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orlando de rudder
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15 octobre 2005

LEs carottes sont cuites

voici un extait de mon ouvrage "les carottes sont cuites, à paraître chez LArousse. IL s'agit d'un dictionnaire des expressions courantes ayant pourn thème la cuisine, la nourriture,e tc... Asperge : une grande asperge. Aller aux asperges. Mettre ses asperges en bottes. Le latin asparagus nous a donné « esparge » en 1256. Après quoi, dans le Livre de chasse (1387) de l’inquiétant Gaston Phébus, nous trouvons « esperge ». Rabelais, dans le Quart Livre écrit : Lors doit aler en queste aux fouges pour les racines qu'ilz mengent et de l'esperge L’abus d’asperges n’est pas fréquent et cette innocente plante ne saurait nuire à la santé, sauf problèmes particuliers. Néanmoins, au repas donné durant les cérémonies du mariage de Charles IX et de Mademoiselle d’Artigues, Catherine de Médicis, selon Pierre de l’Estoille, en mangea tant qu’elle « cuidoit crever » ! Une « grande asperge » ou une « asperge » tut court est une personne de haute taille ou un adolescent vite grandi, trop maigre et dégingandé. On dit aussi « asperge montée en graine ». Autrefois, tandis que l’ennemi s’était dûment muni de bottes et de chaussures adéquates, les soldats de l’armée française portaient encore des bandes molletières en les utilisant on disait plaisamment que l'on « met ses asperges en bottes ». Le mot désigne le sexe masculin et, de ce fait, « aller aux asperges » signifie « se prostituer, « faire le trottoir ». A cause de leur forme évocatrice, les asperges ont encore une réputation d’aphrodisiaque. Aussi n’était-il pas convenable, autrefois, que des jeunes filles en mangeassent : Si quelqu’une de nous eût mangé des asperges et des artichauts, on l’aurait montrée du doigt ; mais aujourd’hui, les jeunes filles sont plus effrontées que des pages de Cour. Furetière, Le Roman bourgeois. Puisque les asperges évoquent le sexe masculin, il semble raisonnable de les placer judicieusement au lieu réservé à cet organe. Pourtant, cette pratique de « une place pour chaque chose, chaque chose à sa place » surprit la Pompadour, qui s’en explique dans sa Correspondance (rééditée en 1991) : Le marquis n’a rien trouvé de mieux que de faire déshabiller sa Vénus et, ayant préparé une sauce pour les asperges, l’avait placée à un endroit que je ne peux pas nommer et là, il se serait mis à manger des asperges trempées dans cet endroit. Il y a trouvé du plaisir. Qu’en pensez-vous ? Fontenelle, le grand Fontenelle, l’inventeur de la science-fiction, le centenaire galant, adorait les asperges. Et l’on a donné son nom aux « asperges à la Fontenelle » qui sont simplement, mais délicieusement trempées dans un oeuf à la coque. Ce qui n’a rien à voir, vraiment, avec ce qui précède ! Mais ce n’est pas tout ! Fontenelle, neveu de Corneille et auteur des Entretiens sur la pluralité des mondes préférait les asperges à l'huile. Mais son ami, l’abbé Terrasson, ne les appréciait qu’au beurre. Les deux compères mangèrent donc leurs asperges chacun selon son goût. Mais voici que Terrasson fut frappé d’une attaque. Il mourut. Et Fontenelle d’ordonner au cuisinier : “Toutes les asperges à l”huile! Toutes à l’huile!” . Pour conclure, voici le célèbre Sonnet de l’asperge de Charles Monselet : Oui, faisons lui fête ! Légume prudent, C'est la note honnête D'un festin ardent. J'aime que sa tête Croque sous la dent, Pas trop cependant. Énorme elle est bête. Fluette, il lui faut Plier ce défaut Au rôle d'adjointe, Et souffrir, mêlé Au vert de sa pointe, L'or de l'œuf brouillé.
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