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orlando de rudder
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29 décembre 2005

Dinah Washington et le blues "incorrect".

Souvent, j'oublie ou je néglige des choses que j'aime et qui me font grand plaisir. D'agréables moments sont à ma portée, et je l'oublie. Heureusement, il arrive que je m'en aperçoive. Ainsi j'écoutais rarement un Cd de Dinah Washington. Voilà une chanteuse de blues que l'on oublie souvent. D'abord parce que le blues est devenu une affaire d'hommes et de blancs. Ensuite parce que nous ne sommes pas dans le blues rural, le seul légitime, s'il est joué par des noirs, selon certains puristes.Et purtant, nous sommes dans le blues à l'état pur. Chère Dinah, trouvée tro "sophistiquée" par les uns, trop "vulgaire" par les autres!C'était une artiste complète, capable de jouer les ladies autant que les poissardes et sachant proférer les fameuses phrases à double sens du blues avec une classe inimitable. Voici une femme qui inflige des obscénités, voire des salcités d'une façon distinguée, tandis qu'elle devient "fille des rues" pour parler de grands sentiments. Tout en contraste, tout en grâce, notre chère Dinah proclamait en son temps qu'elle voulait un homme "mellow" dans son lit et un whisky tout aussi "mellow" dans son verre... Une sorte d'art de vivre, une solidité fataliste de femme noire -qu'on retrouve chez Memphis Minnie ou Victoria Spivey comme chez Billie Holiday -qui ne chantait pourtant pas de blues! Il est bon de revenir au blues "anti mode", celui qui ne correspond pas aux clichés folkloristes ou socialisants des auditeurs blancs. Non pas souci d'authenticité, mais par amour du réel. Du brut. Du vrai pas commode, mais succulent! ET Dinah nous dit " c'est vraiment moche d'être noire dans un monde de blanc, mais je m'en fous, je bois un coup, je chante! c'est vraiment horrible d'être une femme dans un monde de sale type, mais enfin, si je me trouve un type riche qui ne me bat pas, ce sera déjà ça de pris"... Je pense à Billie Holiday qui dans ses mémoires écrit "ma mère avait travaillé toute sa vie.LEs effets commençaient à s'en faire ressentir"... Pas de misérabilisme, malgré la misère, un edignité splendide, un humour rigolard aux dents pointues, un solide appétit pour les pieds de cochon et les bouteilles de gin... La chère vieille Dinah exprime tout cela, avec distance et dédain, avec une dignité musicale et une grâce qui me désempare. LE blues ne se lamente jamais; il prend ses distances. Quant au désir, il s'y promène en roi! Et, bien sûr, chez des gaillardes comme Dinah, ça décoiffe! LEs éternelles variation sur le "jelly roll" (ce gâteau roulé à la confiture qu'on nomme en Espagne "bras de gitan quand on est prude, ou du nom d'une auttre partie du corps de ce même gitan, si on l'est moins: universelles métaphores!), toujours délicieux et dont la douceur flatte le palais... On connaît les vantardises rigolardes de Ferdinant-Joseph la Menthe, surnommé "Jelly Roll" Morton à ce propos! Et aussi les grossièretés savoureuses de Sidney Bechet qui savait aussi parler très savamment de sa clarinette auprès des dames... En leur proposant de juger sur pièce! Ce côté gaillard du blues a été citte oublié par les folkloristes blancs, protestants pour la plupart. JE me souviens d'un article hilarant sur la "spiritualité du peuple noir" à propos de John Lee Hooker chantatn " shake it baby"!!!! Voilà un blues paroxystique au paroles on ne peut plus claires et résolument euh... érotiques? Et l'on s'extasiait devant un type répétant "secoue-la, encore plus fort, oui, comme ça! encore, encore! "!Il semble bien qu'il s'adressait à une femme n'ayant pas froid aux yeux! Et c'est cela le blues: un éternel malentendu, une fin ouverte (sur la septième de dominante), des récupérations de tavernes irlandaises, et le côté inacceptable, pour un certin public, de ce qu'il et réellement. Et Dinah puvait exprimer des trucs de ce genre à la fois dans les bouges et dans les cabarets huppés. Puis elle passait à des romnces pour amadouer ce genre de public, avant d'asséner de salutaires cochoneries en langage codé, mais clair."Time out for tears en est l'exemple": un peu d violon, un peu de sirop, mais attention, ça roucoule un peu choc, mais ça pourait mordre... Quand je pense que j'ai acheté ce CD à Auchan pour... 1 euro! Dans ma jeunesse on payait une fortune por dégoter des disues rares aux puces! Je me souviens d'un 78 tours de Dinah Washigton (Long John blues, encore une histoire gaillarde) qui m'vait condamné au riz et aux nouilles pour un certain temps. Nostalgie, ces puces, nostalgies musicales des guitaristes manouches et du jazz rare et cher de disquaires tenant des cavernes d'Ali Baba! Les frites ne péchaient guère par un manque de gras et les saucisses, souvent spongieuses étaient bien lourdingues (" ça te tombe sur les pieds, t'as une fracture aussi sec!")... parfums de gaufres, de bière, de Django Reinhardt, et de jazz amerloque, version rare et crypto, vieux trucs de Chet Baker et tendre violence douce-amère de Dinah Washington. Pour conclure, citons encore Cab Calloway, qui ne mâchait pas ses mots, swinguait bestial, et, avec lui, déclarons crânement: Just skeep beep de bop bop beep bopdo dope skeetle at de op dee-day ! Ce qui est la sagesse même!
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Commentaires
P
Les CD à un euro, c'est épatant !<br /> Ce qui prouve qu'en communication, ce n'est pas l'information qui coûte, mais le support ! Lorsque l'on fait baisser le coût de production du support, le prix marchand de l'information baisse aussitôt.<br /> On devrait payer les consommateurs pour accepter que les radios diffusassent les âneries au mètre qu'elles débitent !<br /> Par contre, Dinah Washington n'a pas de prix !<br /> <br /> Patrice Houzeau
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