on un public fidèle mais que les journaux ne mentionnent pas. Ou plus : les salles sont pleines, les spectateurs applaudissent frénétiquement, mais la télé s’en fout. Masque et miroir faux : les medias n’ont qu’une fonction politique : nous cacher ce qu’il se passe vraiment. Nous focaliser sur une partie précise du monde : Tandis qu’on est « possédés » par la crise irakienne, on se fout de ce qui arrive en Indonésie, en Somalie… Ce n’est pas à la mode, l’Indonésie, la Somalie… Ca le sera peut-être si la télé a la chance qu’on n’y massacre d’une façon bien dégueulasse… A ce moment, on oubliera l’Irak. Sauf que c’est une crise américaine, donc on doit la subir… Supermiroir, supervivant. Ce que cachent les medias c’est la vie. Les articles de journaux s’alignent sur un même style. Nous sommes loin du réalisme fictionnel, de la réalité construite, peut-être à partir d’une anecdote des romans véraces, par exemple des romans par lettres comme Oberman ou Les Liaisons Dangereuses… Le poète que peu de gens ont vu, puisque une salle comble n’est rien face à la télé, l’écrivain confidentiel en diront plus sur notre temps que des kilomètres de bandes d’actualité : l’art, c’est ce qui en dit plus. Supermiroir, supervivant. C’est un peu mourir que de ne pas lire… Fiction de la lettre. La fiction de la lettre nous approche du sujet, de l’intériorité, un peu comme le poète diseur nous éloigne du vrai-faux, de la falsification abusive de la série-télé. On le sait de puis au moins le théâtre Grec : on se soumet au masque. On voit bien que, devant nous, ce n’est pas réellement Œdipe ou Sosie. On voit bien que quelqu’un a pris la place d’un autre. Aussi peut-on s’identifier plus profondément qu’en apparence ou en symétrie psychique illusoire, comme le font les adorateurs de soap-operas. Ils veulent du réel ? Ils ne le sont même pas et vivent avec une fausse idée de soi : il suffit de les entendre. D’ailleurs, il est rare qu’ils écrivent, qu’ils « fassent la chouette ». Ecriture et lecture sont aussi le propre de l’homme. Et surtout ! Mais la déshumanisation fait que la correspondance n’est plus que quelques mots au verso d’une carte postale. Au verso ! Ce qu’on veut exprimer a évidemment moins d’importance que l’image, la vue du panorama, ou le dessins fait pour rire. La correspondance fait aussi mieux vivre. Elle est tout aussi humaine que le rire, puisque procédant de la lecture, de l’écriture. Carpe diem. « Mais on n’a pas le temps »… Carpe diem : Prenez le temps de vivre. Ou alors faites-vous à l’idée d’une mort anticipée, d’une non-vie. La lecture, l’écriture participent de l’amour et font partie des énergies humaines qui luttent contre la mort. N’avoir pas le temps devrait être considéré comme un délit. Courrier et caractère. Litteras scriptas…La lettre et la lettre. Le signe et la surface miroitant du papier. Le … caractère… C’est par la correspondance que Madame de La Fayette, Madame de Duras, Choderlos de Laclos, etc. purent s’insinuer dans les méandres de la pensée intime, dans le labyrinthe des affects et des tactiques afférentes, pour contempler le « masque intérieur » des personnages, ce qu’ils constatent en eux comme reflet d’eux-mêmes. Au miroir de conscience. Caleb Williams et Frankenstein. Ensuite, Godwin, dans Caleb Williams va plus loin. On a déjà du discours intérieur. Est-il innocent qu’il soit le père de Mary Wollstonecraft Shelley ? Oui : l’auteur de Frankenstein. L’homme fabriqué à l’intériorité constituée d’un curieux cerveau. Le Golem de chair. Et que Mary ait été l’épouse de Percy Bysse Shelley, le poète du moi projeté, cast, en un casting furieux : Prométhée, son poème, Prométhée, notre frère, qui se fait bouffer la rate (spleen) indéfiniment. Miroir, onde fluctuante, eau lustrale, baptême du personnage, jusqu’à plus soif au miroir de nos pulsions rôles à s’y perdre dans l’infini dédale de l’émergence du moi. Terza voce. Les objets parlèrent ensuite : telle peau de chagrin reflète le destin, y participe en rongeur assidu. Tel jardin se pare de fleurs hors saisons en contrepoint de l’émoi des amants (La faute de l’abbé Mouret)… C’est encore de l’objet, de l’extérieur que se crée l’emblème du ressenti. Mais déjà, le supermoi, Supervivant , s’installe. N, l’inconnu, le Narrateur des troisièmes personnes et des seconds couteaux. N ? dieu ? Il a volé le feu sacré. Prométhée délibéré, il livre ce qu’il sait. Asmodée obstiné, il soulève non seulement les toits, mais aussi les plafonds sur lesquels vaque parfois une araignée, voire un « petit vélo » pédalant, ou non dans la semoule (version Maghreb), dans la cancoillote (version franc-comtoise) ou dans la choucroute (version germanique). Les chemises du pendu. Mais après Godwin vinrent Edouard Dujardin, James Joyce, Marcel Proust, Virginia Woolf Et, beaucoup plus tard, Arno Schmidt, dans un autre registre. Entretemps, l’analyse par Freud de la Gradiva de Jensen permit le surgissement de l’inconscient du texte. Mais, tout n’est que question de grammaire : Montaigne, pionnier du moi, le disait déjà. Et rousseau nous annonce, au début de ses Confessions, qu’il lui faudrait un langage particulier pour dire (écrire) ce qu’il veut exprimer. Ce qu’il faut presser comme les citrons amers dans lesquels s’imprimaient les dents de Myrto, de Daphné : Nerval, lui aussi interroge l’être-même. Il mourra en portant deux chemises. Et pendu. Un style particulier ? Hypotypose et prosopopée. Et c’est le style indirect libre qui annonça la couleur. Déjà chez Flaubert. Mêle à du direct. Chez Gide, dans Les Faux monnayeurs, exemple classique, le direct est réservé aux paroles et l’indirect aux pensées. Mais tout peut s’entremêler, comme chez Joyce. Grammaire ou rhétorique ? Direct, indirect….Grammaire ou rhétorique ? !les deux, mon capitaine. Le style indirect libre nous renvoie à la prosopopée, qui fait parler les morts, les objets, voire els absents, souvent au discours direct, mais indirectement relaté, de façon, à ce qu’ils aient, généralement raison, comme à l’hypotypose, saisissante présence, « scène » au sens genetien, qui nous fait « voir ce qui arrive dans sa présence parfois terrible : L’affaire semble se dérouler et la chose se passer sous vos yeux. Ad Herrenium. Et nous voilà nous même en écrit reflétés, l’auteur envoyant la balle au lecteur, comme un service (Freud aimait jouer au tennis et y montrait une habileté reconnue) comme un service rendu : je me rends à vos yeux. Comme un peintre ? Oui ! Littérature du flux de la conscience, trois points céliniens, maçonnerie de la haine ou tirets incongrus de Lawrence Sterne, ce flux, ce fleuve, flumen, parfois logorrhée, diarrhée (en latin : fluo) verbale roule son flot dans l’absolu désir de transparence d’une époque qui construit d’immenses immeubles aux façades de verre, réfléchissant le ciel, le soleil et les gens, comme un miroir. Comme dans un miroir. Sortons du labyrinthe et retrouvons notre chemin, lequel nous ramène au bourreau, puis au chirurgien. (à suivre)
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