Encore une louche sur le zen

En ce 11 novembre, fêtant la fin d'une boucherie, il est bon de rappeler que d'autres boucheries existèrent ensuite... Voici une note de lecture d'un livre dont j'ai déjà parlé: Brian Victoria, Le Zen en guerre 1868-1945, Paris, Editions du Seuil, 2001, 363 pages, numéro ISBN : 2020412586, langue française (traduit de l'anglais par Luc Boussard). Voici enfin publié en français la traduction attendue d'un ouvrage qui a bouleversé, au cours des dernières années, l'ensemble des communautés bouddhistes occidentales. Son auteur, Brian Victoria, un universitaire d'origine néo-zélandaise, devenu bonze dans la tradition Zen, y décrit avec précision l'implication des églises bouddhiques dans la politique expansionniste et militaire japonaise entre les années 1894-1945. Il révèle comment nombre de leaders bouddhistes, zen en particulier, ne se sont pas contentés d'être des complices muets du pouvoir impérialiste, mais qu'ils sont devenus des idéologues, encourageant et légitimant la guerre et les exactions au nom, précisément, du bouddhisme. Comme l'écrivit un enseignant zen américain, cet ouvrage abondamment documenté fit l'effet "d'un missile à longue portée lancé depuis l'autre côté du monde qui touche en plein coeur les communautés zen occidentales". Ceux-là mêmes qui croyaient le bouddhisme indemne des débordements du fanatisme religieux découvraient, avec frisson, que les églises zen, lorsqu'elles ne priaient pas pour la gloire de l'empereur et du Japon, préparaient leurs fidèles à la guerre totale. Un livre courageux et, on s'en doute, débattu à lire impérativement par tous ceux qui s'intéressent à l'histoire du bouddhisme extrême-oriental. Ainsi qu'à ses dérives. Recension : Eric Rommeluère (novembre 2001) La quatrième de couverture : Bénédiction des drapeaux, croisade pour la défense de la civilisation chrétienne face au bolchevisme, théories suspectes de la guerre juste, on croyait ces images et ces thèmes réservés à l'Occident. Au moins la compassion bouddhiste aurait-elle protégé l'Asie de pareilles dérives. Point, comme le démontre à l'envi le livre de Brian Victoria. Très tôt dans le XXe siècle, le bouddhisme japonais s'est dévoyé en idéologie guerrière au service d'un pouvoir agressif et impérialiste. Les plus grands maîtres, et le célèbre D. T. Suzuki, ont légitimé l'alliance entre le sabre et le Zen. Collecte de fonds pour l'effort de guerre, cérémonies spéciales pour l'obtention de la victoire, création de centres d'instruction, activités de renseignement, endoctrinement des populations, cette collusion n'a pas cessé en 1945, elle s'est métamorphosée dans le fameux "Zen d'entreprise", du Japon en plein essor. Le pouvoir impérial a réussi à fabriquer de toutes pièces, avec la complicité des maîtres de sagesse, une "âme du Japon éternel" inquiétante, trahissant les lois de la tradition bouddhiste la plus établie. L'Occident n'est donc plus seul à porter la lourde tâche d'une interrogation sérieuse des origines et de la nature des déviances totalitaires du siècle venant de s'écouler. On lira également sur le site La guerre sainte du Zen, un compte-rendu de Josh Baran publié en 1998 sous une forme abrégée dans le magazine américain Tricycle. Question subsidiaire: en dehors de Yamaguchi, officiers des services secrets japonais, qui s'est livré à des exactions durant la guerre autour de 1938 en Mandchourie, combien y a t-il d grands maîtres vénérés d'arts martiaux qui ont tué, torturé, participé aux "expériences" des camps de concentration, été complices des massacres durant cette même guerre de MAndchourie où le zen, entant que tel, a montré son vrai visage? Combien, parmi ceux dont on voit les photos sur les murs des dojos? Même Ueshiba était en AMndchouris. Qu'y a t-il fait? Je l'ignore encore... mais je vais chercher... pourtantt, il semble plus sympathique que Yamaguchi!!! Où étaient-ils, vos sensei vénérés? Combien de criminels de guerre parmi eux? Pensez aux peuples, aux pauvres qui ont été torturés toujours et partout,par TOUTES les religions. Le fait de croire est coupable. L4amour est science, l'amour est savoir: seule la haine est aveugle.