Bel instant

Aujourd’hui ? Souvenirsl Comme hier ? Et demain ! C’est seulement un jour. D’hiver à cru. Avec des milliers de nuages aux ventre de saindoux ouateux pour agrafer la saison au dessus des arbres. Le vent s’enchevêtre. Ca va s’effilocher. Cette femme regarde aux travers des brise-bises. Elle maudit le passé ! Non : elle l’aime à en crever ! Cette femme est attentive. Vit-elle ce jour ou bien se repaît-elle d’une ignorance vitale ? S'éprendre du jour qui passe serait comme un sommeil.On s’affolerait de surprise et d’émoi. Etre amoureux du temps empêche de dormir. Ele possède un parapluie.il fait chaud dans la cuisine. La mort, c'est la durée.surtout l’ancienne, la veule, celel qui guette, chafouine et fait revivre hier. Cette femme est –elle encore un brasier pétulant ? Non, croit-elle : une chandelle suiffeuse à la mèche qui fume .Elle avait un mari. N’en parlons plus jamais. Ses rêves se sont brûlés à des flammes pâles et denses. Jamais elle n’a aimé : elle a parlé d’amour. « Si t’y pense, ça s’en va… même si t’en causes pas » ! Mais il n’est pas possible d’avouer qu’on n’aime pas. C’est une mode tenace et qui fait du malheur. C’est un peu comme Noël, on rit, mais c’est très triste. Il lui aurait suffit d’être juste un peu tendre. Ele a voulu aimer, comme tous ses voisins. Ca fabrique des fantômes, des années de souffrance, des morts instantanées mais qui durent longtemps.Ca bourdonne sous le crâne, il n’y a pas de remords : qui a aimé est pur. Et se sent admirable. Elle a créé du cri avec des gorenflots, des mâles de passage, juste quelques vauriens. Les yeux dans les yeux. Et ce qui doit s’ensuivre : encastrements divers de peau à peaux sincères. L’un d’eux eut les mains froides. Un autre, c’étaient les pieds. Ils ont foutu le feu à tous ses paysages, elle les a regardé, même en fermant les yeux aut ravers des paupières comme dans une glace sans tain. Les lèvres sur les lèvres .Elle les jalousait parce qu’ils s’en allaient, la laissant immobile avec le ventre en braises. était aussi jalouse que lui de son corps. Et mille et une griffures qu’on ne voit pas toujours même sur une peau blanche qui rosit à grand bruit. Elle fouille sa mémoire, elle n’y voit plus très bien : pas de lunettes pour ça. « Ma vieille vie est à moi » ! Il va falloir s’éteindre, on s’étiole dans les heures.Il n’y pas de bonheur. On n’est pas fait pour ça. Mais le chagrin c’est doux. On peut geindre à loisir. Et boire du café, jamais bon, on s’en fout. Il recuit sur le poêle. C’est quand même bizarre de ne pas même souffrir. LA vie c’est comme ça.On ne s’évade pas. On ne s’en va pas.On ne s’évapore pas sous l’étreinte des hommes. On n’est pas du parfum, de la douceur subtile, mais du ventre, de la chair et c’est pas Dieu possible ! Un soir d'été, quand la nuit est tombée elle n’a plus rien vu ! Des orages indociles lui donnèrent une forme, une forme nouvelle, en beauté de primeur. Ce fut un gros miracle, s’étalant comme du beurre, un éclosion brutale, comme un départ donné d’un coup de revolver et qui vous flanque au ciel ! Une agression vivace « jaime ça, j’aime ça Viens donc, toi, me rejoindre ô l’amant surprenant, viens me vivre avec toi, qui a l’air comme un autre et qui ne me plaît pas ! Du moins pas tant que ça : « je ne devrais pas jouir avec un type pareil » ! Bah : ça ne durera pas, c’est juste un bel instant, elle saurait y penser, sans trop s’y attarder, car ça ne se fait pas, et sourire derechef. C’est fini.

Comments

[Soupir]

à vos pieds!!! J'adore ce genre d'écriture... Il me faudrait m'y remettre d'ailleurs...

Amicalement
Soupir

[Icare]

...aie. Je ne sais pas quoi écrire. Rien ne traduit mon plaisir et mon émerveillement à tes tournures, tes idées poètiques, au fond, à la forme. Il y a bien trop de supersuperlatifs qui galopent sur la plaine bloggesque, alors juste, juste: j'aime beaucoup ce que tu as écrit Orlando.

Merci pour ce très beau portrait.