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orlando de rudder
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14 octobre 2005

Médicaments, tristesse, deuil.

Quelques joursq après l'enterrement de mon père, je suis allé à un rendez-vous pris depuis longtemps chez mon médecin. Peu en importent ici les raisons. J'ai évidemment parlé de mon deuil au praticien. Alors, il m'a proposé de me faire une ordonnance pour je ne sais quel tranquillisant ou anxiolytique, calmant... J'ai pris la chose très mal. Peut-etre un peu trop: il croyait bien faire... JE pleurais mon père.J'avais de la peine. Allaos-je accepter une substance qui éviterait ce chagrin? ien sûr que non! Cette souffrance était légitime. Et peut-être la devais-je à la mémoire de Papa. Qui serais-je si j'avais pris le moyen d'y être indifférent? Il me fallait ce deuil, cette tristesse. Elle était aussi légitime que nécessaire... Et j'ai voulu l'affronter, parce que c'était juste. J'ai pleuré. Et ma peine dure encore. Bien sûr, dans certains cas, ces médicaments peuvent avoir une utilité. Mais, en règle générale, je pense qu'il faut apprendre à transformer le stress en ferveur, la dépression en mélancolie active et féconde. Celle de Rabelais, de Dürer, de Sei Shonagon... Et éviter de trouver le calme, l'absence de passion, le néant. Etre humain, quoi. Dans le cas du deuil, cela m'a paru particulièrement grave. La mort d'une personne aimée fait aler au fond de soi, certes, mais là n'est pas seulement la question. Il s'agit de vivre, touot bêtement. D'accepter la tristesse en disant "je veux bien, oui", comme Molly Bloom quand elle s'offre. De la prendre en soi, sur soi, de l'assumer. De souffrir. Et ce n'est pas du masochisme mais une dignité: celle de l'amour envers quelqu'un qu'on aime. Aller au bout de l'épreuve. Vivre. Aimer. Respecter. Maintenant, "je suis l'ancêtre", il n'y a plus personne derrière moi; c'est ce que Paul Auster appelle "L'Invention de la solitude", titre d'un de ses livres. Quelque chose me manque. Mais j'ai aussi un peu plus à donner. Bah! Nous avancerons tous un jour sur le chemin d'Abraham ou de Gilgamesh! Et j'aurais pu éviter cela avec quelques pilules. Eviter l'amour? Mon père m'a beaucoup donné. Il m'a aussi donné ce chagrin. Je l'ai en moi. Il devient doux, tendre. Il devient mémoire et souvenirs émus. Chaque jour. Mon père me manque. MAintenant, j'évite les piklules qui rendent zen. Comme c'est bas! Si la vie me fait souffrir, j'essaie d'assumer. Cela dit, tout peut arriver et, après tout, c'est parfois nécessaire de se faire aider ou soigner. MAis je préfère, à tout prendre, l'inquiétude inhérente à la vie. Et le rire qui va avec. Et l'amusement de soi-même quand on se trouve bien ridicule de chialer comme un veau. Et, malgré tout cela, il y a dans mon coeur un grand plaisir d'être. Le bonheur, peut-être de devenir soi-m$eme: que ma joie demeure.Et c'est encore quelque chose que mon père m'a enseigné!
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