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orlando de rudder
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2 novembre 2005

Le mariage de la folle

Le mariage de la folle et de la tête de cheval. Tout d’abord, le cheval s’en saprait, lui. Puis il eut peur. Normalement. On l’abattrait en rigolant, pour faire la fête, humainement. Il n’attendait aucun secours. On est fait pour mourir. Il serait mangé. Il l’ignorait encore. Il sont tous comme ça. Un feu de clairvoyance lui fut allumé. Avec des allumettes modernes, à têtes bleues. Ou vertes : on ne voit pas très bien quand la noirceur s’immisce.. Le bois brasillait. On jeta le cheval dans la fosse à feu rouge. On ne l’assomma pas. Garder la tête haute et sans nulle blessure ! On l’entendit hennir.Ca ne sait rien faire d’autre. Les animaux sont bêtes. On le mangea bien cuit. D’abord sans faire de bruit, comme des enfants sages. Le vin suivit la bière, fini la politesse, nous devenons sérieux : droit au gosier ! Des filles s’éclairent. Des yeux d’abord. La tête du cheval nous regardait immobile.On ne boit pas trop, du moins pas tout de suite. Par intérêt : trop de presse, pas de fesse ! si t’es bu, pas de cul ! La folle vint pour danser. On la grisa trop fort. Elle s’est mise à nu. Ce qui nous a fait rire. Cheval grillé, folle avinée, folle toute nue qui tarentelle, folle qui sue, danse le branle, et la mazurque, et l’abolie, et la maclote. Le monde est monde. On a su se gausser. Avec impertinence. De la dérision qualité d’avant-guerre. Martin-Pierre a léché les tétons de la grande Marieke. Jan l’instruit engouffra sa main droite sous la jupe de Griete. L’aguichante Sonia cracha sur le nez de la folle. Faut dire qu’elle l’énervait, dévoilée, comme ça : on lui voyait le tout. Et ça ne se fait pas. Bintje voulut se lever pour lui gifler les seins. Elle retomba ; trop saoule. Prête à se laisser faire ! La murge continua..Tout d’abord c’est pour rire. Ensuite ça devient grave, on se marre plus gras. Un homme singea le prêtre. Oui, pour marier la folle à la tête coupée du cheval déjà mort. Cérémonie burlesque, le sanglant et la nue, meilleur avec le pire. Il fallut s’embrasser. C’est la tradition. La folle a dégueulé. Elle a failli tomber dans la fosse aux braises. Une veuve à l’indienne ! Qui donc l’avait poussée ? On en rigole encore.
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